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Le « magot » des députés et sénateurs La « réserve parlementaire » est une dotation financière utilisable par les sénateurs et députés, issue du budget de l'Assemblée nationale et du Sénat, qui sert à financer des associations et des collectivités de leur circonscription. L'emploi, la publication, la répartition de ce « magot » ne furent pas toujours réalisés dans la plus grande transparence. Mais les pratiques évoluent dans le bon sens même si les sénateurs ont encore du mal à mettre à disposition des citoyens les détails de l'utilisation de ces fonds publics... Le dispositif En novembre 2012, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls indique au député René Dosière la répartition de la « réserve parlementaire » par département. Fin janvier 2013, Manuel Valls, sollicité par le sénateur Jean-Louis Masson communique le détail des subventions distribuées en 2010 et 2011 dans le département de l’Oise. Mis en lumière par la presse, la révision de son fonctionnement est annoncée en 2012 par le nouveau président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone. Le montant cumulé de la réserve parlementaire s'élève chaque année à environ 90 millions d’euros mis à disposition pour les députés et 58 millions pour les sénateurs. Jusqu'en 2007, les critères d’attribution sont la présence des élus, leur implication dans le travail parlementaire, leur ancienneté et les postes occupés. Un questeur ou un président de commission, à son quatrième ou cinquième mandat, peut avoir jusqu’à 300 000 euros de réserve, contre à peine 10 000 pour un novice. Jusqu’en 2002 le président de la commission des finances et le rapporteur décidaient seuls des crédits alloués à chaque député. Ce rôle est ensuite partagé avec les présidents des groupes politiques constitués au Palais Bourbon. Depuis 2012, c'est une somme identique qui est octroyée à chaque député bien que le président de groupe puisse encore la moduler, qu'il soit dans l'opposition ou la majorité à hauteur de 130 000 €, somme qui est doublée (260 000 €) pour les vice-présidents et responsables de groupes, le président disposait lui de 520 000 € pour sa circonscription et d'environ deux millions d'euros pour des œuvres caritatives. Le montant des subventions versées au titre de la réserve parlementaire sont soumises aux règles communes à toute subvention de l’État : Le montant des subventions ne peut dépasser 50 % du volume des travaux prévus (HT). Elles peuvent compléter d'autres subventions accordées par les collectivités territoriales, mais l'ensemble ne doit pas dépasser 80 % des travaux. Opacité et disparités Devançant la publication annoncée pour fin 2013 par le président de l'Assemblée nationale, des parlementaires publient volontairement leurs financements sur leurs blogs, dont le recensement est effectué par le quotidien Libération avec 120 données recensées en avril 2013. Au Sénat, le président de la commission des finances Philippe Marini explique ne pas être favorable à sa publicité et justifie les disparités de son montant : « Que des parlementaires communiquent sur la façon dont ils distribuent leur réserve, ils en ont parfaitement le droit. Je n’en vois pas l’utilité et j’estime qu’il y a déjà beaucoup de littérature sur ce sujet. Il s’agit d’une très faible fraction des crédits publics et elle sert à financer des projets locaux ou d’intérêt général. Faisons un peu confiance aux représentants du peuple. On sait que le travail parlementaire repose sur quelques dizaines de députés et de sénateurs, alors que certains viennent une fois par semaine en réunion de groupe. Tous ne sont pas présents et actifs. Il est normal que la répartition de la réserve [entre les sénateurs] tienne compte de l’investissement de chacun. » Le sénateur Philippe Marini soutient fortement sa ville de Compiègne avec les fonds du Sénat pour une moyenne annuelle de près de 2,5 M€, représentant 14% des ressources de financement de la collectivité entre 2005 et 2007, sur un montant total voisin de 4 M€. Le système de réserve parlementaire critiqué pour ses inégalités d'attribution d'un député ou sénateur à un autre. Jusqu'à la réforme appliquée pour la première fois en 2013, le montant alloué par parlementaire variait considérablement. En juin 2013, Hervé Lebreton, président de l'association pour une démocratie directe, obtient par décision du Tribunal administratif de Paris la liste détaillée des versements effectués au titre de la réserve parlementaire pour 2011. Le premier bénéficiaire en est le président de l'Assemblée nationale d'alors Bernard Accoyer avec Conflits d’intérêts Le sénateur Philippe Marini est critiqué en 2013 pour des financements de 340 750 € d'un centre équestre dont une association présidée par son épouse est une utilisatrice importante. Si la publication du détail de l'emploi de la réserve des sénateurs n'est prévue qu'au printemps prochain, le détail pour les députés est disponible ici. Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. 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