La France périphérique  ou comment on a sacrifié les classes populaires

Désormais, deux France s’ignorent et se font face : la France des métropoles, brillante vitrine de la mondialisation heureuse, où cohabitent cadres et immigrés, et la France périphérique des petites et moyennes villes, des zones rurales éloignées des bassins d’emplois les plus dynamiques. De cette dernière, qui concentre 60 % de la population française, personne ne parle jamais. Laissée pour compte, volontiers méprisée, cette France-là est désormais associée à la précarité sociale et au vote populiste...

Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi a-t-on sacrifié les classes populaires sur l’autel d’une mondialisation volontiers communautariste et inégalitaire, aux antipodes des valeurs dont se réclame la classe politique ? Comment cette France populaire peut-elle changer la donne, et regagner la place qui est la sienne, la première ? Dans cet essai polémique et percutant, Christophe Guilluy dresse un diagnostic sans complaisance de notre pays, et esquisse les contours d’une contre-société à venir… 

L'auteur
Christophe Guilluy, né le 14 octobre 1964, est un géographe français. Il travaille depuis la fin des années 1990 à l'élaboration d'une nouvelle géographie sociale en tant que consultant indépendant pour les collectivités territoriales.

Ses travaux en géographie sociale abordent les problématiques politiques, sociales et culturelles de la France contemporaine par le prisme du territoire . Il s'intéresse à l'émergence d'une « France périphérique » s'étendant des marges périurbaines les plus fragiles des grandes villes aux espaces ruraux, en passant par les petites et moyennes villes. Il souligne que c'est maintenant 60 % de la population et trois quarts des nouvelles classes populaires vivant dans cette « France périphérique », à l'écart des villes mondialisées .

Avec le sociologue Serge Guérin, il a mis en avant les « retraités populaires » pour signifier que la majorité des ménages de retraités est formée d'anciens ouvriers, employés ou petits commerçants qui habitent dans le périurbain et dans des conditions modestes, voire précaires .

En 2004, son Atlas des nouvelles fractures sociales — coécrit avec Christophe Noyé — et, en 2010, Fractures françaises connaissent un réel succès critique, et plusieurs hommes politiques de droite et de gauche affirment s'inspirer des analyses de ce dernier essai . Interrogé en mai 2013, Guilluy avance que « la France de la périphérie » se réfugie dans un vote protestataire. Selon lui,

« il n'est pas politiquement correct de dire que la majorité des Français se sent en insécurité face à la mondialisation. L'ouverture des frontières aux biens et aux marchandises, que ce gouvernement ne remet pas en cause, se traduit pour eux par la perte croissante d'emplois industriels et par l'augmentation du nombre d'immigrés. »

La France « invisible » aux préoccupations des hommes politiques formerait 60 % de la population . Il oppose ainsi une bourgeoisie riche, vivant dans les centres des villes et profitant pleinement des effets du multiculturalisme, et la France des zones périurbaines, où les tensions entre les communautés sont plus fortes et où la perception de la diversité et de l'immigration est tout à fait différente. Cette différence de perception s'exprime dans le vote de cette France « invisible » parce que « les questions identitaires comptent beaucoup dans les milieux populaires . » 

Document de Christophe Guilluy. Editions Flammarion. 192 pages.


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