
Chiron a été identifié par C.T. Kowal le 1er Novembre 1977, à 10 heures (TU 18 h), à Pasadena en Californie. Il était dans la constellation du Bélier, soit pour nous à 3°08 Taureau. Il avait déjà été observé et même photographié en 1895, 1920 et 1940, mais les recherches n’avaient pas été poursuivies tant son comportement paraissait aberrant.
Etymologiquement son nom vient de Kheir (la main en grec), racine d’où dérivent : chirurgie, chiropraxie, chiromancie, etc. C’est peut-être la main qui soigne autant que celle qui indique.

Son glyphe est une verticale portant un K majuscule, tourné vers l’Orient, planté sur une boule. Il évoque une clef, symbole d’ouverture et d’initiation.
Un peu d’astronomie
En mars 1977, une grande découverte concernant la planète Uranus étonna le monde entier. Bien sûr, Uranus a toujours étonné, ne serait-ce que par sa découverte en 1781. Pendant des milliers d’années, Saturne avait été considéré comme le plus lointain des corps célestes, la limite absolue - ses anneaux étant censés représenter ces limitations qu’il nous impose. La découverte d’Uranus a donc complètement démoli les conceptions existantes du système solaire.
Plus tard, on s’aperçut que son mouvement lui-même sortait de la norme : il tournait sur lui-même en sens inverse des autres planètes, et son axe faisait un angle d’à peu près 90° par rapport à ceux des autres planètes. On respecta cette originalité dans le choix des noms de ses lunes, qui ne furent pas tirés de la mythologie, mais des personnages de Shakespeare. En tout cas, on pensait qu’Uranus n’avait absolument rien de commun avec Saturne.
... Jusqu'à ce fatidique jour de mars 1977 où on découvrit des anneaux autour d’Uranus. Saturne n’en détenait donc pas le monopole, et les deux planètes avaient bien quelque chose en commun. Uranus avait trouvé une nouvelle façon de nous choquer.
Qu’est-ce qui peut donc relier ces deux planètes du point de vue de la signification ?
Toutes deux nous enseignent la responsabilité et le souci du futur ; toutes deux ont un rapport au temps :
- pour Saturne, il s’agit d’amener le passé dans le présent,
- pour Uranus, d’amener le présent vers le futur.
Enfin, toutes deux on à voir avec la définition du soi :
- Saturne définissant les limites,
- Uranus montrant le chemin de l’individualité.
Le fait que nous sachions maintenant que toutes les deux ont des anneaux indique que nous comprenons (ou devrions comprendre) que leurs principes sont en interrelation : il est aussi mauvais d’avoir trop de l’un que trop de l’autre. Et si l’on va trop loin dans le Saturnien, Uranus doit intervenir pour rétablir l’équilibre et vice-versa. Tous deux sont des étapes nécessaires dans l’évolution de l’individu.
Après la découverte des anneaux, le terrain était prêt pour la découverte de Chiron ce que fit Charles Kowal. Mais il découvrit aussi que l’orbite de Chiron passait entre celles de Saturne et d’Uranus. Cette orbite était très elliptique - plus encore que celle de Pluton :
n à son aphélie, c’est-à-dire au moment où il est le plus éloigné du Soleil, Chiron touche même l’orbite d’Uranus.
n et à son périhélie, quand il est plus près du Soleil, Chiron croise l’orbite de Saturne.
Il apparaît donc que Chiron agit comme un lien ou un pont entre les deux grosses planètes, oscillant de l’une à l’autre une fois par cycle (son cycle se situe entre 49 et 51 ans). Nous comprenons maintenant pourquoi il fallait d’abord que les anneaux d’Uranus soient découverts pour que nous puissions réaliser l’importance du processus de liaison représenté par Chiron.
La troisième pièce essentielle du puzzle fut trouvée l’année suivante. On découvrit soudain que Pluton - qui, avant que l’on connût Chiron, avait le privilège de l’orbite la plus elliptique - avait une lune. Cela provoqua des changements énormes dans notre perception de Pluton : cette planète devenait subitement beaucoup plus petite qu’on ne l’avait pensé. Certains astronomes commençaient même à se demander si on ne devait pas la déclasser du statut de planète à celui de planétoïde. De fait, si sa taille réelle avait été connue lors de sa découverte, dans les années 30, les astrologues l’auraient peut-être totalement ignorée, considérant que quelque chose d’aussi petit et d’aussi éloigné ne pouvait exercer aucune influence.
Mais nous connaissons bien, nous, la puissance de Pluton, et il serait impensable aujourd’hui de ne pas le faire figurer dans une carte du ciel. La lune de Pluton (appelée d’ailleurs Charon) était donc la preuve que même un corps de petite taille peut avoir des effets très puissants. Il est donc très plausible que Chiron, qui a la taille d’un gros astéroïde, ait la même influence qu’une grosse planète.
Encore un mot sur Pluton : le Dr Brian G. Marsden, de l’observatoire d’astrophysique de la Smithsonian Institution, a suggéré la création d’une catégorie spéciale, avec un nouveau nom, pour les planètes, qui croisent les orbites d’autres planètes. Elles ne seraient classées ni comme planètes, ni comme astéroïdes ou comètes, mais dans une catégorie à part, dont les membres seraient Pluton (qui croise l’orbite de Neptune), Chiron (qui croise l’orbite de Saturne), et Hidalgo (d’abord classé comme astéroïde, mais qui en fait croise l’orbite de Jupiter). Hidalgo est également en cours d’étude. Il a une orbite de 14 ans, ce qui le relie à Saturne qui a une orbite de 4 x 7 ans, Chiron 7 x 7 ans et Uranus 12 x 7 ans.
La mythologie de Chiron
Chiron est le fruit de l’unique adultère de l’austère Cronos/Saturne, né des amours de ce dernier avec la nymphe Philyra (le tilleul), fille d’Océanos ou de Poséidon. Saturne avait pris l’apparence d’un cheval pour s’unir à Philyra, ce qui explique l’aspect mi-chevalin de Chiron.
Philyra, abandonnée, mettra seule son enfant au monde, un enfant mi-homme, mi-cheval. Voilà pourquoi Chiron ressemble aux Centaures. Par son père, Saturne, Chiron est un dieu immortel. Par sa mère, la nymphe du tilleul, fille d’Océanos, il est en relation avec l’intuition et la thérapeuthique. Le tilleul, par ses feuilles, était utilisé comme remède curatif contre la fièvre (par la sudation). Par son écorce, il était utilisé comme parchemin. Déchiré en bandes, il servait à la divination et ses racines fumées, comme stupéfiant.
Par sa naissance, Chiron est un demi-frère des autres dieux de l’Olympe, pourtant sa notoriété est moindre. Seuls ses gestes, ses actes sont connus : ami d’Apollon, il sera tour-à-tour tuteur, éducateur de Jason, Achille, Asclépios (Esculape), Macaon, Actéon, Podalirios, etc...
Chiron enseigne l’art de la médecine, de la chirurgie, de la chasse, notamment du tir à l’arc, de la musique... Et pourtant, il ne sera jamais le dieu d’une de ces disciplines. Tel l’enseignant obscur d’un Einstein ou d’un Hegel, la renommée de ses élèves le laissera dans l’ombre. Cela nous renvoie à la dévaluation de cette comète.
Il est toujours présent, observateur attentif mais détaché des conflits de l’Olympe. Chiron se veut neutre. Il répond lorsqu’il est sollicité. Il a besoin, tels nos psychanalystes contemporains, d’une vraie demande. Sa réponse est alors immédiate, juste appropriée. Il transmet ses connaissances à qui pourra les porter au Monde. Presque tous les héros mythologiques ont reçu son enseignement. Retirés dans la grotte avec lui, ils n’en sortaient que prêts à affronter le Monde. Il évoque les médecines douces et les médecines naturelles, la phytothérapie par sa mère et l’homéopathie.
Dans son ouvrage « Chiron », Z.B. Stein pense que Chiron a une relation avec la maternité et la naissance et remarque que la conception du premier bébé-éprouvette, Louise Brown, s’est faite dans la semaine qui a suivi la découverte de Chiron. Peut-être à cause de sa fonction d’accoucheur d’âme.
Chiron est celui qui enseigne l’art de cibler juste, qui montre comment agir avec précision, rapidité, mais sans précipitation, de manière appropriée à l’objectif, en dominant nos instincts, c’est-à-dire en les utilisant. Il révèle les forces inconscientes, les capacités intimes. En cela, il guide plus qu’il n’éduque, il révèle ses élèves plus qu’il ne leur apprend : Achille devient celui « au pied léger » par la grâce de Chiron. Nul besoin pour le guide de savoir courir vite.
L’arc évoque symboliquement la notion d’ascension, d’évolution : il faut viser haut pour aller plus loin ; le contrôle de soi est ici prépondérant. Chiron sera le révélateur, le catalyseur des élèves que les dieux lui ont confiés.
Chiron est ainsi le premier pédagogue au sens actuel du terme. Il est la main qui signale (racine « d’enseignement ») et qui soigne en indiquant le végétal apte à combattre la maladie ou la blessure. Par son appartenance aux centaures, il est relié aux forces animales archaïques qui gisent en nous. Par sa sagesse, son exemplarité, il nous permet de savoir les sublimer, les transcender.
