Histoires de tueurs en série : le boucher de Hanovre

Friedrich Heinrich Karl Haarmann (25 octobre 1879 – 15 avril 1925), dit Fritz Haarmann, aussi connu comme « le Boucher de Hanovre » et « le Vampire de Hanovre » était un tueur en série allemand considéré comme l'auteur des meurtres de 27 garçons et jeunes hommes entre 1918 et 1924. Il fut déclaré coupable de 24 meurtres et exécuté...



Enfance et jeunesse
Fritz Haarmann est né à Hanovre en 1879, sixième enfant de parents pauvres. Haarmann est un enfant calme qui fuit les activités de garçons comme le sport et préfère s'amuser avec les jouets de ses sœurs. Il est un écolier médiocre. À l'âge de 16 ans, il s'enrôle sous la pression de ses parents dans une académie militaire à Neuf-Brisach (en allemandNeubreisach). Il s'adapte d'abord à la vie militaire et est bien noté dans période de formation. Après juste un an dans l'académie, il commença à souffrir de crises d'épilepsie et est réformé pour raisons médicales.

Haarmann retourne à Hanovre et trouve un emploi dans une fabrique de cigares. Il est arrêté en 1898 pour agression sexuelle sur des enfants : déclaré irresponsable par un psychologue, il est envoyé dans une institution psychiatrique pour une durée indéfinie. Six mois plus tard, Haarmann s'échappe et s'enfuit en Suisse où il travaille pendant deux ans avant de retourner en Allemagne. Il s'enrôle de nouveau comme militaire, sous un faux nom cette fois-ci, mais en 1902, il est à nouveau réformé pour raisons médicales. Il reçoit une pension militaire complète, retourne vivre avec sa famille, et trouve un emploi dans la petite entreprise que son père a fondée. Après une dispute et une violente bagarre avec son père, Ollie Haarmann, il est arrêté, accusé d'agression et à nouveau envoyé pour une évaluation psychiatrique. Cette fois, un médecin ne diagnostique pas d'instabilité mentale. Une cour annule néanmoins les charges et il retourne vivre avec sa famille. Peu après, Haarmann tente d'ouvrir un petit commerce, mais il fait rapidement faillite.

Délits
Les dix années suivantes, Haarmann vit de vols, de cambriolages et d'escroqueries. Il est fréquemment arrêté et exécute plusieurs courtes peines de prison. Il commence progressivement à établir une relation avec la police de Hanovre en tant qu'informateur, principalement dans le but de détourner de lui l'attention de la police. Il déclarera plus tard que la police commençait à le considérer comme une source sûre d'informations sur le réseau criminel à Hanovre.

En 1914, Haarmann est déclaré coupable d'une série de vols et de fraudes et est emprisonné juste au début de la Première Guerre mondiale. À sa libération en 1918, il est frappé par la pauvreté de l'Allemagne suite à la Grande Guerre, le pays étant alors dans une grave situation économique. Cette situation favorise l'expansion de la criminalité et offre à Haarmann de nouvelles opportunités d'y agir en marge : il reprend alors ses activités et est comme avant utilisé comme indicateur par la police.

Meurtres
Entre 1918 et 1924, Haarmann commet au moins 24 meurtres, même s'il est suspecté de trois autres. La première victime connue est un jeune homme de 17 ans, Friedel Rothe. Quand Rothe disparaît en septembre 1918, ses amis indiquent à la police qu'il a été aperçu pour la dernière fois en compagnie Haarmann. Sous la pression de la famille de Rothe, la police investit l'appartement d'Haarmann, le trouve en compagnie d'un jeune adolescent à moitié nu, et l'arrête pour agression sexuelle. Il est condamné à une peine de neuf mois d'emprisonnement mais réussit à ne pas purger sa peine immédiatement. En 1919, il rencontre un jeune fugueur, Hans Grans, qui devient son amant.

Haarmann purge ses neuf mois d'emprisonnement entre mars et décembre 1920. De nouveau, il regagne la confiance de la police et redevient informateur. Peu après sa mise en liberté, il s'installe dans un nouvel appartement situé au 27, Cellerstraße. Peu après, Hans Grans emménage dans l'appartement d'Haarmann. Haarmann occupe au moment de son arrestation une mansarde dans la rue Rote Reihe.

Les victimes suivantes d'Haarmann sont principalement des jeunes banlieusards, des jeunes fugueurs, et occasionnellement des prostitués qui évoluent autour de la gare de Hanovre. La rumeur dit que Haarmann les entraîne jusqu'à son appartement, et les tue en les mordant à la gorge, parfois pendant l'acte sexuel. Toutes les victimes d'Haarmann sont démembrées avant de disparaître, généralement dans la rivière Leine qui traverse Hanovre. Les possessions de plusieurs victimes sont vendues sur le marché noir ou conservées par Haarmann ou son jeune amant, Hans Grans. La rumeur dit aussi que Haarmann a vendu de la viande des corps en la faisant passer pour du porc en conserve sur le marché noir. Même si aucunepreuve de ces activités n'existe, Haarmann a la réputation de vendeur de viande de contrebande.

