La viticulture au Chili

La viticulture au Chili est le produit de la colonisation espagnole. L'océan Pacifique à l'ouest, la chaîne des Andes à l'est, le Chili a de nombreux atouts pour être un pays de grands terroirs : de bonnes terres bien situées, de l'eau, un climat favorable, une main d'œuvre qui connaît la viticulture...

La viticulture chilienne date de l'époque des conquistadores qui apportèrent avec eux la vigne depuis l'Europe vers le milieu du XVIe siècle. Le pays n'a pas connu les ravages du phylloxéra, et conserve des vignes préphylloxériques non greffées, apportées au milieu du XIXe siècle par Don Luis Cousiño.

La production des vins se fait pour l'essentiel dans la vallée centrale, une région bordée par deux chaînes montagneuses, traversée de nombreux cours d'eau, comme l'Aconcagua, le Maipo, le Cachapoal, le Tinguiririca, le Teno, le Lontué, le Loncomilla et le Maule, et s'étendant sur 80 km au nord et 350 km au sud de la capitale Santiago. 

Historique
La viticulture au Chili commença au XVIe siècle. En 1551, un commerce de raisins existait à Santiago et à la Serena. Puis, en 1594, un document signala un grand développement des vignes. C'était vignoble colonial, dont la vigne provenait d'Espagne via le Pérou. D'abord plantée autour de Santiago, elle va s'étendre vers Conception et Angol. En dépit d'un climat très favorable, elle resta cantonnée dans ces secteurs pour que ses vins ne concurrencent ceux de sa métropole. Pour ce faire l'Espagne édicta restrictions et interdits, les viticulteurs locaux furent taxés, les licences de plantation et de vente refusées1.

Au début du XIXe siècle l'Indépendance permit un bond à la viticulture chilienne. Le système colonial faisait venir des cépages espagnols, la décolonisation les fit chercher en France. En 1838, les propriétaires de vignobles rejoignirent la Société d'agriculture du Chili et celle-ci améliora le vignoble. Les cépages bordelais alternèrent avec ceux de Bourgogne. Un tiers du vignoble en fut changé. Seules les anciennes vignes persistèrent dans les secteurs les moins rentables, au nord dans les vallées de Copiapo, d'Huasca et d'Elqui ; au sud jusqu'à Bio-Bio. Dans un pays exempt de maladies cryptogamiques et du phylloxéra, leur vitalité fut telle que certaines devinrent de « vraies vignes sauvages accrochées aux arbres des forêts et fructifiant »1.

Le phylloxéra
Le phylloxéra est un petit insecte qui s'attaque aux racines des vignes. Il a d'abord fait ravage au milieu du XIXe siècle, en arrivant en Europe au départ des États-Unis. Un système de greffe a dû être instauré : la vigne est greffée sur un pied différent (de variété américaine) . Empêchant une extension maximale des racines et empêchant aussi un approvisionnement plus varié, qui serait bénéfique pour le vin.

Le Chili est l'un des seuls pays au monde, avec Chypre, dont le vignoble n'est pas affecté par le phylloxéra. Ce qui lui a permis, au cours de la fin du XIXe siècle, d'exporter des vins français d'imitation. 

De nombreuses explications ont été avancées :

- La première mettait en avant le côté isolé du Chili, encadré entre l'Océan Pacifique, le désert d'Atacama et la Cordillère des Andes, le phylloxéra n'avait tout simplement pas pu rentrer. Cependant avec de tels arguments on pourrait penser que la Nouvelle-Zélande ne devrait pas être affectée non plus, ou du moins, qu'à terme, de par la mondialisation des échanges, le Chili aurait été infecté. Or ce n'est pas le cas.

- La deuxième se réfère à l'irrigation mise en place au Chili. On pensait, que le phylloxéra ne résistait pas à l'abondance d'eau, peut-être en faisant allusion à un vieux traitement du phylloxéra utilisé dans la région de Bordeaux qui consistait à mélanger de l'eau et du cuivre et d'inonder les vignes. Cependant, la Californie ne devrait pas être affectée non plus car elle aussi irrigue ses vignes. Néanmoins la piste était lancée.