C’est le guide sans pouvoir, le pédagogue, non l’éducateur. Il éveille une éthique intérieure, n’impose pas une morale. Il apprend à faire la limite entre souhaitable et possible. C’est le seuil entre Saturne et Uranus. Il sait pour les autres, donne la clef, mais n’agit pas à leur place. Il révèle les possibilités, mais n’attend pas le résultat.
Véritable Gourou du monde grec, il permet la transgression véritable qui est le dépassement de soi. Il est la brèche, l’ouverture par où on peut franchir ses propres limites. Il est soutien, véritable double, comme lorsqu’il aida les chiens d’Actéon à faire le deuil de leur maître en leur modelant, en terre, une image de celui-ci.
Les correspondances astrologiques
Somatiquement, on pourrait penser qu’il est la main, mais il y a un organe dont l’action est comme la sienne, immédiate, juste, appropriée : c’est le pancréas, glande endocrine et exocrine.
En pointant et révélant les choses, ce Chiron est accoucheur du Moi, accoucheur d’âme. Il est là, sur le bord, prêt de... et prêt à... On l’a dit marginal. Il est « en marge ». C’est le Maître obscur, thérapeute des autres, mais qui ne peut rien pour lui-même lorsque, blessé mais immortel, il dut choisir entre mourir guéri ou souffrir éternellement. Il sera la victime malheureuse d’un combat auquel il ne participe pas, opposant Héraklès aux Cen-taures ivres. Une flèche empoisonnée par le sang de l’Hydre se plantera dans son genou.
Souffrant atrocement et ne sachant se guérir lui-même, Chiron se rendit auprès de Zeus pour échanger son immortalité contre la guérison. Zeus accepta que Prométhée hérite de l’immortalité de Chiron, mais il décida également d’immortaliser ce dernier en le plaçant dans la constellation du Sagittaire, d’autres disent du Centaure. Au plan terrestre, Chiron devint ainsi le premier patient mort guéri... et le premier « cordonnier le plus mal chaussé » en tant que médecin ou guérisseur ! Cette histoire porte en elle, et c’est sa fonction, tous les mots-clés attachés à Chiron : enseignant, guide, guérisseur, gourou, au sens oriental du terme.
Socialement, il représente celui qui sait, qui peut aider, qui peut révéler, sans établir pour autant de rapport de force ou de domination. En cela, il se veut indépendant (Uranus) mais protecteur, attaché à la tradition (Saturne) sans y être inféodé, laissant libre cours à son intuition et à ses aptitudes d’alchimiste (Neptune).
Chiron est un guérisseur blessé. Atteint d’une blessure incurable, il était néanmoins capable de guérir celles des autres et d’apaiser leurs souffrances. Dans notre thème, Chiron montre le lieu de cette blessure, de cet éventuel traumatisme, de ce manque ou de ce vide en nous qu’il est extrêmement difficile de combler. C’est une blessure inguérissable, qui nous apprend cependant beaucoup de choses sur la vie et sur nous-mêmes.
Exemple : Avec une conjonction Soleil-Chiron en Maison V, la souffrance se situe dans le domaine de l’expression personnelle.
Comme il évoque un pouvoir de guérison, il occupe une place significative dans les thèmes de ceux qui s’intéressent à la santé et aux approches alternatives ou complémentaires de la médecine. On dit que Chiron ressemble à Saturne. Cependant, la nature et l’origine de la blessure sont différentes, moins personnelles, moins liées au vécu de l’enfance et à la relation aux parents. De plus, ils ne l’abordent pas de la même manière : Saturne compense et remédie à ses traumatismes par des manœuvres défensives et par de terribles efforts très concrets ; Chiron lui, se consacre à l’acquisition d’un savoir qui doit finalement se transformer en sagesse.
En synastrie (comparaison de thèmes), Chiron blesse et est blessé par la personne dont une planète le touche. De même, il soigne et il est soigné.
Lors de la consultation que vous aurez avec l’astrologue demandez lui où se situe Chiron dans votre thème, dans quel signe, dans quelle Maison et quels aspects votre Chiron natal forme avec les autres planètes de votre thème.
Servez-vous de l’astrologie et de la connaissance de votre thème pour vous comprendre et optimiser votre vie.
www.sylvie-tribut-astrologue.fr
Bibliographie : « Chiron, essence et interprétation » de Zane B. STEIN.
« Cahiers de la Cosmo » de Bernard Dumont
« Séminaires » Sasportas et Liz Greene.
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