Le vin Mariani

Fils aîné d'une famille de médecins et pharmaciens corses, Ange-François Mariani monte en 1859 à Paris où il devient préparateur de pharmacie dans une officine du boulevard Saint-Germain, en face de la Faculté. Il est notamment responsable des toniques à base de quinquina. Passionné par les études de Paolo Mantegazza sur les effets de la plante de coca et celles d’Albert Niemann qui isole à parti de cette plante la forme cristalline de la cocaïne, il met au point avec le docteur Pierre Fauvel (un des premiers médecins à utiliser la cocaïne pour ses propriétés anesthésiques), un « vin de coca »...

L'idée d'ajouter de la coca à du vin n'était pas nouvelle, bien que Mariani se soit attribué par la suite un rôle de pionnier. En 1863, une cantatrice de l'Opéra, enrouée, vient à la pharmacie de la part de son laryngologue, le docteur Fauvel qui désirait du « vin de coca », mais le jeune préparateur n'en a pas. Il va recueillir quelques gouttes de sa plus récente préparation, une infusion de trois variétés de feuilles de coca dans du vin de Bordeaux. La diva, après avoir goûté ce faible échantillon de « boisson tonique », prononce : « c'est excellent, vous m'enverrez douze bouteilles ».

Soucieux d'inventer sa propre spécialité afin d'assurer sa fortune, le jeune homme fait breveter la préparation qu’il baptisa « Vin Tonique Mariani à la Coca du Pérou », bientôt plus connue sous le nom commercial de « vin Mariani ».

La boisson est un énorme succès qui lui vaut la célébrité dans toute l'Europe : prescrit avec succès pour combattre la grippe, le vin se targue de soigner les affections nerveuses, l'anémie, l'impuissance. Les ventes sont telles que Mariani ouvre sa propre pharmacie au 41, boulevard Haussmann puis fait élever dans les années 1880 au 1042, rue de Chartres, à Neuilly-sur-Seine, une usine vouée à la transformation de la coca, le vin étant commercialisé dans une bouteille de 50 cl : 60 g de feuilles de coca sont macérées dans de l'alcool (probablement du cognac), puis dans du vin de Bordeaux où est ajouté 6 % de sucre.

Le pape Léon XIII, qui a toujours une fiole avec lui en cas de nécessité, lui décerne une médaille « spéciale » en signe de son approbation officielle. C'est du moins ce que la publicité affirme. Mariani apparait en effet comme un précurseur de la vente sur catalogue, sur publicité identifiée ou rédactionnelle dont il systématise l'emploi, éditant entre 1894 et 1925 les témoignages enthousiastes de plus de 1 000 personnes illustres qui remplissent quatorze volumes.

Drogue légale vendue aussi bien dans les pharmacies comme médicament que dans les bars comme apéritif, son vin contient entre 6 à 7 mg de cocaïne dans chaque bouteille qui titre 14 à 17°. En France, la version cocaïnisée du vin Mariani est inscrite pour la première fois au Codex pharmaceutique en 1884 et sera autorisée jusqu'en 1910.

Mariani meurt en 1914. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Ses héritiers arrêteront la production du vin dans les années 1930. Ils créent une nouvelle boisson appelée « Tonique Mariani » qui restera en vente dans les pharmacies jusqu'en 1963. 

Témoignages publicitaires
Certaines célébrités, notamment littéraires ou artistiques, vanteront le vin Mariani.

« J'ai à vous adresser mille remerciements, cher Monsieur Mariani, pour ce vin de jeunesse qui fait de la vie, conserve la force à ceux qui la dépensent et la rend à ceux qui ne l'ont plus. » Émile Zola, 1895.

« Cher Monsieur Mariani, Votre vin est un cordial merveilleux. » Eugène Grasset.

« Cher Monsieur, J'ai reçu un tel secours de votre vin au moment de mes dernières couches que je vous conjure de m'en faire envoyer d'urgence une nouvelle caisse. » Léon Bloy, 1898.

« Le témoignage des hommes serait bien trompeur si le vin Mariani ne faisait pas des merveilles. Je crois qu'il en fera en ma faveur s'il m'arrive jamais d'en avoir besoin. » Louis Duchesne.

« Boire du vin Mariani / C'est chanter, croire, aimer sans trêve / C'est ouvrir, au pays du rêve / Une porte sur l'Infini ! » Jane de La Vaudère.

Postérité
Son succès inspire la concurrence : différents produits similaires voient le jour, comme « La Coca des Incas » et Le « Vin des Incas », par exemple. Il gagne une grande notoriété aux États-Unis lorsqu'il est donné en 1884 au président américain Ulysses S. Grant atteint d'un cancer de la gorge en phase terminale. L'administration par voie topique (locale) d'une solution de cocaïne ou l'ingestion du vin Mariani soulage ses souffrances et lui permet d'achever la rédaction de ses Mémoires. En 1885, le pharmacien John Pemberton à Atlantaaux États-Unis, s'inspire du vin Mariani et y ajoute des noix de kola, créant le French Wine Coca, ancêtre du Coca-Cola qu'on connaît aujourd'hui sans alcool (à cause de la prohibition de 1886 dans l'État de Géorgie) et sans cocaïne (depuis 1906).

Le premier cas moderne de dopage avéré remonte à 1865 : des nageurs à Amsterdam. À la même époque, le vin Mariani était conseillé aux sportifs et « aromatisé » avec des feuilles de coca.

Iconographie
Le musée Carnavalet conserve une statuette de Mariani réalisée par le sculpteur Théodore Rivière (S 1738) ainsi que plusieurs médailles d'Oscar Roty et de Louis-Eugène Mouchon portant l'effigie de Mariani ou vantant les propriétés du vin Mariani. Ces médailles font partie d'une collection rassemblée par Mariani et donnée par lui au musée en 1910.

Le département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France possède plusieurs plaquettes illustrant le Vin Mariani : Veni, bibi, vici. Vin Mariani à la coca, L'Amour trempe ses flèches dans le vin Mariani, Angelo Mariani, vulgarisateur de la coca, La nymphe et l'Amour souffrant, allégorie du pouvoir régénérateur du Vin Mariani.

Par ailleurs, de 1894 à 1925, les Figures contemporaines, tirées de L'Album Mariani sont éditées sous la direction de Joseph Uzanne en plusieurs volumes d'abord chez Flammarion puis chez Henri Floury, comprenant sur beau papier le portrait de Mariani, des publicités pour son vin, le tout associé aux personnalités du moment (avec pour chacune portrait gravé par un artiste, témoignage et autographe).

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. 

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