Le vin et l’unité nationale

Depuis le début du XIX siècle, un des plus importants facteurs permettant de comprendre l'importance du vin dans l'imaginaire national est que celui-ci participait à une « mythologie identitaire » depuis le tout premier conflit franco-allemand...

Déjà, en 1815, Pierre-Jean de Béranger intimait l'ordre aux « buveurs de Germanie » de déguerpir avant qu'ils n'aient « avalé tout notre vin ». Dans la même optique, au début du XX siècle, Maurice Barrès, expliquait que les vignobles d'Alsace-Lorraine, situés à la frontière de la barbarie, était la preuve de l'appartenance de ces deux provinces à la civilisation gréco-latine. Cette conception de la France, pays du vin, lors du déclenchement des hostilités, a regermé sur un terreau favorable, au nom de la revanche que les « fils de la République » allaient prendre sur le Rhin allemand.

Pour la plus grande partie de cette génération, la Grande Guerre, en dépit du nombre de ses victimes, fut perçue comme une croisade permettant à la France de triompher de la barbarie germanique. Dans la presse, des voix s'élevèrent (hommes politiques, éditorialistes) pour demander que le vin « soit cité à l’ordre de la Nation pour avoir concouru, à sa manière, à la victoire ». Il n'y eut pas de suite, mais force est de constater que la Première Guerre mondiale acheva finalement les mutations qu'avait initiées le chemin de fer. Si le rail avait nationalisé le vin en le transportant dans toute la France, les tranchées l'étatisèrent et le popularisèrent à travers les poilus.

Les soldats mobilisés originaires de toutes les anciennes provinces où l'on s'exprimait encore quotidiennement en patois ou en langue régionale devinrent des prosélytes de la langue française en rentrant au pays. De la même façon tous ceux venus de l'Ouest et du Nord de la France restèrent des consommateurs réguliers. Depuis la fin de la Grande Guerre, le vin est considéré un facteur de l'unité nationale au même titre que la langue française.

Alcoolisme d'après-guerre
La consommation massive de vin fit qu'une réalité moins glorieuse vit le jour dans l'armée française où « l'alcoolisation des troupes fut de grande ampleur ». La consommation du pinard réjouit moins les autorités militaires qu'elle ne les inquiéta alors. Après 1918, il y eut à nouveau surproduction du vignoble. Elle fut palliée, en partie, par une augmentation de la consommation de vin. Le pic de la consommation par habitant de vin fut atteint durant les années 1930. Celui-ci perdura jusqu'à juin 1940, où les restrictions imposèrent une abstinence nationale.

En 1915, l'Académie nationale de médecine définissait les normes de consommation de vin autour de 50 à 75 centilitres par repas. La guerre finie, toute une série de campagnes antialcooliques se développa. Elles firent appel au patriotisme et y associèrent le spectre de l'envahisseur au casque à pointe. Un nouveau front s'ouvrit et cette fois ce furent les femmes, épouses et mères de famille, qui défendirent la patrie en danger d'alcoolisme. Elles menèrent ce combat au côté des « hussards noirs de la république », les instituteurs qui, dans leurs cours de morale, sensibilisaient leurs élèves au fléau de l'alcoolisme.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici.

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