Une des Quatre formes de l’amour l’épithumia…

 

Saviez-vous que chez les Grecs de l’Antiquité, le mot « amour » n’existait pas tel que nous le connaissons, mais qu’ils utilisaient divers termes à ce propos que l’astrologie a associé à certains signes. Dans ces temps anciens, on parlait donc de l’Epithumia que l’on a associé au Taureau, de la Philia qui serait du domaine du Lion, de l’Eros, monde du Scorpion et de l’Agapé que le Verseau symbolise.

Qu’est-ce que l’epithumia ?

La meilleure formule qu’on pourrait associer à l’Epithumia serait « l’appétit sexuel ». Pour les Grecs, l’Epithumia qualifiait ce que l’homme a de commun avec les animaux : une envie instinctive de toucher, de caresser, qui se traduit dans notre corps par une tension interne ayant besoin d’être soulagée. Il n’y avait là rien de romantique, ni même de très érotique. L’Epithumia était une chose naturelle, sur laquelle on ne portait aucun jugement moral. Les Grecs disaient que le corps a ses propres pulsions, ses propres besoins et désirs, qui doivent être respectés et honorés. Sur le plan archétypique, on peut donc associer l’Epithumia au signe du Taureau, signe fondamental de la sexualité car le Taureau est un signe charnel qui représente la sensualité sous toutes ses formes. Et pourtant toute la partie Epithumia Taureau de notre nature a été reléguée dans l’ombre. Le Judéo-Christianisme ne veut pas entendre parler de ce domaine de la vie. Il a banni la déesse Aphrodite/Vénus qui règne sur le Taureau,  et il est convaincu que, même sous la forme de Marie-Madeleine, la femme est une source de péché qui induit les hommes en tentation. L’histoire du Jardin d’Eden et de la chute de l’homme rejette toute la responsabilité sur Eve qui incarne l’Epithumia. Notre société moderne occidentale, Islam inclus, a une vision très déformée de l’Epithumia et donc de toute la fonction Taureau. Le Christianisme ne sait que faire de cet aspect de l’amour, à part nous exhorter à le sublimer.

La fonction vénusienne correspond à ce besoin que nous avons d’être touchés, pris dans les bras et caressés. Selon Freud, notre tout premier sentiment de plaisir est oral. Et de fait, bon nombre de plaisirs : nourriture, alcool, drogue, etc. sont associés à la bouche. Ce que nous aimerions faire en réalité, c’est embrasser, sucer, mordre, mordiller, mais nous sommes le plus souvent inconscients de ces envies parce qu’elles sont inconvenantes.

Pour les Grecs de l’Antiquité, les désirs du corps étaient bons et n’avaient rien de mauvais, alors que la magnifique histoire du Jardin d’Eden est devenue celle de la chute de l’homme et cette chute est associée à l’éveil de l’Epithumia. Tout cela par la faute d’Eve. Dans le Christianisme, les femmes sont toutes les filles d’Eve, la source du péché et du mal.

L’allusion au Christianisme n’inclut pas les enseignements du Christ, mais ceux que nous ont transmis les Pères de l’Eglise, depuis Saint-Paul en passant par Saint-Augustin et Saint-Thomas. Ces hommes ont discrédité, au nom du Christianisme, les besoins naturels du corps. Aphrodite/Vénus était pour eux l’épouse du Diable. Le Judéo-Christianisme nous a  inculqué un archétype féminin constitué de deux types de femme : la Madone et la putain, ou encore la Vierge et la pécheresse. Un nombre incroyable d’hommes avouent qu’ils ne s’étaient pas mariés avec leur petite amie parce qu’ils avaient couché avec elle. Autrement dit, les femmes qui se laissent séduire ne sont pas celles qu’on épouse.

L’Epithumia est également considérée comme un comportement puéril auquel nous devrions renoncer en prenant de l’âge. Freud concédait que la perversité polymorphe était naturelle à un certain stade de la petite enfance, mais nous étions, selon lui, censés nous développer et nous en détourner en grandissant. Il n’y a pas si longtemps encore, médecins et psychologues déclaraient encore que la masturbation rendait fou. Cette idée que le plaisir du corps est un péché ne cesse de revenir. Certaines histoires grecques traitaient de l’Epthumia dont celle d’Apollon et de Daphné.


