La dette d’aujourd’hui, c’est les impôts de demain

Au XIXe siècle, l’économiste David Ricardo énonçait un théorème (l’équivalence ricardienne), qui démontrait, sous certaines conditions, l’équivalence entre l'augmentation de la dette publique aujourd'hui et l'augmentation des impôts requise demain par le remboursement de cette dette et le paiement des intérêts. Il développa une pensée économique qui influence encore aujourd’hui certains courants libéraux…

David Ricardo (1772- 1823) est considéré comme l'un des économistes les plus influents de l'école classique aux côtés d'Adam Smith et Thomas Malthus.

L'Économiste
Ricardo est un autodidacte de la pensée économique. Il correspond en abondance avec Jeremy Bentham, Thomas Malthus et Jean-Baptiste Say, sur des sujets tels que le rôle des propriétaires terriens dans la société.

En 1820, David Ricardo écrit à Malthus quelques années avant sa mort :

« L'économie politique est selon vous une enquête sur la nature et les causes de la richesse. J'estime au contraire qu'elle doit être définie : une enquête sur la distribution ... De jour en jour, je suis plus convaincu que la première étude est vaine et décevante et que la seconde constitue l'objet propre de la science »

Théorie de la valeur
La valeur d'échange d'un produit n'est pas fonction de son utilité, la preuve en est que des produits très utiles comme l'eau n'ont aucune valeur d'échange. Si quelques marchandises sont naturellement limitées, la plupart ont leur volume en fonction du travail que l'on accepte de consacrer à leur production. Ainsi c'est donc bien le travail qui fait la valeur d'échange des marchandises. D'autre part, la quantité de travail que requiert la production du bien comprend aussi celle qu'a nécessité la constitution du capital fixe. De plus, Ricardo distingue les biens reproductibles des non-reproductibles. La valeur d'échange de ces derniers dépend de leur rareté.

Considérer le travail comme source unique de la valeur conduira plus tard Karl Marx, dans sa théorie de la lutte des classes, à considérer le profit des capitalistes comme étant un résultat de l'exploitation de la force de travail des prolétaires. Marx cite d'ailleurs fréquemment Ricardo dans Le Capital et reprendra la notion de « biens reproductibles » de Ricardo sous le nom de « marchandises ».

Opposition au protectionnisme
L'importation du blé, interdite par des lois protectionnistes (les « Corn Laws »), semble être une solution permettant la restauration des profits. (Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital) De fait, un lobby de filateurs britanniques, l'Anti Corn Laws League, obtiendra leur abrogation en 1846.

Ricardo avance aussi la théorie de « l'avantage comparatif » (en supplément de la théorie de l'avantage absolu d'Adam Smith) : à savoir que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production où elle possède l'avantage le plus élevé ou le désavantage le moins prononcé vis-à-vis des autres nations.

Théorie de l'avantage comparatif
David Ricardo a montré que tous les pays, même les moins compétitifs, trouvent dans certaines conditions théoriques (concurrence parfaite, sans pressions politiques donc), un intérêt à rentrer dans le jeu du commerce international en se spécialisant dans la production où ils détiennent l'avantage relatif le plus important ou le désavantage relatif le moins lourd de conséquences.

Dans le chapitre VII des Principes de l'économie politique et de l'impôt, Ricardo développe l'exemple des échanges de vin et de drap entre l'Angleterre et le Portugal. Avec un nombre d'heures de travail donné, le Portugal produit 20 mètres de drap et 300 litres de vin tandis que l'Angleterre produit 10 mètres de drap et 100 litres de vin. L'Angleterre est donc désavantagée dans les deux productions. Ricardo montre pourtant que l'Angleterre a intérêt à se spécialiser dans la production de drap, où elle possède un avantage relatif, car avec 10 mètres de drap, elle obtiendra 150 litres de vin portugais (contre 100 chez elle). À l'inverse, le Portugal devra se spécialiser dans la production vinicole puisque l'échange avec l'Angleterre de 300 litres de vin portugais lui permettra d'obtenir 30 mètres de drap anglais au lieu de 20 mètres de drap portugais. L'Angleterre a un avantage comparatif dans la production de drap alors que le Portugal possède un avantage absolu.

L'analyse de Ricardo montre ainsi que la spécialisation fondée sur les avantages comparatifs permet une augmentation simultanée de la production de vin et de drap. Dans son modèle, il existe toujours une combinaison de prix telle que le libre-échange soit profitable à chaque pays, y compris le moins productif ; il s'agit d'un jeu à somme positive.

