Chirurgie esthétique : un peu d’histoire…

Le traité de médecine indien Sushruta Samhita  est le premier à mentionner des rhinoplasties (« découpage d’une zone de peau du front qui reste attachée à la région d’intersection entre le nez et l'œil, puis est rabattue sur la partie du nez sectionné »), alors que le nez coupé était un châtiment réservé aux criminels et aux femmes adultères. Chez les Hébreux, le Talmud de Babylone mentionne un cas de lipectomie, de la graisse étant retirée du ventre d'un homme obèse...

Au VII siècle, le médecin grec Paul d'Égine indique pour sa part comment réduire par réduction mammaire « les mamelles des hommes ressemblant à celles des femmes ». Au XVI siècle, le médecin italien Gaspare Tagliacozzi invente une technique de greffe afin de réparer les nez tranchés lors des duels à l'épée. S'il est excommunié par l'Église catholique pour avoir voulu corriger l'œuvre de Dieu, sa méthode est encore employée au XIX siècle pour réparer les dommages causés par la syphilis. Toutefois, à ces époques, l'anesthésie n'existe pas.

Le début du XX siècle voit se développer le marché des cosmétiques (Helena Rubinstein et Elizabeth Arden fondent leurs entreprises à cette époque), alors que la libération de la femme du corset par le couturier Paul Poiret et la popularité des bains de mains conduit à rendre visibles des corps autrefois cachés.

En 1865, le docteur Gérard avait déjà mis au point un dispositif dermatologique contre les peaux d'orange et les vergetures, par pulvérisation d'eau sous pression. Comptant parmi les rares femmes médecins de l'époque, Suzanne Noël teste au début des années 1900 cette pratique à l'hôpital Saint-Louis. Par la suite, elle effectue une opération sur une laborantine défigurée par de l'acide sulfurique et souhaite alors se spécialiser dans ce domaine, allant pour ça rencontrer Sarah Bernhardt.

Alors que l'Américain Charles Miller est considéré comme le père de la chirurgie esthétique, l'actrice française avait en effet traversé l'Atlantique en 1911 pour le consulter ; à 66 ans, elle ne supporte plus ses rides et son visage qui s'affaisse. À son retour, la presse salue l'intervention, qui lui aurait rendu une « jeunesse surprenante ». Sarah Bernhardt avoue cependant à Suzanne Noël n'être pas totalement satisfaite. La médecin écrit : « Il lui avait été prélevé dans le cuir chevelu une simple bande allant d’une oreille à l'autre. Si le résultat avait été assez efficace pour le haut de la face, en atténuant les rides du front et en effaçant la patte-d’oie, il n’avait en rien modifié le bas du visage ». Un an plus tard, l'actrice se soumet à une nouvelle opération, qui consiste en un décollement de peau pour la tendre, selon une technique élaborée par Raymond Passot, également pionnier de la médecine esthétique. Cette pratique est toutefois dédaignée et jugée futile par ses confrères, malgré son exposé en 1919 devant l'Académie de médecine ; en 1932-1933, 5 femmes, soit 15 % des 33 femmes médecins, exercent dans ce domaine, ce qui témoigne de sa faible légitimité, selon les mentalités de l'époque.

L'envol de la chirurgie esthétique a quand même lieu après la Première Guerre mondiale, quand il s'agit de réparer les visages déchiquetés des gueules cassées. Attachée à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, Suzanne Noël s'y emploie alors et se consacre ensuite exclusivement à cette discipline. Parallèlement, la mode amène à rendre désormais visibles les genoux des femmes, tandis que l'anesthésie locale est mise au point et que l'asepsie fait des progrès. Les consultations de la médecin ont lieu dans son appartement de l'avenue Charles-Floquet (7 arrondissement de Paris) ou à la clinique des Bleuets, où elle reçoit des femmes d'affaires, des enseignantes, des artistes mais aussi des petites employées, opérant parfois gratuitement pour les plus pauvres. Elle appelle « légers lissages » les liftings, qu'elle réalise sans hospitalisation ni cicatrices visibles, avec des opérations qui ont lieu à quelques mois d'intervalle. Outre le visage, elle opère aussi les fesses, les seins, les jambes ou encore l'abdomen. Entre 1920 et 1930, Raymond Passot comptabilise pour sa part 2500 liftings sur des femmes d'un haut niveau social. En définitive, ces deux personnalités ont participé à la légitimation de leur discipline en France.

Après la Seconde Guerre mondiale, aux États-Unis, les critères de beauté promus par le star system et la société WASP contribuent à encourager les jeunes et les immigrés souhaitant s'intégrer à vouloir ressembler à leurs idoles (comme Jane Russell et Marilyn Monroe). Des acteurs comme Gary Cooper et John Wayne subissent par ailleurs des liftings.

En 1953, de jeunes chirurgiens créent la Société française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. En 1970, un enseignement hospitalo-universitaire est créé en France, symbole de sa reconnaissance officielle.

Texte et photo sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Fotolia.com.

Un chirurgien esthétique à Paris :

75016 - CABINET DU DOCTEUR GORJ http://www.chirurgien-esthetique-paris.fr


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