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Les combattants Entre ses potes et l’entreprise familiale, l’été d'Arnaud s’annonce tranquille… Tranquille jusqu'à sa rencontre avec Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire. Jusqu'où la suivre alors qu'elle ne lui a rien demandé ? C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de survie. Ou les deux... Entretien avec le réalisateur Thomas Cailley Ce qui s’impose quand on voit Les Combattants, c’est l’interaction entre les décors et les personnages. On a l’impression que la nature a été votre première inspiration. Vos personnages évoluent tout au long du film, on a l’impression de les voir grandir. Madeleine, c’est pareil, elle cherche toujours quelque chose à faire : sa préparation physique, ce qu’elle impose à son corps c’est ça. Quand elle est paumée, elle demande simplement à Arnaud « Qu’est-ce qu’on fait ? » Il lui répond « On s’adapte. On survit. » C’est ça leur système, et c’est au fond là-dessus qu’ils se retrouvent : sur cette capacité à agir, se relever, inventer des mondes. Toutes les expériences qu’ils traversent ont une valeur initiatique qui les fait grandir : se battre, s’engager dans l’armée ou manger un renard. Mais elles ont aussi une valeur de partage. Cette logique d’action est un jeu entre eux, c’est ce qui fait la force et la singularité de leur couple. La façon dont vous abordez l’armée est très singulière, une comédie sans stéréotype ni caricature… Elle a inspiré directement la plupart des scènes et des personnages. Ce qui était saisissant et souvent drôle, c’est le décalage entre les attentes des jeunes, leurs fantasmes guerriers, et la réalité de l’armée. Le lieutenant Schliefer, par exemple, est un personnage pour lequel j’ai beaucoup d’empathie. C’est un officier très investi. Il croit en sa mission, mais les jeunes qu’on lui envoie en stage le consternent par leur radicalité et leur individualisme. Schliefer va de désillusion en désillusion, c’est une vraie tragédie pour lui. On rit beaucoup dans votre film. La comédie permet systématiquement de réduire la distance entre le spectateur et les personnages, malgré l’absurdité de certaines situations et dialogues. Dans la séquence de la barque, Arnaud et Madeleine sont des micro-silhouettes au milieu d’un lac immense. Pourtant on comprend parfaitement ce qu’ils font. La caméra est à 500 mètres mais on est avec eux dans la barque. C’est cette sensation que j’aime, quand la comédie permet cette immersion dans le récit, cette intimité avec les personnages : on partage leurs rites, leurs fantasmes, leurs croyances. Et si certaines situations sont drôles en elles-mêmes, elles le deviennent aussi grâce à une logique de « résonances » entre les scènes du film. Prises individuellement, ces séquences peuvent sembler étranges, ou absurdes... Dans la continuité elles se répondent, participent à la construction des personnages...et à la comédie. Ce système d'écho, que nous avons poussé avec Lilian Corbeille, le monteur du film, permet d'entrer pas à pas dans la logique d'Arnaud et Madeleine. Un lien poétique se tisse, on participe à l’action à leur hauteur. Romance de Thomas Cailley. Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2014. Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |