Les cabinets noirs, fantasme ou réalité ?

A l’origine, l'expression « cabinet noir » désignait un service de renseignement, chargé de l'inquisition postale et de la surveillance des correspondances. En France,  ce service prit de l'importance sous Richelieu, et fut nommé officiellement Cabinet du secret des Postes. Il demeura actif sous la Révolution, le Premier Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet et le Second Empire. Plus récemment, la Ve République a été propice à de nombreuses rumeurs ou accusations de mise en place de cabinet noir par les plus hautes autorités de l’Etat…

Jacques Foccart
En 1960, Jacques Foccart fonde et prend la direction du secrétariat des affaires africaines et malgaches, qui ne dépend d'aucun ministère, mais relève directement de l'autorité du président de la République, Charles de Gaulle. Une centaine d'agents travaillent pour ce secrétariat, dont le but est d'instaurer la Françafrique dans le cadre de la décolonisation. À côté de cette structure officielle, les « réseaux Foccart » sont des « circuits courts » occultes qui établissent une liaison directe avec des chefs d'État africains. Foccart est également l'un des principaux instigateurs du Service d'action civique (SAC), étendant ainsi sa sphère d'influence sur le territoire français. Des journaux satiriques d'extrême droite comme Minute ou Le Crapouillot le caricaturent en chef d'un « cabinet noir ». Selon Le Canard enchaîné, après la démission du général de Gaulle en 1969, des collaborateurs du président par intérim, Alain Poher, auraient découvert dans l'ancien bureau de Foccart une table d'écoute permettant d'enregistrer des conversations tenues dans tout le palais de l'Elysée. Foccart porte plainte pour diffamation, mais il est débouté à la suite d'un imbroglio juridique. Il continuera à œuvrer auprès de nombreux chefs d'État, aussi bien en Afrique qu'en France, jusqu'en 1995, où il conseille Jacques Chirac lors de son élection.

Le « cabinet occulte » de Georges Pompidou
vers la fin de l'année 1968, l'Affaire Marković éclate et Claude Pompidou est victime de rumeurs calomnieuses, visant peut-être à compromettre la carrière politique de son mari. Une fois élu président de la République, Georges Pompidou s'entoure d'une « garde rapprochée » de conseillers: Michel Jobert, Pierre Juillet et Marie-France Garaud. Ces deux derniers, chargés de protéger la réputation du président, sont soupçonnés de former un cabinet noir. Ils auraient entre autres demandé en 1973 au ministre de l'intérieur, Raymond Marcellin, de faire poser des micros dans les bureaux du Canard enchaîné (voir l'affaire des plombiers).

L'affaire Boulin et l'assassinat de Jean de Broglie
Le président Giscard d'Estaing semble vouloir rompre avec les méthodes du « cabinet occulte » en s'entourant à l'Élysée d'une équipe « qui se targue de discrétion et d'apolitisme ». Cependant, plusieurs « affaires » vont ternir l'image de ce septennat, en particulier l'attitude ambiguë du ministre de l'intérieur, Michel Poniatowski, lors de l'assassinat de Jean de Broglie en 1976. Vient ensuite l'affaire Boulin, dans laquelle le SAC de Jacques Foccart semble avoir joué un rôle pour le moins trouble en 1979.

Les écoutes téléphoniques de l'Élysée
À la suite de l'attentat de la rue des Rosiers en 1982, le président François Mitterrand crée une « cellule anti-terroriste » placée sous la responsabilité du directeur de cabinet de la Présidence, Gilles Ménage, et sous le commandement de Christian Prouteau. Dès l'année suivante et jusqu'en 1986, de nombreuses communications téléphoniques sont espionnées par cette cellule sans qu'elles aient le moindre rapport avec une entreprise terroriste. En février 1983, le président de la FNSEA, François Guillaume, s'étonne de la rapidité avec laquelle le gouvernement est informé du contenu de certaines de ses conversations téléphoniques et il suspecte que sa ligne soit sur écoute. Il s'en plaint auprès de journalistes, et le cabinet du premier ministre Pierre Mauroy publie aussitôt un communiqué de dénégation formelle. C'et en effet ce dernier qui délivre les autorisations d'écoute, sur demande du ministère de l'intérieur ou de la défense. en 1988, le scandale commence à atteindre des membres de la « cellule élyséenne » du commandant Prouteau. Le gendarme Robert Montoya a quitté cette cellule en 1986 pour monter une société privée « de protection et d'investigations industrielles » (SPII), qui installe fréquemment des systèmes d'écoute téléphonique pour le compte de la police judiciaire ou de la gendarmerie, voire pour celui de l'Élysée. L'affaire n'apparaît dans toute son ampleur qu'à partir de 1993, lorsque la presse commence à donner le nom de certaines personnalités surveillées parfois pour des raisons d'ordre privé, comme Jean-Edern Hallierqui risquait de révéler l'existence de la fille cachée de François Mitterrand. La référence au cabinet noir tel qu'il se pratiquait sous l'Ancien Régime paraît alors pleinement justifiée.

Yves Bertrand
Yves Bertrand, à la tête de la Direction centrale des Renseignements généraux (DCRG) de 1992 à 2003 avant de rejoindre l’IGPN, est soupçonné d’avoir constitué un « cabinet noir » au profit de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, sous le contrôle du supposé « cerveau » Philippe Massoni, dont Yves Bertrand aurait été l’exécutant.

