Dogman

Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce... 

Note du réalisateur, Matteo Garrone
« Comme cela s’est souvent produit pour mes films, il y a aussi pour DOGMAN, à l’origine, une suggestion visuelle, une image, un renversement de perspectives : celle de quelques chiens, enfermés dans une cage, qui assistent comme témoins à l’explosion de la bestialité humaine… Une image qui remonte à plus de dix ans, quand, pour la première fois, j’ai pensé tourner ce film.

Mais était-ce bien ce film ?

C’est difficile à dire, parce que le temps passant, DOGMAN a changé avec moi, devenant un film toujours plus nouveau, toujours différent. Quelques-unes des idées originales ont perduré jusqu’ici, mais elles n’épuisent pas selon moi le sens plus profond de l’histoire que j’ai voulu raconter : DOGMAN, par exemple, n’est pas seulement un film de vengeance, même si la vengeance (mais il vaudrait mieux appeler cela une délivrance) joue un rôle important, et ce n’est pas seulement non plus une variation sur le thème (éternel) de la lutte entre le faible et le fort. C’est au contraire un film qui, même au travers d’une histoire "extrême", nous place devant quelque chose qui nous concerne tous : les conséquences des choix que nous faisons quotidiennement pour survivre, des "oui" que nous disons et qui nous mènent à ne plus pouvoir dire "non", de l’écart entre ce que nous sommes et ce que nous pensons être.

Dans cette profonde interrogation sur nous-mêmes, dans ce questionnement sur un homme qui a perdu son innocence, je crois que ce film est universel, "éthique" et non moralisateur : c’est aussi pour cela que je tiens beaucoup à souligner la distance avec le fait divers qui l’a librement inspiré. Tout a été transfiguré, à commencer par les lieux, les personnages, leurs psychologies.

Une dernière remarque, pour souligner l’importance de la rencontre avec le protagoniste du film, Marcello Fonte : sa douceur et son visage antique qui semble venu d’une Italie en train de disparaître, ont contribué de manière décisive à rendre claire pour moi la façon dont je voulais aborder une matière aussi sombre, qui pendant des années m’avait à la fois attiré et repoussé, ainsi que le personnage que je voulais raconter : un homme qui, dans la tentative de se racheter après une vie d’humiliations, a l’illusion de s’être libéré, et avec lui son quartier et peut-être même le monde. Mais ce dernier demeure toujours inchangé, et presque indifférent. » 

Matteo Garrone
Né à Rome en 1968, Matteo Garrone obtient son baccalauréat au Lycée Artistique en 1986 ; après avoir travaillé comme assistant opérateur, il décide de se consacrer à plein temps à la peinture. En 1996, il remporte le prix du meilleur court-métrage au Sacher Festival avec SILHOUETTE.

L’année suivante, il crée sa maison de production, Archimede. Son premier long métrage, TERRA DI MEZZO, distribué par Tandem, remporte le Prix Spécial du Jury et le Prix Cipputi au Festival Cinema Giovani de Turin.

En 1998, il tourne à Naples le documentaire ORESTE PIPOLO, FOTOGRAFO DI MATRIMONI, et la même année son deuxième long métrage, OSPITI, est présenté à la Mostra de Venise. Le film obtient en outre la Mention Spéciale au Festival d'Angers, le Prix du Meilleur Film au Festival de Valence et le Prix Kodak au Festival de Messine.

En 2000, son troisième long métrage, ESTATE ROMANA, est sélectionné en Compétition au Festival de Venise.

Mais c’est en 2002, avec L’ÉTRANGE MONSIEUR PEPPINO, qu’il remporte le plus vif succès auprès de la critique et du public. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du 55e Festival de Cannes, le film remporte en Italie deux David de Donatello (Meilleur Scénario et Meilleur Second Rôle), le Nastro d’argento (le Ruban d’argent) et le Ciak d’oro du Meilleur Montage, cinq Prix Fellini (Meilleur Producteur, Meilleurs Décors, Meilleure Photographie, Meilleur Scénario et Meilleure Distribution) ainsi que le Prix Spécial du Jury du Prix Pasolini.

En 2004, PREMIER AMOUR est présenté en Compétition au 54ème Festival de Berlin où il obtient l’Ours d’argent de la Meilleure Musique. Il obtient également le Nastro d’argento et le David de Donatello de la Meilleure Musique.

En 2008, il tourne GOMORRA qui remporte le Grand Prix du Festival de Cannes. La même année, le film remporte cinq European Film Awards (Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleur Scénario et Meilleure Photographie) ainsi que le Silver Hugo du Meilleur Scénario au Festival de Chicago. Le film est par ailleurs sélectionné aux Golden Globes ainsi qu’aux Baftas et aux Césars.

En 2008 toujours, Matteo Garrone produit le premier film de Gianni Di Gregorio, LE DÉJEUNER DU 15 AOÛT, auquel est attribué le Prix du Meilleur Premier Film au Festival de Venise.

En 2012, son film REALITY est présenté en Compétition au Festival de Cannes et est récompensé par le Grand Prix ; le film reçoit en outre trois David di Donatello et trois Nastri d’argento.

Son dernier film, TALE OF TALES, est sélectionné en 2015 en Compétition officielle au Festival de Cannes, et remporte 7 David de Donatello (dont le Prix de la Meilleure réalisation).

En 2018, il revient au cinéma avec DOGMAN, présenté en Compétition officielle au Festival de Cannes où son comédien principal Marcello Fonte remporte le Prix d’interprétation masculine.

Drame policier italien de Matteo Garrone. Prix d'interprétation masculine au festival de Cannes 2018. 3,9 étoiles AlloCiné.


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