De "Démineurs sans frontières" à "Hamap"

« Comme je l’ai dit précédemment, en 1998 il est interdit pour un militaire en activité de faire partie d’une instance dirigeante d’une association. J’ai passé cette l’année à lire de nombreux statuts d’association. N’y connaissant rien, il a donc fallu que je m’imprègne de statuts très divers pour bien comprendre l’importance de rédiger tel ou tel article et surtout de se border pour éviter des dérives qui pourraient rapidement nous mener devant un tribunal »...

« Début 1999, nous nous réunissons tous chez Mylène Demongeot, rue de Maubeuge à Paris, en compagnie de Didier Desbrosses, son chargé d’affaires. Je sens l’équipe très partante et enthousiaste ! Mais aucun des membres ne veut prendre la présidence.

Quelques jours plus tard, une annonce officielle est faite selon laquelle le Président Jacques Chirac a décidé de créer une armée de métier. Pour éviter une rupture trop importante entre le milieu militaire et le milieu civil, un décret est alors promulgué autorisant les militaires à faire partie des instances dirigeantes des associations.

Nous déposons ainsi les statuts de notre association qui voit le jour par une déclaration au Journal officiel du 8 mai 1999. Mais le nom de Hamap-Humanitaire n’existera que bien plus tard.

Le nom initial a été Démineurs sans frontières. A peine déposé à l’INPI, nous sommes attaqués par l’association « Médecins sans frontières »  qui ne veut pas que nous portions ce nom, précisant que « sans frontières » est sa propriété. Il y avait alors 150 associations qui s’appelaient « sans frontières » dont 57 qui portait le nom d’un métier associé à « sans frontières ». Nous avons eu finalement le droit de garder le nom de Démineurs sans frontières. Cependant, le tribunal nous a interdit de faire des promotions de collecte d’argent sous cet intitulé. Comme nous étions dans une spirale positive, nous avons décidé de nous appeler Hamap-DSF puis quelques années après nous sommes devenus Hamap car nous faisions plus d’accès à l’eau que de travail contre les mines et dernièrement Hamap-Humanitaire pour nous dissocier des AMAP, le petit panier garni de légumes…

Le bureau a été ainsi constitué :                                  

Joël Kaigre président, Marc Simenon et Dominique Bouriez vice-présidents, Boniface Matingou secrétaire général et Christian Puyo trésorier. Didier Desbrosses administrateur, Emmanuel Farrugia a pris la tête du comité d’éthique, Mylène Demongeot est devenue la marraine, Marc est malheureusement décédé un an après, d’une chute malencontreuse dans son loft de la rue de Maubeuge.  Cela a été une très grosse perte pour notre association.

Lorsque Pierre Casoli, notre responsable démineur, rentre de Tmemichat en Mauritanie, pour nous parler des problèmes d’eau que rencontrent les femmes sur le terrain, nos administrateurs et membres du bureau se posent alors la question de savoir si nous devons nous disperser dans d’autres directions que le déminage. Notre réflexion a pris un certain temps avant que nous décidions  finalement de créer plusieurs branches. Cela a été une véritable révolution copernicienne, car très vite, nous nous sommes aperçus en écoutant les familles vivant sur le terrain, que l’eau devenait la priorité numéro 1 pour une raison évidente : sans eau on ne vit pas !

L’assainissement nous apparaîtra par la suite également vital car, sans sanitaire, les femmes se faisaient souvent agresser dans la brousse où elles allaient faire leurs besoins et elles attrapaient parfois des maladies à force de se retenir pour ne sortir qu’une fois la nuit tombée. Des jeunes filles viendront nous voir pour nous dire que nous leur avons rendu la dignité en leur mettant des sanitaires à disposition. Aussi, pour faire d’une pierre deux coups, nous en installerons dans les établissements scolaires, pour permettre aux filles d’aller à l’école et d’avoir accès aux toilettes.

C’est un nouvel axe à la fois d’hygiène, donc de santé, d’éducation et de protection infantile.

Puis l’éducation et la santé sont devenus très importants également, au point de parfois passer avant les mines. Dans la mesure où celles-ci étaient bien balisées et les terrains minés répertoriés, les enfants et les nomades ne s’y aventuraient pas.

Ainsi, au cours des articles suivant nous allons vous présenter les projets que nous avons réalisés mais aussi des projets à réaliser souhaitant vivement que cela vous pousse à soutenir nos actions, financièrement bien sûr, mais surtout en mettant à notre disposition votre réseau, vos connaissances qui peuvent nous apporter aussi une aide importante.

Nous avions un slogan à la création de Hamap : « nous faisons des pieds et des mains pour que les enfants gardent les leurs, un coup de pouce nous ferait du bien ».

Nous en avons encore besoin aujourd’hui, ce slogan est toujours d’actualité.

La semaine prochaine je vous illustrerai ce coup de pouce lors de notre première mission d’eau réalisée à Madagascar et comment elle a eu une répercussion au Liban, à la frontière syrienne.

Encore la providence…»

Joël Kaigre, fondateur d'Hamap.

http://hamap-humanitaire.org


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