Un complice de Haarmann et Hans Grans vendent les possessions de plusieurs des victimes pour un prix dérisoire sur le marché noir et en gardent d'autres pour eux. Haarmann déclarera initialement que même si Grans était au courant de beaucoup de ses meurtres, et qu'il lui avait demandé personnellement de tuer deux des victimes pour qu'il puisse obtenir leurs habits et possessions personnelles, Grans n'était autrement pas concerné par les meurtres.

Haarmann est finalement interpellé quand de nombreux ossements qu'il a jetés dans la rivière Leine s'échouent en aval en mai et juin 1924. La police décide de draguer la rivière et découvre plus de 500 os humains ultérieurement confirmés comme provenant d'au moins 22 individus. Les soupçons se portent rapidement sur Haarmann, déjà condamné pour agressions sexuelles sur mineur et déjà suspect dans la disparition de Friedel Rothe en 1918. Haarmann est placé sous surveillance : dans la nuit du 22 juin, on le voit rôder dans la gare ferroviaire de Hanovre. Il est rapidement arrêté après avoir essayé d'emmener un garçon jusqu'à son appartement. Le logement d'alors de Haarmann, une mansarde située dans la rue Rote Reihe est fouillé et on y trouve des habits et objets personnels de plusieurs jeunes hommes disparus, et de larges marques de sang sur les murs. Haarmann tente d'expliquer ce dernier fait par son activité illégale de boucher. Pendant l'interrogatoire, Haarmann confesse rapidement le viol, le meurtre, et le dépeçage de jeunes hommes depuis 1918. Quand on lui demande combien il en a tué, il répond "quelque part entre 50 et 70". La police ne parviendra néanmoins qu'à l'incriminer dans 27 disparitions. On notera que seul un quart des objets personnels trouvés dans son appartement sont identifiés comme ayant appartenu aux victimes.

Procès
Le procès de Fritz Haarmann commence le 4 décembre 1924. Haarmann est accusé du meurtre de 27 garçons ou jeunes hommes disparus entre 1918 et juin 1924. Le procès est spectaculaire car c'est un des premiers évènements médiatiques dans l'Allemagne de l'époque. Le terme de « tueur en série » n'existant pas à l'époque, le public et la presse manquent de mots pour décrire l'affaire. Haarmann est simultanément qualifié de "loup-garou », de "vampire », et d'"Homme-Loup ». Outre de la cruauté des crimes commis, l'opinion publique se scandalise également du rôle de la police dans l'affaire : Haarmann était un informateur de police qui dénonçait fréquemment d'autres criminels aux autorités, en était parfaitement connu, mais jusqu'à son interpellation, la police l'a négligé comme suspect bien que certaines des victimes aient été vues pour la dernière fois en sa compagnie.

Le procès dure à peine deux semaines. Le 19 décembre 1924, Haarmann est déclaré coupable de 24 des 27 meurtres et condamné à mort. Il est acquitté de trois meurtres qu'il nie, même si des biens personnels des victimes étaient en sa possession ou chez certaines de ses connaissances au moment de son arrestation. Haarmann ne fait pas appel du verdict.

Haarmann est décapité à la guillotine le 15 avril 1925. Ses derniers mots avant d'être exécuté sont :"Je me repens, mais je n'ai pas peur de la mort."

Suites de l'affaire
Hans Grans est initialement jugé pour incitation au meurtre dans le cas d'Adolf Hannappel, un apprenti menuisier de 17 ans disparu de la gare ferroviaire de Hanovre le 11 Novembre 1923. Des témoins ont vu Grans en la compagnie d'Haarmann, pointant du doigt Hannappel. Haarmann affirme à ce sujet que c'était un des deux meurtres commis sur l'insistance de Grans. Grans est condamné à mort. La découverte d'une lettre de Haarmann adressée au père de Grans où Haarmann soutient l'innocence de Grans mène à un second procès et une peine de prison de 12 ans. Après avoir purgé sa peine, Hans Grans continue de vivre à Hanovre jusqu'à sa mort en 1975.

Les restes des victimes d'Haarmann sont inhumées ensemble dans une fosse commune dans le cimetière de Stöckener en février 1925. En Avril 1928, un large mémorial de granite en triptyque portant les noms et âges des victimes est érigé sur la fosse commune.

Après son exécution, la tête d'Haarmann est préservée dans un bocal par des scientifiques pour examiner la structure de son cerveau. Elle est maintenant conservée à l'école médicale de Göttingen.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici


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