Le rôle du « cabinet noir » d’Yves Bertrand aurait été double : éteindre les nombreuses affaires judiciaires susceptibles de menacer Jacques Chirac et allumer les contre-feux nécessaires ; monter les « chantiers » pour abattre les opposants, les rivaux et les gêneurs.

Ainsi les carnets secrets d'Yves Bertrand, saisis en 2008 lors d'une perquisition sur l'affaire Clearstream et publiés par Le Point, révèlent qu'il s'est attaqué à Charles Pasqua, Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy, Daniel Vaillant et Bruno Gaccio et qu'il a protégé Jean-Pierre Chevènement, Jacques Chirac et Dominique de Villepin. À la suite de ces révélations, Yves Bertrand s'est défendu d'avoir animé un cabinet noir dans un livre d'entretien paru en 2010.

Bernard Squarcini
Une des premières réformes entreprises par le président Sarkozy concerne le renseignement, dont les services sont regroupés pour former la DCRI en 2008. C'est Bernard Squarcini qui la dirige, tout en restant très proche de l'Élysée. En 2010, Le Canard enchaîné le soupçonne d'être chargé de surveiller la presse à propos de l'affaire Woerth-Bettencourt, et le Parti socialiste demande sa convocation devant une commission de l'Assemblée nationale, malgré les dénégations véhémentes du gouvernement. Les soupçons de cabinet noir à l'Élysée réapparaissent de façon récurrente durant cette fin de quinquennat, et Squarcini doit par exemple démentir à nouveau l'existence d'un tel cabinet lors de l'affaire DSK en 2011.

Même après avoir quitté la DCRI à la suite du changement de majorité politique au printemps 2012, Squarcini continue d'intriguer au profit de Sarkozy, notamment à propos de l'affaire Cahuzac, ce qui lui vaudra d'être mis en examen. En 2016, Jonathan Bouchet-Petersen réitère l'hypothèse d'un cabinet noir du clan sarkosyste qui réunirait, outre Squarcini, Claude Guéant et Michel Gaudin.

Nouveaux soupçons de cabinet noir sous la présidence de François Hollande
Sous le quinquennat de Francois Hollande entre 2012 et 2017, des articles de presse et des ouvrages d'investigation font état d'un cabinet noir à l'Élysée.

Dans un article publié le 31 octobre 2013 par l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, Bernard Muenkel, directeur du service des télécommunications et de l’informatique de l'Élysée affirme avoir reçu le 8 avril 2013 une demande du colonel Éric Bio-Farina commandant militaire de l'Élysée lui enjoignant d'effectuer une recherche dans les archives de la précédente présidence en violation de protocole d'accès afin de trouver des éléments compromettants contre Bernard Tapie, Christine Lagarde, Claude Guéant, François Pérol,Patrick Ouart et Maurice Lantourne (avocat de Bernard Tapie). Il affirme avoir refusé et avoir été rétrogradé. Accusé d'avoir créé une cellule chargée de fouiller illégalement dans les archives laissées par Sarkozy, le secrétariat de la présidence de la République doit émettre un communiqué déclarant que les recherches incriminées se sont strictement limitées aux réquisitions des juges d'instruction et du Conseil constitutionnel.

En 2014, l'affaire Jouyet-Fillon ravive le soupçon de « cabinet noir ».

La mise en place, au lendemain de l'affaire Cahuzac, d'un cabinet noir permettant de suivre les affaires de Nicolas Sarkozy est racontée par les journalistes Aziz Zemouri et Stéphanie Marteau dans Élysée off paru en avril 2016. Selon eux, les informations récoltées par « des hommes de confiance à des postes stratégiques » sont remontées via le secrétaire général de l'Élysée (Pierre-René Lemas, puis Jean-Pierre Jouyet) pour être « distillées au président de la République ».

En octobre 2016, la question d'un cabinet noir à l'Élysée est abordée dans l'ouvrage « Un président ne devrait pas dire ça.»

Le 23 mars 2017 sur France 2, invité de L'Émission politique présentée par David Pujadas, François Fillon affirme en direct que les affaires qui lui valent une mise en examen sont pilotées par le président de la République. Selon lui, il existe un cabinet noir de l’Élysée qui fait fuiter les auditions dans les journaux et fait remonter toutes les écoutes au chef de l’État. Pour étayer ses dires, il s'appuie sur le livre Bienvenue Place Beauvau publié le même jour par des journalistes du Canard enchaîné. L'Élysée dément le soir même l'existence d'un cabinet noir et les journalistes démentent avoir évoqué la présence d'un cabinet noir à l'Elysée, indiquant qu'« il n'est pas possible d'en apporter la preuve formelle comme il n'est pas possible de prouver le contraire ». Cependant, ils portent des accusations très graves contre François Hollande et dénoncent la présence auprès du président de la République d'une « structure clandestine, aux ramifications complexes », que six élus Les Républicains (Bruno Retailleau, Christian Jacob, présidents respectivement des sénateurs et députés LR, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, Luc Chatel, Nathalie Kosciusko-Morizet et Philippe Bas) qualifient d'« association de malfaiteurs ».

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Clker - Pixabay.

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