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Petit paysan Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver...
Vous êtes fils de paysans ? Avez-vous pensé reprendre l’exploitation ? En 2008, j’ai eu un accident de voiture avec ma mère, j’ai dû la remplacer pendant six mois à la ferme. Six mois d’une discipline hyperrigoureuse pendant lesquels j’étais dans une forme physique et mentale exemplaire ! J’étais bien, je ne me débrouillais pas mal avec les vaches, le contrôleur laitier disait à mes parents : « Celui-là, il faut pas le laisser partir », et j’ai commencé à douter. Cette « ivresse de la routine », c’est celle que vit Pierre dans le film… Petit Paysan parle de cette énorme contrainte qu’est la vie à la ferme : travailler sept jours sur sept, traire deux fois par jour, toute l’année, toute la vie. Et du rapport aux parents qui sont toujours là, le poids de cet héritage. Les gestes sont hyper-ritualisés, on va traire les vaches comme on va à la prière, le matin, le soir. Etre éleveur laitier, c’est un sacerdoce. Comment est née l’idée du film ? Et Creutzfeld-Jacob était si particulier que les vétos ne savaient pas quoi dire. On ne savait pas par où passait la contamination, c’était la panique générale. Une paranoïa totale. A La fémis, on avait un exercice de scénario à faire, sous la supervision d’une scénariste américaine, Malia Scotch Marmo. C’est elle qui m’a dit : « Tu tiens quelque chose, tu dois écrire ». Son soutien m’a désinhibé. Après être sorti de l’école, j’ai rencontré Stéphanie Bermann et Alexis Dulguerian de Domino Films, qui ont été convaincus par le synopsis et quelques pages dialoguées écrites avec Claude. C’était parti pour deux ans et demi d’écriture, de 2013 à 2015… Pierre, c’est vous ? Pourquoi tourner chez vos parents ? Dans le film, on découvre l’attention portée aux bêtes, mais aussi le contrôle très rigoureux exercé sur les troupeaux… En faire disparaître une, par exemple. Aller chez les flics pour déclarer une vache que le paysan a en fait mangée, c’est une petite arnaque qui existe : le paysan fait abattre une vache, la découpe en steaks et va déclarer sa perte pour se la faire rembourser par l’assurance… Comment avez-vous imaginé la maladie qui atteint les vaches ? Dans le scénario, on a imaginé une « fièvre hémorragique », on s’est inspiré d’une maladie qui touche les veaux, mais qui se soigne, dont l’un des symptômes est un saignement au niveau du dos. Il nous fallait un symptôme identifiable. On n’allait pas reproduire le tremblement d’une vache folle mais il fallait rendre l’épidémie visible, visuelle. Comment transforme-t-on un film naturaliste en thriller mental ? Au tournage, on a changé peu à peu les cadrages et les lumières : le film démarre dans une atmosphère solaire, et on bascule ensuite dans une lumière plus artificielle et industrielle. Les scènes de « meurtres » sont emblématiques, par leur durée, leur découpage et leur rythme. La première fois, Pierre fait des allers et retours dans la maison, se demande avec quoi il va la tuer… Ça prend du temps… Au deuxième meurtre, on laisse le champ complètement vide, on lâche le personnage le temps qu’il aille chercher son fusil. Quand il revient dans le cadre, c’est devenu quelqu’un d’autre, un tueur. La musique, qui a été composée par Myd, du collectif Club cheval, permet aussi le glissement du naturalisme au genre. Pierre est souvent seul et la musique sert aussi à rentrer dans sa tête. Drame français d'Hubert Charuel. Nominations 2017 aux festival de Cannes, semaine internationale de la critique et festival du film francophone d'Angoulême. 3,9 étoiles AlloCiné. Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |