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Le droit des successions en France Christophe Castaner, délégué général de la République en marche, a proposé il y a quelques jours une réforme de la fiscalité des successions pour lutter contre les inégalités de naissances. Pourtant, en 2018, le taux d'imposition marginal sur les successions en ligne directe s'élève à 45 % en France, ce qui en ferait, selon Virginie Pradel, fiscaliste à la Fondation Concorde, le taux le plus élevé de l'Union européenne. Pour comparaison, ce taux s'élève à 30 % en Allemagne, 15 % au Danemark et même 4 % en Italie. Il s'agirait du troisième taux le plus élevé du monde, en ligne directe, après celui du Japon (55 %) et de la Corée du Sud (50 %). A ce taux s'ajoute le fait que la France aurait l'un des abattements en ligne directe les plus faibles du monde : 100 000 euros contre 1 million d'euros en Italie ou par exemple 11,2 millions de dollars aux États-Unis... Le droit des successions en France est une branche du droit privé qui étudie et organise la transmission des biens d'une personne à la suite de son décès, soit à des héritiers désignés par la loi, soit à ceux que le défunt s'est choisi lui-même par le biais de libéralités (donations, legs testamentaires). Obligation au recours notarial - en présence de biens immobiliers dans la succession, pour faire établir l'attestation de propriété immobilière, Auparavant, les greffiers des tribunaux d'instance étaient autorisés à dresser des actes de notoriété, actes désignant les héritiers de la personne décédée. Une loi du 20 décembre 2007 a consacré la suppression de ce service public judiciaire de la dévolution successorale au bénéfice du seul service public notarial. Seul un notaire peut établir un acte de notoriété. Toutefois, un maire peut établir un acte d'hérédité (ayant la même valeur qu'un acte de notoriété), la délivrance étant laissée à sa seule appréciation. L'intervention du notaire dans le règlement d'une succession peut être utile car celui-ci est un juriste professionnel qui assiste les héritiers dans leurs relations entre eux et avec les administrations, au premier rang desquelles l'administration fiscale. Enfin, le notaire est le spécialiste du règlement des successions complexes, tant du point de vue humain que technique. La pratique notariale Les causes 1. décès : les successions s'ouvrent par la mort naturelle (art 718 du C. Civ). La mort civile, qui a été abolie par la loi du 31/05/1854, ne constitue plus une cause d'ouverture. Le décès est régulièrement prouvé par l'acte de décès 2. disparition : lorsqu’une personne est disparue dans des conditions de nature à mettre sa vie en danger et que son corps n'a pu être retrouvé, son décès peut être judiciairement déclaré (art.88 du C. Civ) 3. absence : le jugement déclaratif d'absence emporte à partir de sa transcription, tous les effets que le décès établi de l'absent aurait eus et par conséquent l'ouverture de sa succession. Date La date d'ouverture de la succession est importante à divers égards, puisque c'est à ce moment que l'on se place pour : - fixer la vocation successorale des héritiers, Fixation 1. Décès : lorsque le décès est connu, ce qui constitue la très grande majorité des cas, la date d'ouverture de la succession est celle du décès, telle que celle-ci figure dans l'acte de décès. Si l'acte de décès comporte une erreur, cette dernière peut-être rectifiée dans les termes de l'article 99 du C. Civ. 2. Autres causes : en cas de disparition, le jugement déclaratif du décès doit fixer la date du décès (art.90 du C. Civ) Dans l'hypothèse de l'absence, la déclaration d'absence produit les effets du décès à compter du jour de la transcription du jugement sur les registres des décès du lieu du domicile de l'absent ou de sa dernière résidence. La déclaration de succession est-elle obligatoire ? Comment établir la déclaration de succession ? - déposer la déclaration à la recette des impôts du domicile du défunt, Il faut par ailleurs notifier le décès aux banques, organismes sociaux…, dont dépendait le défunt. Concrètement, et même si l'héritage comporte des biens immobiliers, l'héritier peut parfaitement rédiger lui-même la déclaration de succession et la transmettre aux services fiscaux. Il devra ensuite s'adresser à un notaire pour l'éventuelle attestation immobilière. Apposition des scellés La dévolution successorale En présence d'un conjoint survivant Si le défunt laisse des descendants Dans ce cas, la succession revient au conjoint et aux descendants. Le conjoint survivant recueille l'usufruit de toute la succession ou le quart en pleine propriété en présence d'enfants communs. Si les enfants ne sont pas tous issus du mariage, alors le conjoint survivant n'a pas d'option, il recueille seulement le quart des biens en pleine propriété. Si les époux avaient fait une donation entre époux (aussi appelée donation au dernier vivant), les choix du conjoint survivant peuvent être plus complexes. Il peut ainsi avoir le choix de prendre le quart en pleine propriété et les trois quarts en usufruit. Les descendants recueillent la nue-propriété, ou les trois quarts de la succession en pleine propriété. Si le défunt ne laisse pas de descendants Dans ce cas, la succession ne revient pas automatiquement au conjoint survivant. En présence d'autres héritiers, la succession reviendra : - au conjoint survivant pour l'usufruit, Si le défunt ne laisse pas d'autres héritiers, ou seulement des membres de sa famille au-delà du quatrième degré, le conjoint survivant recueille la pleine propriété de toute la succession. Réforme communautaire n°650/2012 Ainsi, les règles qui encadreront la