A touch of Sin de Jia Zhang-Ke

Dahai, mineur exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, décide de passer à l'action. San'er, un travailleur migrant, découvre les infinies possibilités offertes par son arme à feu. Xiao Yu,hôtesse d'accueil dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d'un riche client. Xiao Hui passe d'un travail à un autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, un seul et même reflet de la Chine contemporaine : celui d'une société au développement économique brutal peu à peu gangrenée par la violence...

Entretien avec Jia Zhang-Ke, le réalisateur

Pourquoi avez-vous choisi la violence dans la société chinoise comme thème central de votre film ?
Lorsque je parcours l’énorme quantité d’informations à caractère social postées sur Weibo (l’équivalent chinois de Twitter), les comptes rendus d’événements violents – plus précisément d’événements au cours desquels la violence n’aurait pas dû être utilisée – me mettent mal à l’aise. La transformation rapide de la Chine s’est faite au profit de certaines régions mais également au détriment d’autres. L’écart entre riches et pauvres se creuse de plus en plus. Les gens ont le moral en berne car ils sont constamment confrontés à des exemples de richesses mais aussi à l’injustice sociale. À l’exception de Weibo, notre société manque de canaux de communication. Pour les plus faibles, qui n’ont pas l’habitude de communiquer, la violence peut devenir le moyen le plus rapide et le plus efficace de conserver leur dignité. Face à autant d’incidents violents, j’ai senti qu’il fallait que je parle du problème de la violence dans un film. C’est peut-être le seul moyen de réduire sa place dans nos vies.

Je me suis donc lancé dans l’écriture d’un film qui serait une série de portraits de la violence plutôt que l’histoire d’un seul protagoniste. Afin d’illustrer la Chine moderne comme je la comprends, je suis parti de quatre faits divers incroyablement violents et j’en ai fait une œuvre de fiction. 

Le film montre le mécontentement individuel sous plusieurs formes. Est-ce un sentiment général ?
Le mécontentement est un sentiment très répandu. C'est d'ailleurs souvent un facteur de progrès. La Chine a été coupée du monde pendant de nombreuses années et durant cette période, le collectivisme régnait en maître. Les gens manquaient de conscience individuelle.

Les réformes entreprises ces trente dernières années ont éveillé chez certains une nouvelle conscience d’eux-mêmes. Par ailleurs, les trois dernières décennies ont vu s'accumuler de nouveaux problèmes sociaux, et s'accroître les inégalités et la corruption.

Ces problèmes n’ont pas été traités à temps. Le cumul des problèmes sociaux et une conscience grandissante de la liberté individuelle ont créé un climat dans lequel les chinois ont de plus en plus d'attentes à l'égard des changements à l'œuvre dans le pays.

Prix du scénario au Festival de Cannes

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