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Harmonium Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. A la surprise d'Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l'harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié... Entretien avec Kkoji Fukadas le réalisateur Le thème de la famille est au centre de Harmonium. Quelle était votre idée au départ ? L’homme vit en société en faisant cohabiter des gens qui ne se comprennent pas, avec comme entité représentative la plus petite, la famille. Les humains sont par nature des êtres vivants portant tous en eux une solitude contre laquelle ils ne peuvent pas lutter. Ce que je voudrais décrire c’est une famille dans laquelle chacun prend conscience de cet état mais est obligé de vivre malgré tout avec les autres, une fatalité. Le cinéma japonais idéalise le lien familial, mais en diffusant ainsi l’image d’une «famille idéale» démodée et stéréotypée, on renie les divers types de familles qui existent réellement. Je tiens à décrire une famille déjà effondrée parce que considérer l’effondrement d’une famille comme une tragédie c’est idéaliser ce qu’elle aurait pu être. Harmonium pose la question du système familial, il ébranle, montre la solitude originelle et fait apparaître le lien qui perdure, malgré tout. Je crois que mon portrait de la famille du XXIe siècle pourra interpeller le spectateur, dans cette société où l’on commence à se rendre compte que la conception de la famille, qui nous avait protégés tout en nous étouffant, n’était qu’une construction illusoire. Tadanobu Asano interprète Yasaka, un ancien ami de Toshio, le père de famille. Yasaka se révèle de plus en plus inquiétant... Comment avez-vous eu l’idée de ce personnage? Comme dans une catastrophe naturelle où les causes ne relèvent ni du bien ni du mal, le criminel, au moment de commettre son crime, ne peut expliquer avec précision les motifs de son action. Je pense que nous vivons dans une certaine ambiguïté ordinaire, loin du concept du Bien et du Mal. Je ne vois pas en Yasaka le symbole du Mal. Il n’est ni bon ni mauvais, je veux montrer que le Bien ou le Mal en chacun vient de ce que la relation à autrui fait de lui. Harmonium est un film d’une tonalité plus sombre que vos précédents films, dans un genre proche du thriller psychologique. Quelles ont été vos influences pour ce film ? Quelle est la part de réalisme dans votre travail pour ce film? Aviez-vous des sources d’inspiration particulières ? Dans leurs films, René Clair, Robert Bresson ou les frères Dardenne sont à la recherche de réalismes différents. Je me sens proche des méthodes de Rohmer. Il s’entretient avec les acteurs et ainsi construit un texte très précis. Avec ce texte, les acteurs vont développer un jeu qui leur est absolument propre. Rohmer est un génie de la construction du récit et c’est grâce à ce texte très strict qu'il dirige les comédiens. Il n’explique pas la psychologie des personnages mais donne à l’imaginer, avec cette structure précise, où, dans chaque scène, le comédien doit fabriquer son propre espace. Je crois qu’ainsi le comédien donne au spectateur le temps de développer son imagination. C’est le secret du réalisme moderne. Quel regard portez-vous sur le cinéma de votre pays ? Drame japonais de Kkoji Fukadas. Prix du jury, Un certain regard, festival de Cannes 2016. 4 étoiles AlloCiné. Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |