Chômage : le progrès détruit-il des emplois ?

L’idée que le progrès technique détruit de l’emploi est communément admise.  L’automatisation et l’informatisation poussent progressivement à la disparition du travail, même dans le secteur tertiaire. Le phénomène n'est pas nouveau. Au début du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle en Grande-Bretagne, toute une corporation se révolte contre sa disparition annoncée. Il s'agit des luddistes, artisans tondeurs et tricoteurs sur métiers à bras menacés par les manufacturiers et leurs machines industrielles à tisser. La lutte des membres de ce mouvement clandestin, appelés luddistes ou luddites, s'est caractérisée par le « bris de machines ». Retour en arrière sur un épisode terriblement d'actualité...

Le terme « luddsime »
Il trouve son origine dans le nom d'un ouvrier anglais, John ou Ned Ludd (parfois appelé « Captain Ludd », « King Ludd » ou « General Ludd »), qui aurait détruit deux métiers à tisser en 1780. En fait, on ignore s'il a véritablement existé. Mais des lettres signées de ce nom ont été envoyées en 1811, menaçant les patrons de l'industrie textile de sabotage. Ned Ludd est devenu le leadeur imaginaire d'un grand mouvement, dans un contexte où un leadeur déclaré serait tombé rapidement, victime de la répression.

Le terme « luddisme » est parfois utilisé pour désigner ceux qui s'opposent aux nouvelles technologies ou critiquent celles-ci (on parle même de « néo-luddisme »).

Origine du mouvement
La révolution industrielle bouleverse l'Angleterre du début du xixe siècle. Dans le milieu du textile, trois professions sont particulièrement menacées par l'apparition de métiers mécaniques : les tondeurs de drap, les tisserands sur coton et les tricoteurs sur métier. Ceux qui les pratiquent sont des artisans assez puissants, bien organisés malgré les lois de 1799 interdisant toute association en Angleterre (Combination Act), et mieux lotis que les ouvriers qui travaillent dans les usines. Ces métiers très techniques sont déterminants pour la qualité des draps ou des tissus : selon le travail d'un tondeur de drap, par exemple, le prix du produit fini peut varier de 20 %.

Les années 1811-1812 cristallisent les rancœurs des couches populaires anglaises et spécialement celles de ces artisans. C'est que, outre la crise économique, les mauvaises récoltes et la famine, ces années marquent la fin des politiques paternalistes qui protégeaient les artisans et le lancement en grande pompe de la politique du « laissez-faire » — on parlerait aujourd'hui de libéralisme économique.

Révolte des luddistes
Mars 1811 : à Nottingham, une manifestation syndicale de tondeurs sur drap est sévèrement réprimée par les militaires. Dans la nuit, 60 métiers à tisser sont détruits par un groupe issu des manifestants.

Novembre 1811 : le mouvement s'est organisé et certains leaders commencent à répandre la contestation. De nombreuses fabriques font l'objet de destructions « ciblées » puisque seuls certains métiers sont disloqués.

Hiver 1811-1812 : le mouvement s'étend encore et se structure. Les luddistes attaquent en petits groupes, ils sont armés et masqués.

Dès février 1812, alors que le « Frame Work Bill » est adopté par le parlement britannique, les troubles diminuent dans le Nottinghamshire et débutent dans le Yorkshire et le Lancashire.

Avril 1812 : dans le Yorkshire une attaque de luddites contre une fabrique à Rawfolds échoue, deux luddites sont tués. Le mouvement se radicalise.

Été 1812 : les actions armées se poursuivent, des collectes d'argent et d'armes s'organisent dans le Yorkshire. Une vraie conspiration prend naissance, avec pour objectif de renverser le gouvernement.

Fin 1812 : le mouvement se poursuit dans le Lancashire, mais la révolte y est plus spontanée et moins organisée. La répression du gouvernement britannique se fait plus dure.

Des actions dans des fabriques se poursuivront sporadiquement avec, par exemple, des bris de machines à Blackburn en 1826.

Le mouvement s'est rapidement diffusé dans les Midlands et une véritable guerre s'est engagée entre les luddistes et le gouvernement britannique. On estime qu'à une certaine période, l'Angleterre avait mobilisé plus d'hommes pour combattre les luddistes que pour combattre Napoléon au Portugal.

Fin de la révolte
En 1812, les artisans du textile essaient d'emprunter la voie constitutionnelle : ils proposent au Parlement d'adopter une loi pour protéger leur métier. Ils paient au prix fort des avocats, font un vrai travail de lobbying, mais la loi n'est pas adoptée.

Pendant ce temps, les luddistes ont obtenu une satisfaction partielle : les salaires ont augmenté, la pression économique s'est un peu relâchée. Et, dans le même temps, les arrestations ont affaibli le mouvement.

En 1812, une loi instaurant la peine capitale pour le bris de machine est entérinée, malgré les protestations et les pamphlets de Lord Byron3, entre autres. Treize luddistes sont pendus.

Si des luddistes sont actifs jusqu'en 1817, leurs destructions deviennent de plus en plus désespérées. En fait, les trois métiers mentionnés vont quasiment disparaître à l'aube des années 1820.

Si les luddistes disparaissent en tant que tels, ils nourrissent cependant d'autres mouvements ouvriers du début du xixe siècle. La contestation devient souterraine ou légale avant de ressurgir en force quelques années plus tard et mener au chartisme.

La thèse luddite persiste de nos jours. Si le discours politique soutient en général le progrès technique, en pratique, dans chaque cas particulier, les politiques économiques sont souvent orientées en faveur des industries anciennes au détriment des industries naissantes qui les remplaceront (exemple : soutien de l'industrie du disque Vs entraves à la diffusion par Internet). 

Critique de la thèse luddiste
La critique la plus classique de cette idée a été formulée par Alfred Sauvy, dans La Machine et le Chômage (1980), où il présente la célèbre thèse dite du « déversement ». Après avoir rappelé que, durant les deux siècles précédents, le progrès technique a bouleversé les modes de production et décuplé la productivité sans susciter l’augmentation durable du chômage, il insiste sur les effets indirects du progrès technique : « le travail consacré à la production de la machine ; l’accroissement de la vente des produits bénéficiant du progrès, grâce à la baisse de leur prix et la production de masse ; l’apparition de consommations nouvelles ou l’augmentation de consommations anciennes ».

De ces processus découlent ce qu’il nomme le « déversement », c’est-à-dire le transfert de la population active des activités dont le besoin de main d’œuvre diminue en raison du progrès vers de nouvelles activités suscitées par ce même progrès technique (fabrication des machines créées par le progrès, productions nouvelles, etc.). C'est par ce processus de « déversement » qu’Alfred Sauvy explique la transformation de la structure de la population active : la société agricole est devenue industrielle, avant d’être dominée par le secteur tertiaire - en suscitant à chaque fois une transformation qualitative des emplois, mais non leur diminution quantitative. Alfred Sauvy postule enfin que l’humanité s’inventera toujours de nouveaux désirs que le progrès technique comblera.

Pour accompagner votre entreprise dans ses investissements afin de s'adapter aux progrès techniques, des experts-comptables :

60520 - PATRICK GAUTIER EXPERTISE http://www.expert-comptable-senlis-60.com
75008 - ECCEC EXPERTISE COMPTABLE - CONTROLE - ECONOMIE http://www.expert-comptable-ce-paris.com
75017 - CABINET EVEZARD ET ASSOCIES - EXPERT COMPTABLE http://www.expert-comptable-paris-17.com
77400 - INSTITUT FIDUCIAIRE DE REVISION ET D'EXPERTISE http://www.expert-comptable-marne-la-vallee-77.com
78000 - QUALIANS http://www.expert-comptable-versailles.com
78120 - EACF RAMBOUILLET SARL http://www.expert-comptable-rambouillet.com
78220 - CABINET GEXCO EXPERT COMPTABLE http://www.expert-comptable-78.com
78370 - ARAL CONSEIL PLAISIR http://www.expert-comptable-plaisir-78.com
78430 - ARAL CONSEIL LOUVECIENNES http://www.expert-comptable-louveciennes-78.com
91000 - CABINET GERMAIN ALTER AUDIT EXPERT COMPTABLE http://www.expert-comptable-evry.com
91100 - CABINET SECE CONSEIL EXPERT COMPTABLE http://www.expert-comptable-corbeil.com
91160 - CREATIS GOMEZ & ASSOCIES http://www.expert-comptable-longjumeau.com
91160 - AGEXCO AUDIT EXPERT COMPTABLE http://www.expert-comptable-longjumeau-champlan.com
91240 - CO.SEF & AUDASCO http://www.expert-comptable-91-saint-michel-sur-orge.com
91290 - AFEX EXPERTISE COMPTABLE http://www.expert-comptable-arpajon.com
91944 - GROUPE AREC http://www.expert-comptable-courtaboeuf-91.com
92100 - COMPAC http://www.expert-comptable-boulogne-billancourt-92.com
92250 - BSG CONSEIL http://www.expert-comptable-colombes-92.com
94100 - CABINET QUANTIN AUDIT ET CONSEIL http://www.expert-comptable-saint-maur-94.com
94130 - FIDUCIAIRE MONSIGNY http://www.expert-comptable-nogent-sur-marne.com
94300 - SOFICOGEST http://www.expert-comptable-vincennes-94.com
95000 - ADEX AUDIT DATA EXPERTISE http://www.expert-comptable-cergy-95.com


Voir toutes les newsletters :
www.haoui.com
Pour les professionnels : HaOui.fr