Le cheveu en pétard et l’œil pétillant, dans son nouveau spectacle, Anne balance d’entrée de jeu une volée de répliques décrocheuses de mâchoires. On la connaît pour ses personnages de contractuelle revêche, de bouchère sécuritaire ou d’artiste naïve s’exclamant : «Mince alors, je suis sur la scène de l’Olympia» ! A 12 ans, elle faisait déjà rire les invités de la maisonnée.
«Je pensais que faire rire était inné et je suis montée à Paris, où en ouvrant les pages blanches j’ai trouvé le cours d’art dramatique Simon. La prof voulait absolument que je joue le journal d’Anne Franck», se remémore-t-elle avec une moue incrédule. «J’étais mauvaise. J’ai connu beaucoup d’échecs malgré ma fougue. Moralement, c’était difficile. Personne ne m’a dit durant tout ce temps que j’étais faite pour faire rire.»
La comédienne en herbe persiste néanmoins et tente bientôt un autre cours. «La seule fois où l’on m’a proposé un rôle, c’était celui d’une fille qui se suicide avec la chasse d’eau des toilettes» ! Après avoir échappé aux savates lancées par le public d’un cabaret parisien grâce à ses talents d’humoriste, Anne Roumanoff se présente enfin devant Guy Lux, le producteur de télé incontournable de l’époque. «Je n’avais aucune expérience de rien. Mais l’accroche avec le public a eu lieu». Un vrai choc culturel pour la toute jeune diplômée de Sciences politiques des prises de tête intellos aux jeux de mots des élèves de «La classe», l’émission d’humour télévisuel en vogue en 1987.

Colette Roumanoff a mis en scène sa fille Anne Roumanoff avec qui elle a co-écrit de nombreux sketches.
Une vraie chance, saisie par l’apprentie humoriste avec l’aide de Colette Roumanoff, sa mère. «On a travaillé ensemble pendant 10 ans. Elle m’a aidé à accoucher de moi-même. A trouver mon style et mon écriture.» De quoi affermir une confiance en soi indispensable pour affronter les rigueurs du spectacle seule en scène. «C’est hyper dur. Il faut être très forte moralement. Et la confiance, on peut la perdre facilement à cause d’une remarque assassine ou de pensées parasites.»

Une sensibilité à fleur de peau désormais blindée par 20 ans de scène, 150 représentations annuelles et plus de 800 000 spectateurs. «Mais ça reste toujours aussi difficile de rester créative et de trouver de nouvelles idées», admet pourtant Anne Roumanoff, en artiste exigeante ayant échappé jusqu’à présent, au montage d’épingle allant souvent de pair avec la notoriété. «J’ai fait beaucoup de rôles de nunuches un peu naïves et ça m’a valu pas mal d’attaques ou de critiques. Certains ont pensé que j’exprimais là mon naturel et se sont étonnés : Ah, bon? Vous avez fait Sciences Po?», explique-t-elle également avec ce ton de comédie grinçante devenu depuis, la marque de fabrique de ses nombreux sketches.
L’humoriste épanouie par ses 20 ans de spectacle n’aime rien tant que le contact et la complicité avec le public.
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