Melody

Melody, modeste coiffeuse à domicile, est prête à tout pour réaliser son rêve : ouvrir son propre salon de coiffure. Contre une importante somme d'argent, elle accepte de porter le bébé d'une autre et rencontre Emily, riche Anglaise qui cherche désespérément à en avoir un... 

Entretien avec Bernard Bellefroid le réalisateur

Dans LA RÉGATE, vous abordiez le thème de la violence intra-familiale à travers le portrait d’un adolescent maltraité par son père. Pour votre second long-métrage, MELODY, vous souhaitiez continuer à creuser la question de la filiation ?
Qu’il s’agisse de mon premier film LA RÉGATE ou de mes documentaires, il y a un intérêt, pour ne pas dire une fascination, à travailler sur la tension entre les liens du sang et les relations désirées, subies ou fantasmées. D’une certaine façon, il est toujours question d’histoires d’adoption au sens large. J’ai aussi toujours été interpellé par la question de l’enfant considéré comme objet et qui devient sujet, et c’est davantage en ces termes que j’avais envie de continuer à creuser cette question de la filiation. « Vos enfants ne sont pas vos enfants (…) Ils viennent par vous mais non de vous (…) ce n’est pas à vous qu’ils appartiennent » ?

Est-ce que ce poème de Khalil Gibran rejoint le propos de MELODY ?
J’aime aussi un court texte d’Emmanuel Levinas sur la paternité: «L’enfant, en même temps chair de ma chair et un Autre qui n’est pas moi. Un Autre dont je suis toujours responsable mais pas propriétaire. Une sorte de prolongation de nous-mêmes, et en même temps un Autre qui n’appartient à personne. Tout au plus en suis-je responsable? Responsable de l’aider à grandir, à se grandir. »

Le thème des mères porteuses a été très peu traité au cinéma jusqu’ici. C’est un thème qui suscite beaucoup de questions morales et éthiques, et donc beaucoup de polémiques. Comment vous situez-vous par rapport à ces débats ?
Ça fait trois ans que je travaille sur ce sujet et plus j’avance, plus la complexité se fait jour. On pourrait dire que le tournage d’un film, c’est assez proche d’une reconstitution criminelle… Quand on ne comprend pas un crime, on met en présence le criminel présumé, l’arme, les témoins… Faire un film, pour moi, c’est assez proche. Face à quelque chose qu’on ne comprend pas, on écrit une histoire, on crée des personnages, on met en place notre reconstitution. Ici, la question de la GPA n’est pas un prétexte au film, le point de départ pour un tout autre sujet, qui se déploie peu à peu. Autre sujet qui fait débat : l’accouchement sous X.

On découvre dans le film que Melody est en réalité née dans l’anonymat et qu’elle n’a jamais connu sa mère. Sans ce vécu, pensez-vous que son cheminement personnel vis-à-vis de l’enfant qu’elle porte aurait été le même ?
Une histoire, c’est toujours la singularité d’un personnage, qui n’a pas pour vocation d’être le porte drapeau d’un sujet. Je trouvais intéressant de mettre ces deux sujets l’un en face de l’autre : la gestation pour autrui et l’accouchement sous X.

Drame de Bernard Bellefroid. Prix du public, prix du jury cinévox Namur 2014. Rachel Blake et Lucie Debay, meilleures actrices Montréal 2014.

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