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Chômage : le progrès détruit-il des emplois ? L’idée que le progrès technique détruit de l’emploi est communément admise. L’automatisation et l’informatisation poussent progressivement à la disparition du travail, même dans le secteur tertiaire. Le phénomène n'est pas nouveau. Au début du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle en Grande-Bretagne, toute une corporation se révolte contre sa disparition annoncée. Il s'agit des luddistes, artisans tondeurs et tricoteurs sur métiers à bras menacés par les manufacturiers et leurs machines industrielles à tisser. La lutte des membres de ce mouvement clandestin, appelés luddistes ou luddites, s'est caractérisée par le « bris de machines ». Retour en arrière sur un épisode terriblement d'actualité... Le terme « luddsime » Le terme « luddisme » est parfois utilisé pour désigner ceux qui s'opposent aux nouvelles technologies ou critiquent celles-ci (on parle même de « néo-luddisme »). Origine du mouvement Les années 1811-1812 cristallisent les rancœurs des couches populaires anglaises et spécialement celles de ces artisans. C'est que, outre la crise économique, les mauvaises récoltes et la famine, ces années marquent la fin des politiques paternalistes qui protégeaient les artisans et le lancement en grande pompe de la politique du « laissez-faire » — on parlerait aujourd'hui de libéralisme économique. Révolte des luddistes Novembre 1811 : le mouvement s'est organisé et certains leaders commencent à répandre la contestation. De nombreuses fabriques font l'objet de destructions « ciblées » puisque seuls certains métiers sont disloqués. Hiver 1811-1812 : le mouvement s'étend encore et se structure. Les luddistes attaquent en petits groupes, ils sont armés et masqués. Dès février 1812, alors que le « Frame Work Bill » est adopté par le parlement britannique, les troubles diminuent dans le Nottinghamshire et débutent dans le Yorkshire et le Lancashire. Avril 1812 : dans le Yorkshire une attaque de luddites contre une fabrique à Rawfolds échoue, deux luddites sont tués. Le mouvement se radicalise. Été 1812 : les actions armées se poursuivent, des collectes d'argent et d'armes s'organisent dans le Yorkshire. Une vraie conspiration prend naissance, avec pour objectif de renverser le gouvernement. Fin 1812 : le mouvement se poursuit dans le Lancashire, mais la révolte y est plus spontanée et moins organisée. La répression du gouvernement britannique se fait plus dure. Des actions dans des fabriques se poursuivront sporadiquement avec, par exemple, des bris de machines à Blackburn en 1826. Le mouvement s'est rapidement diffusé dans les Midlands et une véritable guerre s'est engagée entre les luddistes et le gouvernement britannique. On estime qu'à une certaine période, l'Angleterre avait mobilisé plus d'hommes pour combattre les luddistes que pour combattre Napoléon au Portugal. Fin de la révolte Pendant ce temps, les luddistes ont obtenu une satisfaction partielle : les salaires ont augmenté, la pression économique s'est un peu relâchée. Et, dans le même temps, les arrestations ont affaibli le mouvement. En 1812, une loi instaurant la peine capitale pour le bris de machine est entérinée, malgré les protestations et les pamphlets de Lord Byron3, entre autres. Treize luddistes sont pendus. Si des luddistes sont actifs jusqu'en 1817, leurs destructions deviennent de plus en plus désespérées. En fait, les trois métiers mentionnés vont quasiment disparaître à l'aube des années 1820. Si les luddistes disparaissent en tant que tels, ils nourrissent cependant d'autres mouvements ouvriers du début du xixe siècle. La contestation devient souterraine ou légale avant de ressurgir en force quelques années plus tard et mener au chartisme. La thèse luddite persiste de nos jours. Si le discours politique soutient en général le progrès technique, en pratique, dans chaque cas particulier, les politiques économiques sont souvent orientées en faveur des industries anciennes au détriment des industries naissantes qui les remplaceront (exemple : soutien de l'industrie du disque Vs entraves à la diffusion par Internet). Critique de la thèse luddiste De ces processus découlent ce qu’il nomme le « déversement », c’est-à-dire le transfert de la population active des activités dont le besoin de main d’œuvre diminue en raison du progrès vers de nouvelles activités suscitées par ce même progrès technique (fabrication des machines créées par le progrès, productions nouvelles, etc.). C'est par ce processus de « déversement » qu’Alfred Sauvy explique la transformation de la structure de la population active : la société agricole est devenue industrielle, avant d’être dominée par le secteur tertiaire - en suscitant à chaque fois une transformation qualitative des emplois, mais non leur diminution quantitative. Alfred Sauvy postule enfin que l’humanité s’inventera toujours de nouveaux désirs que le progrès technique comblera. Pour accompagner votre entreprise dans ses investissements afin de s'adapter aux progrès techniques, des experts-comptables : 60520 - PATRICK GAUTIER EXPERTISE http://www.expert-comptable-senlis-60.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |