Hamap : 2004, les enjeux du déminage

Tmemichat est un petit village mauritanien qui se situe à la frontière sahraouie. Le Major Pierre Casoli, démineur de haut niveau (NEDEX), supervise le travail des militaires mauritaniens pour libérer ce village de ses mines antipersonnel, antichar et de ses restes explosifs de guerre (obus de mortiers et de canons, grenades à fusils, etc.)...

« Le travail est important et les résultats excellents. Les soldats mauritaniens sont sérieux dans leur travail et nous ne déplorons aucun incident ni accident. Le travail est pourtant fastidieux car les mines se baladent tantôt sur le sol, poussées par des vents violents, tantôt sont recouvertes par une dune de sable de plusieurs mètres de hauteur.

 Lorsqu’elles sont sur le sol, ce n’est pas trop difficile de les récupérer à condition de vérifier qu’elles n’ont pas été choquées et qu’elles ne risquent pas d’exploser au premier contact.

Lorsque les dunes ont envahi la zone délimitée comme minée, il faut dégager le sable jusqu’au sol dur pour être sûr qu’il ne reste aucune mine.

Dans aucun pays du monde, vous diriez à une maman qu’elle peut laisser jouer ses enfants sur une zone déminée à 99 % !  Il faut donc certifier le déminage à 100 % et donc explorer totalement les dunes. Nous avons parfois retrouvé des mines à 1 mètre, voire plus, dans la dune.

Les mines sont stockées avec les obus dans une zone surveillée en attendant de les détruire. On y creuse alors un grand trou dans le lequel sont entreposés les mines et les obus avec du plastic explosif afin de provoquer une grande explosion et être ainsi certain que ces munitions ne seront pas réemployées ultérieurement. 

A la fin de la mission, le maire du village qui est un homme très actif, reçoit les équipes et offre un pot avec la population.

A la surprise de Pierre, les femmes présentes sur lieu viennent le voir pour lui dire que c’est bien d’avoir éliminé les engins mortels de leur zone d’habitation car elles savaient qu’il y avait des engins dangereux pour les enfants et qu’en conséquence personne n’y allait. Mais, elles poursuivent immédiatement leur propos en demandant à Pierre de les aider à déminer les puits « vous savez, ces grands puits à ciel ouvert ».

En effet, tous les puits ont été minés pour éviter à la population de venir se ravitailler et ainsi pousser tous les habitants à quitter les zones pour permettre aux belligérants d’agir en toute tranquillité.

Les puits se sont retrouvés remplis de sable sur une hauteur de 30 mètres environ et asséchés. Les enfants sont donc obligés d’aller chercher de l’eau le long de la voie ferrée à 5 kilomètres du village : une fois le matin et une fois l’après-midi.

 En effet, le train qui va de Bir Moghrein à Nouadhibou fait un kilomètre de long et transporte une dizaine de wagons citernes pour alimenter des réserves d’eau de la population locale et des nomades. Ce train est celui de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) mauritanienne. C’est dans ces citernes que les enfants se ravitaillent.

Donc, plus d’eau et plus d’école pour les enfants qui font les corvées d’eau !     Cela nous pousse à la réflexion !   

De retour dans nos bureaux, Pierre Casoli nous parle de cette discussion qu’il a eue avec les femmes à Tmemichat.

Autour de la table se trouvent les fondateurs de l’ONG Hamap.

Au cours des trois semaines suivantes vous verrez comment les fondateurs ont réagi au fait qu’ils pensaient que la lutte contre les mines était fondamentale alors que c’est peut-être l’eau qui était au cœur de la vie… »

Joël Kaigre, fondateur d'Hamap.

http://hamap-humanitaire.org


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