 

Apollon et Daphné de Bernini

Apollon était le dieu du Soleil et Daphné une très belle nymphe, une vierge que convoitaient de nombreux dieux. Un jour, Apollon l’aperçut et, complètement séduit, se lança à sa poursuite. Daphné s’enfuyait et, même si elle excellait à la course, il était le dieu de la lumière et de l’Air et donc suffisamment rapide pour la rattraper. Tout en courant, il la suppliait de se retourner pour voir qui la poursuivait ainsi, mais en vain. Alors qu’il allait la rejoindre et la saisir, Daphné appela à l’aide son père Pénée qui la transforma aussitôt en laurier. On peut voir à Rome une magnifique sculpture de cette scène, réalisée par Bernini, au moment où ses cheveux deviennent des feuilles, ses orteils des racines et ses bras des branches de laurier. Dès lors, on vit toujours Apollon porter une couronne de laurier, et par la suite, lorsqu’il institua les Jeux Olypiques, en son honneur, les vainqueurs étaient eux-mêmes couronnés de laurier.

Le mythe de Daphnée et d’Apollon véhiculait de nombreux messages pour les Grecs. L’un d’entre eux était que si on refusait l’Epithumia (ce qu’avait fait Daphné en s’enfuyant pour ne pas être touchée), on niait la puissance de la nature et l’on perdait son humanité. Refusant de se retourner, Daphné n’avait pu voir que c’était le dieu de la Lumière qui la poursuivait et, pour les Grecs, rejeter l’Epithumia – les besoins fondamentaux, instinctuels du corps – revenait à refuser l’éveil de la conscience que proposait le dieu de la Lumière.

Ce mythe montrait également qu’une fille qui ne s’est pas différenciée de son père et n’a pas rompu le cordon ombilical  ne peut devenir pleinement humaine. Autrement dit, en demandant l’aide de son père au lieu de regarder qui la poursuivait, elle avait ruiné toutes ses chances de se séparer de lui et de devenir une personne à part entière. Bien au contraire, elle s’était transformée en arbre, en quelque chose de non humain.


 

Ulysse et Circé Tableau d'Allori (1575)

Un thème similaire se retrouve dans l’histoire d’Ulysse et de Circé. Sur le chemin du retour vers Ithaque, Ulysse rencontre Circé, une merveilleuse représentation de l’anima négative, dévorante et effrayante que véhiculent et abritent en eux les hommes. Circé est une magicienne qui utilise sa séduction sexuelle pour ensorceler l’équipage d’Ulysse et transformer les marins en pourceaux. La morale de cette histoire rappelle celle du mythe de Daphné : une Epithumia non intégrée nous fait régresser à un stade préhumain.

Par la suite, les puritains allaient déclarer que la seule solution était de ne pas ressentir de convoitise sexuelle du tout. Qu’est-ce qu’un puritain ? C’est quelqu’un qui a peur que les autres prennent du bon temps. Avec eux, il y a déformation de l’Epithumia, une déformation des désirs naturels d’Aphrodite/Vénus et du Taureau, une déformation du besoin vénusien de caresses, de sensualité et d’intimité. La pulsion fondamentale de Vénus est de tendre la main vers le « non-moi », vers l’autre. Sur le plan de l’Epithumia, Vénus ressemble à Aphrodite. Elle a terriblement besoin de plaisir et de contact. Elle veut respirer, goûter, ressentir et entendre toutes ces choses qui font que l’on se sent bien, y compris trouver du plaisir dans son propre corps. Les animaux le font naturellement, leur sexualité n’étant pas inhibée ; les enfants aussi, mais les parents et la société se donnent beaucoup de mal pour les éduquer ou déformant leur sexualité et en leur apprenant à la refouler, la nier ou la sublimer. Et à l’âge adulte, nous rejetons les besoins de notre corps et les sublimons en buvant trop, en fumant trop, en mangeant trop, au lieu de nous accorder le réconfort et l’apaisement que procure le fait de toucher le corps d’une autre personne ou d’être soi-même tendrement enlacé. Nous rendons notre corps littéralement malade en refusant de satisfaire certains de ses besoins les plus fondamentaux et nos problèmes de santé sont bien souvent dus à la vengeance de Gaia et d’Aphrodite qui s’indignent de nous voir les négliger. Et qui plus est, nous confondons la passion avec l’amour romantique en essayant de les faire fusionner.

Vénus représente le désir de fusionner avec autre chose que soi. En nous faisant prendre conscience de notre séparation, Vénus provoque le désir d’apaiser ce sentiment en nous  unissant à un autre.

Sur un plan très primitif, la dimension Taureau de Vénus est ce désir que ressent le corps de retrouver la fusion vécue dans le ventre maternel.   

La dimension Balance de Vénus situe le désir de se relier à autrui sur un plan plus esthétique ou idéalisé, ce qui la rapproche de la notion grecque de la Philia.

(à suivre)…

D’après « A TRAVERS LE MIROIR – La quête de soi à travers la relation – Richard Idemon – Editions du Rocher – Collection Astrologie.

www.sylvie-tribut-astrologue.fr