- La troisième reprend la deuxième. En effet, le Chili est le premier producteur de cuivre au monde. Or, pour extraire le cuivre, celui-ci doit être lavé, et les rivières ont été utilisées pour cela. Ainsi les rivières ont réparti une infime quantité de cuivre un peu partout dans le pays. Cela a abouti à ce que la teneur en cuivre du Chili, et plus précisément des régions viticoles, soit légèrement supérieure à la moyenne. Le cuivre est un élément corrosif que le phylloxéra n'a pas l'air de supporter. Voici la raison pour laquelle le Chili aurait réussi à y échapper.

Les vignes ont ainsi l'avantage unique de ne pas être greffées : certaines vignes ont plus de 140 ans d'âge, permettant de réaliser des vins plus complexes.

C'est avec cette longévité que certains cépages, aujourd'hui disparus, ont été retrouvés au Chili avec l'arrivée d'œnologues européens. C'est notamment le cas du Carménère; ce vieux cépage bordelais, aujourd'hui très rare en France, s'est remarquablement bien adapté au Chili, et sa spécificité a permis de mettre encore plus en valeur le pays. "La recherche de nouveaux vignobles d'altitude et de véritables terroirs devrait permettre au vin chilien de faire un nouveau bond qualitatif" (Mariana Martinez, journaliste viticole chilienne). 

Les cépages du Chili
Les vins rouges, sont vinifiés surtout à partir du cabernet-sauvignon, du merlot et du carménère, mais on trouve tous les cépages français, dont une partie a été importé depuis la France pour les protéger du phylloxéra. En plus, on trouve d'autres cépages étrangers, ainsi que des cépages qui ont été introduits beaucoup plus tôt par les espagnols (le pais y la uva huasa).

Les vins blancs sont vinifiés à partir de chardonnay et de sauvignon, essentiellement. On y trouve également le Muscat d’Alexandrie à partir duquel les chiliens produisent le Pisco et dans peu de temps le Tamarugal cépage autochtone trouvé dans le désert du même nom.

La réglementation
La qualité des vins est de plus en plus réglementée et peu contrastée. Depuis 1995, il y a une classification des zones géographiques du pays et une classification des vins en trois catégories (avec dénomination d'origine contrôlée, sans dénomination d'origine contrôlée et vin de table). Les appellations « gran vino » et « reserva » sont utilisées en fonction de l'image que les viticulteurs se font de leur vin.

Les viticulteurs chiliens ont commencé, depuis le début des années 1990, une politique d'amélioration de leur vin, avec l'introduction de techniques qui ont fait leurs preuves ailleurs, pour produire des vins de caractère :

- contrôle des températures ;
- maîtrise des procédés de fermentation ;
- baisse des rendements ;
- amélioration du vieillissement en barriques de vrai chêne.

Les grands crus
Le pays a depuis longtemps attiré quelques investisseurs français, au total une quinzaine de Français sont aujourd'hui sur place, dont les Rothschild (ceux de Mouton Rothschild et de Lafite), les Marnier-Lapostolle (Grand-Marnier), « Michel Laroche » (Chablis), François et Jacques Lurton (Bordeaux) et les Dassault. De grands œnologues interviennent sur les propriétés.

Absents des marchés internationaux jusqu'au début des années 1980, les vins chiliens se placent en cinquième position mondiale à l'exportation et le Chili est devenu le huitième producteur mondial. Ses vins de qualité sont remarqués par la presse internationale à l'exemple de la revue anglaise Decanter qui, dans son classement des « cinquante meilleurs achats au monde », indique seize vins Français, sept Italiens, cinq Chiliens, trois Espagnols, trois Australiens, et deux Sud-Africains.

Texte et photo sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Romulo A. Ceccon.

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