Pour arriver à cette conclusion David Ricardo émet quatre hypothèses : la valeur du travail est égale au prix multiplié par la quantité de travail; la concurrence doit être parfaite; il doit y avoir immobilité des facteurs de production au niveau international (seules les marchandises circulent) et enfin la productivité doit être constante. Dans la réalité, ces conditions théoriques ne sont jamais remplies, et l'application pratique de la théorie de l'avantage comparatif pose un certain nombre de problèmes qu'il convient d'examiner.

En effet un pays qui se spécialise sur une production devient dépendant, pour les autres productions, du marché international. Cela implique qu'il peut subir des pressions politiques. La réciproque est cependant tout aussi vraie : il peut aussi, a son tour, faire subir aux autres pays qui dépendent de lui des pressions politiques. On peut ainsi dire que cela entraîne, dans l'ensemble, une dépendance accrue des pays engagés dans l'échange les uns par rapport aux autres, ce qui peut avoir comme conséquence un intérêt commun au maintien de la paix. En effet, la guerre venant interrompre les échanges, tous les participants y ont quelque chose à perdre. Nous ne manquerons pas de souligner que c'est l'idée même qui soutend la création de la CECA - CEE - Union Européenne.

Un exemple de conséquence : la spécialisation d'un pays pauvre dans une culture destinée à l'export peut momentanément entraîner la baisse de disponibilité sur place des denrées alimentaires de base dans ce pays. Il s'ensuit une hausse des prix locaux de ces denrées alimentaires de base, et des risques de famine. Sur le long terme cependant, si des conditions de gouvernance interne sont remplies (diminution de la corruption), la position du pays en question comme source d'exportation d'une denrée alimentaire donnée tend à créer des débouchés pour les producteurs et stimule en conséquence l'appareil productif le rendant ainsi plus robuste.

Il y a également des exemples qui montrent les avantages de la spécialisation : la spécialisation actuelle de la Chine dans la production de métaux rares (scandium, ytrium, lutécium…) lui a conféré un pouvoir de pression sur tous les pays consommateurs de ces matériaux.

Une analyse équilibrée tend à montrer que, bien que la spécialisation comporte des risques, lorsqu'elle n'est pas poussée à outrance et que les risques sont pris en compte en amont de manière adéquate, le contexte réel des échanges entre pays peut s'approcher du contexte théorique idéal et ainsi créer les conditions d'un jeu a somme positive.

Le théoricien de l'étalon-or
Dans le Bullion Report remis à la Chambre des communes en 1810, Ricardo dénonce l'émission excessive des billets de banque, source selon lui de l'inflation.

Il préconise que l'émission de monnaie soit limitée par le stock d'or, afin d'en garantir la valeur.

La théorie de la rente de la terre
La richesse se répartit entre trois composantes que sont les salaires, les profits et la rente. Pour Ricardo, l'évolution de la population mène inévitablement à la hausse du prix des subsistances (du fait des rendements décroissants de la terre) et à celle de la rente foncière (suite au besoin accru de terres cultivables). Le résultat de cette inflation, que subissent des travailleurs déjà dans la misère, est de rendre nécessaire une hausse des salaires afin d'assurer la survie de ces derniers. Ainsi la croissance démographique provoquera nécessairement un écrasement des profits par la rente, et par conséquent la fin de l'investissement productif, ce que Ricardo appelle « l'état stationnaire » de l'économie, état qui peut être freiné par le progrès technique.

L'équivalence ricardienne
L’« équivalence ricardienne » ou la « neutralité ricardienne » est une théorie économique également appelée « effet Ricardo-Barro » ou « théorème d'équivalence de Ricardo-Barro », énoncé en premier lieu par David Ricardo, économiste classique du XIXe siècl, puis repris par Robert Barro en 1974.

Selon ce théorème, il y aurait, sous certaines conditions, équivalence entre l'augmentation de la dette publique aujourd'hui et l'augmentation des impôts requise demain par le remboursement de cette dette et le paiement des intérêts. Si les agents économiques se comportent de manière rationnelle, une politique de relance (distributions de revenus financée par la dette publique) ne les poussera pas à consommer, mais plutôt à économiser (augmentation des taux d'épargne), en prévision de hausses d’impôts futures. La validité de l'« équivalence ricardienne » a longtemps été – et est encore – discutée. Le théorème n'a été énoncé que dans des situations très précises, limitées par des hypothèses nombreuses. Une étude de la DGTPE suggère que les ménages, de la zone euro et en France, pouvaient suivre un comportement ricardien : « une hausse de 1 point de PIB du déficit public structurel serait compensée par une augmentation de 3/4 de point de PIB de l'épargne privée, ce qui serait cohérent avec un comportement largement ricardien des ménages de la zone euro. » (les auteurs de cette étude notent qu’il convient de ne pas « interpréter trop hâtivement comme une causalité ce type de corrélation »).

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