Un peu, beaucoup, aveuglément

Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence. Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique. Elle doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie. Ils vont devoir cohabiter sans se voir... 

Après toutes ces années à jouer, pourquoi décider de passer à la réalisation ?
Longtemps j’ai dit que jamais je ne réaliserai. Chacun son métier. La réalisation était pour moi l’oeuvre d’un architecte qui exerce son art. Or je ne suis pas très à l’aise avec cette idée de l’Art avec un grand A. Je ne me suis jamais considéré comme un « Artiste » mais comme un artisan d’art. Je me suis d’ailleurs régalé à travailler dans cet esprit pendant trente ans, en tant que comédien.

Depuis quatre/cinq ans, l’idée de réaliser me trottait pourtant dans la tête mais je n’avais pas envie de me tromper donc je l’ai mûrie longtemps. Si je réalisais un film, je voulais le faire en espérant réaliser quelque chose de nécessaire, correspondant à un besoin artistique. Une fois ce besoin assumé et affirmé, il n’y avait plus de place au doute. Même si la route était encore longue, à partir du moment où j’étais moi-même convaincu, le projet devenait possible.

C’est un vrai premier film parce que je n’ai jamais réalisé de film auparavant mais en revanche c’est le premier film d’un type qui en a fait 100. J’ai cette chance-là. Ca fait trente ans cette année que je fais ce métier, que je tourne. Forcément, le plateau ne m’est pas inconnu, c’est un monde, notamment des gens (techniciens, comédiens) que je connais bien. J’ai accumulé beaucoup d’expérience et cela m’a naturellement beaucoup aidé.  

Pourquoi partir sur ce projet en particulier ? On ne vous attend pas forcément sur une comédie romantique.
Un bon western, un bon polar, un bon film de science-fiction, une bonne comédie, une bonne comédie romantique… tout ceci ne fait que parler de nous quelque part avec pudeur. La comédie romantique en général et celle-ci en particulier est l’occasion de parler de plein de choses au détour d’un jeu ludique.

A partir d’un concept assez simple, j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec les codes du genre. Dans les comédies où des gens n’ont rien à faire ensemble et évidemment tout à faire ensemble, c’est un régal parce que forcément, il y a un chemin. Et cette idée de chemin, cette notion de cheminement, d’évolution, m’a beaucoup intéressé. Prendre en considération les idées des personnages et les sortir de leur chemin balisé m’a beaucoup plu. Ce que j’aime bien aussi au cinéma, c’est de voir des choses que je n’ai pas vues auparavant.

Ce film-là avec cette idée-là de départ, je ne l’ai pas vu. Et pourtant, il s’inscrit pleinement dans le genre. Avec notre sujet, ce qui était bien pour les scénaristes et moi-même c’est qu’on partait d’une idée de Lilou. Il y avait quelque chose qui était porté par elle et qui était profond, intime. Cette idée-là, je ne l’aurais jamais eue tout seul et en même temps, c’est mon film. On peut dire que je me la suis pleinement appropriée.

Je suis quelqu’un de très ancré dans la réalité, pas du tout dans une sorte de petit rêve. Ce n’est pas mon fonds de commerce. Et bizarrement j’aime que les histoires soient folles, impossibles et merveilleuses. Il y a quelque chose de l’ordre du conte, de la fable (en l’occurrence la fable urbaine) qui me parle énormément.  

Parlez-nous de Machin. Qui est-il ?
Lui avez-vous apporté un peu de vous à l’écriture ? Machin est quelqu’un qui s’est arrêté de vivre après un drame il y a 7 ans. Il s’est renfermé petit à petit sur luimême et dans la construction de casse-têtes de plus en plus complexes. Il cherche seul une réponse à son existence alors que souvent la solution vient des autres.

Créer un personnage comme Machin qui s’est renfermé sur un truc amer, en colère c’est drôle parce que c’est ridicule. La misanthropie me fait rire. Les gens en colère me font rire parce qu’il y a souvent, dans la mauvaise humeur, une forme d’intelligence. 

En quoi Mélanie Bernier correspondait-elle au personnage de Machine ?
Au-delà du fait que Mélanie correspondait à l’image physiquement qu’on avait en tête pour Machine, mon souci était vraiment un souci de justesse par rapport à ce que je voulais faire. D’une part, Mélanie a une fantaisie qui lui permet de s’inscrire dans un récit « bigger than life ». Il ne faut pas avoir peur, on n’est pas dans un réalisme absolu mais dans une empathie qui doit être immédiate.

D’autre part, je trouve qu’en tant que comédienne, Mélanie est au bon moment, dans sa carrière, pour endosser un premier rôle. C’est l’occasion de la révéler comme héroïne. Et puis, l’essentiel, c’est la confiance mutuelle entre le réalisateur et l’actrice. Il faut qu’elle ait suffisamment confiance pour se laisser aller là où je veux l’emmener. Je n’ai pas été déçu.  

Comédie romantique de et avec Clovis Cornillac.

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