Amanda

Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda...

Entretien avec Mikhaël Hers, le réalisateur

Le thème du deuil, déjà présent dans Ce sentiment de l’été, est abordé de manière plus concrète dans Amanda, avec cette nièce que David doit prendre en charge après le décès de sa mère.
Dans mes précédents films, l’inspiration venait plutôt par un biais rétrospectif et mélancolique, qui me permettait de réinvestir une époque ou des lieux. Pour Amanda, le point de départ était l’envie de parler du Paris d’aujourd’hui et de capturer quelque chose de la fragilité, de la fébrilité et de la violence de l’époque. Amanda est donc effectivement plus inscrit dans le présent et le quotidien que mes précédents films.

Le film s’ouvre sur cette petite fille seule devant l’école car son oncle est en retard. Ce moment d’absence préfigure une absence à venir plus fondamentale.
Cela permettait aussi de mettre en place la relation entre Amanda et David. Celui-ci n’est pas capable d’arriver à l’heure à l’école mais il va très vite se retrouver entièrement en charge de cette petite fille, c’est le début d’un long chemin… David est un grand enfant un peu démuni face à cette petite fille qui serait parfois plus en mesure de l’aider que l’inverse. Ce duo me touchait aussi parce que c’était une façon de parler de la paternité. Une paternité accidentelle, par héritage.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’inventer un attentat dans le bois de Vincennes ?
J’aurais trouvé indécent d’inventer une victime fictive pour un événement terriblement réel qui a fauché tant de vies et qui appartient désormais à l’imaginaire collectif… C’est malheureusement plausible que cet attentat survienne lors de ce pique-nique dans un bois mais en même temps ce bois est moins identifiable que certaines grandes artères parisiennes ou que le Louvre par exemple.   

Pourquoi avoir choisi de mettre des images sur l’attentat ?
Je pense que le film ne pouvait pas en faire l’économie, cela aurait été une fausse pudeur. Amanda n’est pas un film sur les attentats ni sur le terrorisme islamiste mais il me semblait impossible qu’ils ne soient pas filmés ni nommés frontalement (lors de la scène du café avec Raja). Il fallait juste trouver la manière et le moment. Lors du 13 novembre, on a été saturés d’images, toujours les mêmes, qui revenaient en boucle. Des images médiatiques qui créaient du vide plutôt qu’un imaginaire qui nous aide à penser l’événement. A mon humble mesure, il fallait que le film prenne en charge ces images manquantes. 

Vous filmez beaucoup les trajets et les balades à vélo. Après les attentats, on a surtout la sensation d’une tentative de réappropriation des lieux, régis par de nouvelles règles, notamment de sécurité…
Les attentats ont eu un impact très fort sur la façon d’habiter notre espace quotidien. De manière inconsciente mais aussi très concrète, avec toutes ces mesures de sécurité, la crainte d’une fusillade lorsqu’un bruit sourd retentit, un sentiment d’insécurité qui peut vous parcourir, même de manière un peu diffuse, lorsque vous vous trouvez à une terrasse ou dans un lieu bondé... Alors certes, on peut toujours et depuis longtemps mourir dans un accident de voiture, mais ce qui a malheureusement réinvesti notre quotidien et sa perception, c’est le risque d’être fauché par une balle, que ce soit à Paris, en France ou ailleurs… Ce choix de récit inscrit le film dans ce quotidien. Je n’avais pas envie de faire un film sociétal sur les attentats mais j’avais besoin de filmer cette menace dans un film qui se veut un peu le témoin de son présent.

Drame français de Mikhaël Hers. 4 étoiles AlloCiné. 


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