L’affaire René Lucet, « suicidé » de deux balles dans la tête

René Lucet ancien directeur de caisse de la Sécurité sociale française, est, en 1982, retrouvé mort de deux balles dans la tête dans sa villa à Marseille, alors qu’il dénonçait des dérives dans la gestion de caisses d’assurance maladie…

Il entre à la C.P.A.M. de Melun en 1963 à vingt ans en tant qu'employé et poursuit parallèlement ses études de droit (licence en droit) ; il occupe ensuite un poste de rédacteur juridique, après avoir obtenu le diplôme du CNESS (Centre National d'Etudes de la Sécurité Sociale). Il revient à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de Melun en tant que secrétaire général appuyé par FO et le CNPF pour prendre en main cet organisme dirigé par M. BONAMY, directeur proche de la CGT. Il devient ensuite directeur de cet organisme après l'avoir dirigé en tant que directeur adjoint avec un directeur fantoche. Dès 1972, il est l'un des premiers directeurs de caisse à s'informatiser : il est alors le plus jeune directeur de C. P.A.M. à l'âge de 32 ans. Le 05 novembre 1979, il devient directeur de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) des Bouches-du-Rhône, qui est la seconde de France en importance après celle de Paris (1 500 000 assurés sociaux à gérer, avec un personnel de 3500 agents et un budget de remboursement de 30 millions de francs, soit l'équivalent de plus de 4 573 470 d'euros). Il veut réformer cette caisse qui ne fonctionne pas bien à l'époque : quelques 800 000 dossiers de remboursement ou de gestion sont en souffrance, les délais de règlement sont d'un mois environ, des grèves à répétition ont lieu, l'absentéisme des agents est égal à 31 %. Il désire augmenter sensiblement les centres de paiement qui existaient alors dans Marseille, afin de faciliter la vie des usagers et il veut les faire passer de 28 à 45. Le conseil d'administration de la caisse, à composition paritaire (représentants du patronat et des syndicats), vote d'ailleurs cette proposition le 19 décembre 1979.Il choisit alors une procédure rapide mais discutable, celle des marchés de gré à gré et il engage un budget très important de près de 23 millions de francs, soit l'équivalent de plus de 3,5 millions d’euros.

Il impose, par des méthodes musclées, un assainissement des finances. En particulier, il met fin à la délégation de service public dont avaient bénéficié plusieurs mutuelles liées à la CGT. Apparemment, le syndicat en avait profité pour se constituer une caisse noire, Il découvre aussi un système de financement proche de la mafia marseillaise. A cette époque, de sensibilité gaulliste (ancien adhérent de l'Union des Jeunes pour les Progrès, dans sa jeunesse à la section de Fontainebleau), adhérent actif de Force Ouvrière quand il est entré à la caisse de Melun, ancien conseiller municipal au moment où Paul Séramy était le maire de Fontainebleau, franc maçon (à la Grande Loge de France), il aurait pu devenir ministre des Affaires Sociales si la droite avait gagné les élections de mai 1981. Mais après l'élection de François Mitterrand, il perd tous ses appuis.

Le nouveau gouvernement décide, en juin 1981, sur demande de la C.G.T., de procéder à une enquête et à une inspection faite par l'Inspection Générale des Affaires Sociales sur sa gestion et ses méthodes de gouvernance. Cette enquête est faite à charge à compter de septembre et son rapport final est communiqué à l'intéressé le 10 décembre 1981. A sa suite, René Lucet produit un rapport de 28 pages contrant systématiquement toutes les affirmations du rapport produit par cette inspection. Le 14 décembre 1981, le conseil d'administration de la caisse renouvelle, après avoir l'entendu pendant 5 heures, renouvelle sa confiance à son directeur (votes contre : C.G.T.et C.F.D.T.).

Par le ministre de tutelle (Nicole Questiaux), il fait l'objet de mesure de suspension de sa fonction de directeur de C.P.A.M. de Marseille le 19 février 1982.

A la suite des enquêtes policières menées après le décès de René Lucet, est découvert une imbrication de deux réseaux. Le premier était basé à Marseille, fondé par Dominique (Nick) Venturi, un ancien truand rescapé de la guerre des gangs qui avait suivi l'arraisonnement du yacht Combinatie dans les années 1950 et avait fait près de vingt-cinq de morts en moins de vingt ans. Il fabriquait de fausses factures destinées à alimenter des caisses noires électorales pour des politiciens provençaux.

Le second, niçois, était dirigé par un inspecteur des impôts de cette ville, Julien Zemour, cousin des truands du même nom, et qui bénéficiait nécessairement de la complicité des directeurs des hôpitaux, " victimes " de cette fraude.

Le scandale révèlera la corruption de nombreux fonctionnaires dans diverses mairies de toute la France et de toutes couleurs politiques (Paris, Nice, Marseille, Clermont-Ferrand, Le Havre, Perpignan...).

René Lucet est retrouvé mort le 4 mars 1982 ; officiellement, il s'est suicidé en se tirant deux balles dans la tête.

Une violente polémique s'ensuit. La droite accuse le gouvernement de l'avoir acculé au suicide. La gauche s'étonne de cette mort et se demande s'il ne s'agit pas d'un meurtre. René Lucet aurait été tué parce qu'il en savait trop sur certains financements politiques.

Plus d'un fait est troublant. Tout d'abord, René Lucet s'est suicidé de 2 balles dans la tête. Selon les rapports d'autopsie, les deux balles étaient mortelles et successives et ont été tirées dans le même orifice.

Ensuite, l'un des policiers lave la main de René Lucet après avoir relevé les empreintes, ce qui empêche de faire un test à la cire pour savoir si le mort a réellement tiré (test connu par toutes les polices du monde depuis bien longtemps).

Pour terminer, le commissaire Marza rédige un rapport le 12 mars 1982 indiquant que ni la présence de sang au plafond ni la position de René Lucet ni le tir de deux balles successives ne peuvent être expliqués, comme le révèle Le Canard enchaîné du 24 mars 1982.

Le 16 mars, le corps de René Lucet est exhumé : le collège d'experts affirme que les deux balles ont été tirées successivement et que René Lucet était vivant quand la deuxième fut tirée. Robert Badinter s'indigne que le procureur de Marseille Albert Vilatte n'ait pas fait remonter de telles informations et qu'il ait même refusé, dans un premier temps, le rapport du commissaire Marza. Dès la fin mars, le procureur Vilatte est muté et promu avocat général près la Cour d'Appel de Paris.

Une instruction sur les causes de la mort de René Lucet est ouverte sur décision du Parquet de Marseille, un mois après la constatation du décès. L’instruction de cette affaire est confiée au juge d'instruction Bernadette Augé. En janvier 1988, la juge d'instruction classe l'affaire, sans avoir pu malheureusement l'éclaircir.

Une émission de France Inter " Rendez vous avec X " a été consacrée à l'affaire René Lucet le 28 février 2009 ainsi qu'une autre sur Rtl de Jacques Pradel " L'heure du Crime " du 18 janvier 2013.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : mike1497 - Pixabay.

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