Birdman avec Michael Keaton

À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego… S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir... 

Avec BIRDMAN ou la surprenante vertu de l’ignorance, Alejandro G. Iñárritu signe une comédie noire dans laquelle Riggan Thomson, acteur has been autrefois célèbre pour avoir incarné un super-héros, tente de relancer sa carrière en montant une audacieuse pièce de théâtre à Broadway. Il espère que ce projet insensé légitimera son statut d’artiste et prouvera à tous, y compris à lui-même, qu’il est autre chose qu’une star déchue… Tout en préparant fébrilement la première, Riggan va devoir jongler avec tout ce qui fait, a fait ou fera sa vie… Quelques jours pour devenir complètement dingue ou avoir une chance de trouver son équilibre…

Alejandro G. Iñárritu confie : « Plusieurs éléments de l’histoire de Riggan ont trouvé un écho en moi, en particulier la réflexion sur la nature éphémère du succès et l’intérêt qu’il peut présenter. J’avais envie d’explorer la question de l’ego et l’idée que le succès – qu’il s’agisse d’une réussite financière ou de célébrité – est toujours une illusion. Ça n’est que temporaire. Quand on court après ce que l’on croit désirer en espérant la reconnaissance du public, même si on finit par l’obtenir, on se rend très vite compte que la satisfaction que l’on en retire est passagère. »

Le réalisateur poursuit : « Riggan est un personnage profondément humain. Il m’est apparu comme une sorte de Don Quichotte : l’humour du film naît du décalage permanent entre sa très sérieuse ambition et la sordide réalité qui l’entoure. En fait, c’est notre histoire à tous. » Il ajoute : « J’aime les personnages imparfaits, pétris de doutes et de contradictions… ce qui décrit bien toutes les personnes que je connais ! Riggan a fait de mauvais choix et cela affecte ses proches. Toute sa vie durant, il a confondu l’amour et l’admiration. Et il doit d’abord réaliser combien l’admiration est insignifiante avant de commencer péniblement à apprendre à aimer les autres et à s’aimer lui-même. »

À propos de son personnage, Michael Keaton déclare : « J’ai considéré Riggan d’abord en tant qu’être humain. Mais étant acteur, il possède évidemment une personnalité à part. Les comédiens ont déjà tendance à être égocentriques, mais chez lui, le moins que l’on puisse dire c’est que cela prend des proportions démesurées. » Pour l’ego torturé de Riggan, la frontière entre réalité et illusion est mince, voire inexistante. L’ombre de Birdman – arrogant compagnon de tous les instants – n’est jamais loin, que cela lui plaise ou non.

Alejandro G. Iñárritu explique : « Riggan entreprend d’apprendre à s’aimer, c’est un cheminement très personnel. Et tandis qu’il tente de se défaire de sa médiocrité, son ego – à la fois ami fidèle et persécuteur – reproduit les schémas que Riggan aimerait laisser derrière lui et le place face à ses multiples limites et à ses délires. Il y a là-dedans quelque chose de tragi-comique, mais aussi d’à la fois foncièrement réaliste et surréaliste. » Il poursuit : « Birdman est le surmoi de Riggan, et de son point de vue, Riggan fait une énorme erreur en montant cette pièce qui est clairement indigne d’eux. Du point de vue de Riggan en revanche, c’est Birdman qui a perdu la tête. Mais bien sûr, en définitive, ils sont tous les deux à côté de la plaque. »

Comme tous les films d’Alejandro G. Iñárritu, BIRDMAN explore les multiples facettes de l’existence humaine à travers ses personnages, emmenés par Riggan, et oscille entre comédie et drame, illusion et réalité, laissant la porte ouverte à de nombreuses interprétations. Le réalisateur déclare : « J’ai toujours pensé qu’après avoir atteint 40 ans, un projet qui ne vous effraie pas ne vaut pas la peine qu’on l’entreprenne. Et pour ce film, j’étais complètement terrorisé ! Il m’a poussé à m’aventurer en territoire inconnu, ce qui est loin d’être confortable. »

 Le producteur John Lesher déclare : « Il s’agit d’un film dramatique porté par des personnages forts qui contient aussi des éléments comiques. C’est un genre nouveau pour Alejandro. Mais il est très doué pour aborder le terrain de la condition humaine. » Michael Keaton ajoute : « Pour Alejandro, tout ce qui compte c’est le projet, le film, l’histoire et les personnages. Il lui tient à cœur de réaliser des œuvres sincères et pleines de sens. Et de ce point de vue, BIRDMAN est une réussite. » Si le film raconte les tribulations de comédiens, pour Alejandro G. Iñárritu leur quête d’admiration est universelle.

 Il développe : « La définition moderne de la réussite est la célébrité instantanée ; les gens ne veulent plus être reconnus pour une œuvre bâtie au fil du temps. En l’espace d’une seconde, on peut avoir 800 000 mentions « j’aime » et autant d’abonnés, et pour certains cela représente en soi une réussite, ce qui est complètement aberrant. L’immédiateté des réseaux sociaux peut facilement fausser la réalité perçue par un être humain, en particulier Riggan, qui doit se soumettre à l’image que les gens ont de lui. Tout cela est nouveau pour lui, et ce mélange des genres est difficile. Le film raconte justement l’histoire d’un homme qui tente de prouver qu’il est davantage qu’une célébrité éphémère. Mais dans le monde d’aujourd’hui où l’ironie règne en maître, celui qui veut être sincère se fait crucifier. C’est un monde absurde et surréaliste. Mon objectif était d’explorer de manière amusante ce qu’il y a de pire dans la nature humaine afin de nous réconcilier, si ce n’est avec le caractère imparfait de notre monde ou de l’être humain, avec la façon dont nous les abordons et les vivons. »

 La pièce montée par Riggan au prestigieux St. James Theater est adaptée de la nouvelle de Raymond Carver intitulée « Parlez-moi d’amour ». On y retrouve le thème de la quête incessante d’amour et de reconnaissance qui parcourt BIRDMAN.

Le réalisateur commente : « J’admire beaucoup Raymond Carver depuis l’adolescence, et cette nouvelle est un classique de la littérature. Je l’ai choisie pour le film parce que c’est en fait une très mauvaise idée ! J’essaie toujours de me mettre à la place de mes personnages, et pour quelqu’un comme Riggan, qui n’appartient pas à l’univers du théâtre, monter une pièce adaptée d’une nouvelle de Raymond Carver est extrêmement risqué, presque absurde. J’avais besoin qu’il y ait une pièce et il se trouve que les thèmes développés dans cette nouvelle sont très similaires à ceux du film car Riggan cherche désespérément à se faire aimer et à comprendre la source de cet amour.

J’ai voulu jouer avec l’idée qu’il essaye d’appliquer certains des éléments de la pièce à sa propre vie. Petit à petit, il devient le personnage qu’il interprète : un type désespéré qui se réfugie dans une chambre d’hôtel miteuse, en quête d’amour. J’ai eu la chance que Tess Gallagher, la veuve de Raymond Carver, me fasse suffisamment confiance pour me confier les droits de l’histoire pour le film. Je lui en suis infiniment reconnaissant. »

Comédie dramatique d’Alejandro G. Iñárritu avec Michael Keaton.


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