succession seront celle du droit du pays où est décédée la personne. Ces règles s'appliqueront sur les biens mobiliers et immobiliers. La différenciation se fera selon les lois du pays : soit en réserve héréditaire (droit français actuel, où les enfants ou le conjoint ont une part réservée), soit en quotité disponible (aucune part réservée). Il est donc possible qu'un enfant n'hérite pas. La dernière résidence du défunt sera le critère unique de choix quant à savoir la compétence des autorités et les règles applicables. Le défunt aura pu aussi choisir, en cas de double nationalité, quel droit doit être appliqué à sa succession. Enfin, le "Certificat Successoral Européen" est créé, pour permettre aux héritiers de prouver leurs droits en matière de succession dans toute l'Union Européenne. En l'absence d'un conjoint survivant Si le défunt laisse des descendants Si le défunt laisse des descendants, ceux-ci excluent tous les autres membres de la famille du défunt. S'il laisse des enfants, ceux-ci se partageront la succession en pleine propriété, et par parts égales. Toutefois, si un enfant est pré-décédé, en laissant des descendants, ceux-ci le remplaceront par représentation. Si le défunt ne laisse pas de descendants Si le défunt ne laisse pas de descendants, la succession reviendra aux membres de sa famille, ascendants (père et mère) ou collatéraux (frères et sœurs, oncle et tante, ou cousins et cousines). 1. Succession recueillie par les ascendants et les collatéraux privilégiés (frères et sœurs) : Si le défunt laisse ses parents et des frères et sœurs : le père et la mère recueillent chacun 1/4 de la succession en pleine propriété, le reste étant attribué aux frères et sœurs, chacun par part égale en pleine propriété. Si un des deux parents est pré-décédé, sa part, soit un quart en pleine propriété, est répartie entre les frères et sœurs. Si les parents sont tous deux décédés, la succession est recueillie en totalité et en pleine propriété par les frères et sœurs. 2. Succession recueillie par les autres collatéraux (oncle et tante, ou cousins et cousines) : S'il n'y a plus d'ascendants, ni de frères ou sœurs, la succession est recueillie par moitié en pleine propriété par chacune des deux lignes familiales, l'une pour les parents de la ligne paternelle, l'autre pour les parents de la ligne maternelle. Dans chaque ligne, l'héritier le plus proche prend la succession. S'il n'y a plus que des collatéraux ordinaires dans une seule ligne, la succession est alors entièrement déférée à l'autre ligne. Le cas du concubinage et du PACS Succession recueillie par l'État La composition de la succession Actif et passif Au moment du décès, il faut évaluer le patrimoine du défunt : L'actif de la succession se compose de l'ensemble des biens immobiliers (maison, appartement, terrain…) et mobiliers (meubles, placements…) dont la valeur est déterminé au jour du décès. Le passif de la succession regroupe toutes les dettes du défunt. L'acceptation de la succession C'est pourquoi personne ne peut être obligé d'accepter une succession. Si les héritiers savent que la succession est largement déficitaire, ils peuvent renoncer à la succession. Ils ne devront payer aucune dette, mais, ne pourront recevoir aucun bien du défunt. Ils sont réputés n'avoir jamais existé. Pour être opposable aux créanciers de la succession, la renonciation doit être déposée ou adressée au tribunal de Grande Instance du lieu d'ouverture de la succession. S'ils savent que la succession ne comprend pas ou peu de dettes, mais un actif considérable, ils peuvent l'accepter purement et simplement. Si les héritiers ne savent pas exactement de quoi se compose la succession, pour ne pas prendre de risque, ils peuvent l'accepter sous bénéfice d'inventaire. L'inventaire qui sera dressé révélera si la succession est positive ou négative. NOTA : la loi française a récemment modifié le terme « acceptation sous bénéfice d'inventaire ». On parle désormais d'acceptation à concurrence de l'actif net. Le partage de la succession L'indivision avant partage Les héritiers n'ont pas l'obligation de partager les biens. Ils peuvent même s'engager à ne pas demander le partage, en signant entre eux une convention d'indivision. De même, ils peuvent ne partager qu'une partie des biens. Partage amiable ou judiciaire ? Partage amiable Si tous les héritiers sont majeurs, ils peuvent se partager les biens du défunt comme ils le veulent. Il n'y a pas de procédure particulière, hormis le fait que le partage de bien immobilier doit se faire par acte notarié. Partage judiciaire Si les héritiers ne s'entendent pas, l'un d'entre eux peut lancer la procédure du partage successoral judiciaire. En effet, même si les autres ne souhaitent pas procéder au partage, l'un des héritiers peut le demander en justice car nul n'est tenu de rester en indivision. La procédure de partage judiciaire suppose de saisir un tribunal, qui va ordonner le partage, ce qui peut, à défaut d'accord entre les héritiers, déboucher sur une vente judiciaire des biens. Dans les deux cas, les héritiers doivent respecter la règle de l'avance d'hoirie: tout ce qui a été donné de son vivant par le défunt (à l'exception des cadeaux de Noël ou d'anniversaire) doit être déclaré par l'héritier aux autres héritiers. Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Kzenon - Fotolia.com. Pour accompagner les chefs d'entreprises dans leur problématique de succession, un avocat fiscaliste: 75008 - PARTNERS LEGAL http://www.avocat-fiscaliste-75008-paris.com Des experts-comptables : 60270 - PATRICK GAUTIER EXPERTISE http://www.expert-comptable-chantilly-60.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |