La braconne avec Patrick chesnais

Driss, pas vingt ans, vit de petits rackets et d’expédients. Il croise la route de Danny, voleur fatigué, qui arpente les zones commerciales au volant de sa vieille Merco. Sous la houlette de Danny, le jeune Driss, frimeur et naïf, fait ses classes et apprend quelques ficelles. Le monde violent où l’emmène peu à peu le vieux truand va mettre un terme à l’insouciance du jeune homme...

Entretien avec Samuel Rondière, le réalisateur

Comment définiriez-vous votre film ?
Ça ressemble un peu à un « buddy movie » classique, avec des personnages qui sont sur des rythmes et des étapes de leur vie très différents. Une vieille histoire : ils se rencontrent, n’ont rien à voir, mais font équipe. Normalement, classiquement, le tandem déséquilibré est censé trouver sa complémentarité à la fin. Mais ce n’était pas le but pour moi. Le moment où Driss et Danny fonctionnent ensemble est extrêmement bref dans le film, ça dure l’espace d’un plan séquence, quand ils échangent leurs prénoms. Ce qui m’intéressait davantage, c’était de dégager un autre processus, un processus de transformation. Ce qui est transmis à l’autre, c’est une certaine conscience : on pourrait dire la conscience de la vie qu’ils mènent, mais je crois que c’est un peu plus que ça.

Deux générations de voyous se rencontrent, à travers les personnages de Danny et Driss, mais sans que l’on tombe dans les stéréotypes ou le surdéterminisme social.
Bon, ça m’amusait de prendre une caillera parce que c’était en train de devenir une sorte d’archétype, à l’époque où j’ai commencé le film et que je trouvais ça bizarre. Parce qu’en fait, un jeune de cité, comme on dit, c’est d’abord une personne. Et moi j’ai voulu filmer cette personne, qui en l’occurrence est un voyou, avec un certain background, mais qui est plutôt un paria. Chesnais, lui, est un vieux briscard, avec un côté LES TONTONS FLINGUEURS, mais sans la posture. Plus jeune, je voyais des mecs comme ça dans la rue, des types des années 1950-60 avec un côté marlou, qui avaient clairement des kilomètres au compteur et des cailloux dans la voix, j’avais déjà envie de savoir qui ils étaient. Ça m’amusait de poser ces deux stéréotypes d’emblée, parce que c’est vraiment un changement de génération, et ensuite de les ouvrir, de les rendre plus souples, de révéler l’humain.

Avez-vous entrepris un travail documentaire sur le milieu de l’arnaque et des combines ?
J’ai beaucoup traîné à Paris avec des gens très différents, par intérêts communs et par «  disponibilité  ». C’est un monde que j’ai donc été amené à côtoyer, parmi d’autres. Dans LA BRACONNE, on se retrouve dans des univers illégaux, très critiquables, qui reposent parfois sur des actes violents, sur une certaine dureté. Mais je voulais amener l’idée paradoxale que les gens qui évoluent en leur sein ne sont pas nécessairement en accord avec ce qu’ils font, avec leur vie. Pour autant, ils vivent ainsi. Je n’ai pas de fascination pour la vie de petit voyou : je trouve que c’est une vie très dure, peu enviable. Mais il y a quelque chose dans LA BRACONNE qui est parti de ce constat personnel, et troublant, qu’on peut avoir des échanges humains, et même parfois se marrer avec des gens qu’on n’aimerait pas vraiment croiser dans d’autres circonstances. Cette complexité humaine a fait bouger chez moi certaines lignes morales. J’ai essayé d’aborder un peu cette question dans le film : dans ce genre de contexte, dans ce genre de vie, où se situe l’humanité ? Je voulais vraiment sortir de la sociologie.

La Braconne
Comédie dramatique de Samuel Rondiere avec Patrick Chesnais et Rachid Youcef

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