The third murder

Le grand avocat Shigemori est chargé de défendre Misumi, accusé de vol et d’assassinat. Ce dernier a déjà purgé une peine de prison pour meurtre 30 ans auparavant. Les chances pour Shigemori de gagner ce procès semblent minces, d’autant que Misumi a avoué son crime, malgré la peine de mort qui l’attend s’il est condamné. Pourtant, au fil de l’enquête et des témoignages, Shigemori commence à douter de la culpabilité de son client.

Entretien avec Hirokazu Kore-Eda  

THE THIRD MURDER est un drame judiciaire rempli de suspense. D'où l'idée vous en est-elle venue ?
Je voulais tout d'abord dépeindre avec précision le travail d'un avocat. Puis, lorsque j'en ai parlé avec certains d'entre eux, ou avec le responsable juridique de TEL PÈRE, TEL FILS, tous m'ont affirmé qu'un tribunal n'était pas le lieu où se détermine la vérité, que personne ne pouvait la connaître. J'ai trouvé ça intéressant et me suis dit que, si tel était le cas, j'aurais envie de faire un drame judiciaire dans lequel la vérité ne serait pas révélée.   

Une véritable tension se dégage des scènes d’interrogatoire entre l’avocat (Masaharu Fukuyama) et le meurtrier (Kôji Yakusho)...
On a fait plusieurs lectures du scénario avec Fukuyama et Yakusho, avant le tournage. Et la scène du parloir était vraiment formidable. Au départ, je voulais éviter tant que possible les scènes de parloir, du fait de leur caractère statique. Dans les drames familiaux que j'ai réalisés auparavant, ma réflexion se portait sur la manière de déplacer les personnages dans l'espace. Ici, le parloir, séparé en deux par une vitre, ne présentait guère que des gens assis. Mais lorsque j'ai vu interagir les deux acteurs, j'ai eu le sentiment que cette scène pourrait être très forte. J'ai donc ajouté des scènes de parloir. C'est après avoir vu les comédiens à l'œuvre que j'ai su comment s'articulerait le film.   

La photo est magistrale, puisant dans l’imagerie du film noir tout en ayant une texture bien à elle...
J’ai opté cette fois pour une esthétique de polar. J’ai accentué le contraste entre la lumière et les ombres, rompant avec l’éclairage naturaliste que je privilégie habituellement. Le directeur de la photo Mikiya Takimoto m’a fait des suggestions. On a aussi tourné en CinemaScope, ce qui apporte beaucoup d’intensité aux gros plans - la scène où les trois avocats marchent côte à côte, par exemple, est spectaculaire. Je pense que ça a très bien fonctionné.   

Le film révèle que le « jugement » se décide indépendamment de la « vérité »...
Généralement, un film débouche toujours sur la vérité. Mais dans celui-ci, seule la procédure judiciaire arrive à son terme, tandis que les personnages ignorent la vérité. Ça montre que notre société souscrit à un système imparfait qui persiste à laisser des gens en juger d’autres sans connaître la vérité.   

Vous êtes passé par de nombreux tâtonnements lors de l'écriture du scénario...
Mes précédents films ne portent aucun jugement sur les personnages. Autrement dit, je les ai réalisés d'un point de vue qui n'est pas omniscient. En revanche, les genres du suspense et du drame judiciaire imposent d'adopter une perspective omnisciente. Mais je ne voulais pas pour autant m’y résoudre et j'ai dû me débattre avec ce conflit.

Drame policier japonais de Hirokazu Kore-Eda. 4 nominations au Festival international du Film Policier de Beaune 2018. 3 nominations à la Mostra de Venise 2017. 3,6 étoiles AlloCiné.


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