Moi, Tonya

Au début des années 90, Tonya Harding a régné comme personne sur le monde du patinage artistique. En 1994, elle fait les gros titres pour une toute autre raison lorsque le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d'avoir planifié et mis à exécution l'agression… 

Entretien avec Craig Gillespie, le réalisateur 

Qu’est-ce qui, au départ, vous a Intéressé dans ce projet ?
Quand on m’a envoyé le scénario, je savais déjà que Margot Robbie avait donné son accord. La perspective de voir Margot Robbie camper Tonya Harding m’a immédiatement séduit. Après avoir lu le script de Steven Rogers, j’ai été totalement convaincu. Il y avait là une maîtrise absolue de la narration, un parfait équilibre entre humour et émotion et une construction dramaturgique foncièrement originale qui m’a effrayé et enthousiasmé à la fois. J’étais totalement emballé. La tonalité d’ensemble était particulière mais j’ai trouvé qu’elle correspondait très bien à Margot. Les numéros d’équilibriste que je l’ai vue faire, entre humour, force et fragilité, me semblaient exprimer à la perfection la personnalité de Tonya. 

À partir du moment où vous avez pris les commandes du film, comment celui-ci a-t-il évolué tout au long du tournage ?
Le scénario était déjà très abouti. Pour moi, la priorité consistait à bien cerner la mentalité de Tonya et à être fidèle au script. Il y a à la fois de l’arrogance et du courage chez Tonya. Elle possède un tempérament et une  énergie que j’avais envie de restituer dans le film. Pour y parvenir, je devais multiplier les mouvements d’appareil, privilégier un montage très «cut» et adopter une musique contribuant à installer les moments de chaos et d’euphorie qu’elle traversait à l’époque. 

Que souhaitez-vous que le public garde comme image de Tonya Harding après avoir vu le film ?
Elle était toujours présentée comme la méchante par les médias alors que son parcours est beaucoup plus complexe et tragique que ça. Sans vouloir minimiser ce qui est arrivé à Nancy Kerrigan – qui a été une chose épouvantable –, j’avais le sentiment que l’histoire de Tonya était beaucoup plus complexe et méritait d’être racontée. Je voulais la rendre humaine et, si possible, susciter de l’empathie à son égard.   

Avez-vous rencontré Tonya Harding ?
Avec Margot, on a eu l’occasion de la rencontrer. Elle était très confiante et sincère. C’était extrêmement précieux de pouvoir rencontrer la personne qui se cache derrière ce patronyme très célèbre – et de voir à quel point elle a tourné la page et surmonté ces événements terribles. 

Comment avez-vous abordé les scènes de patinage dans le film ? A-t-il été difficile de dénicher quelqu’un capable de reproduire les figures de Tonya Harding ?
Très en amont du projet, j’ai rencontré notre chorégraphe patinage, Sarah Kawahara, pour évoquer ce que Margot serait capable de faire par elle-même et les figures pour lesquelles on aurait besoin de doublures. Margot s’est entraînée pendant quatre mois et s’en est remarquablement sortie, même si, bien entendu, il nous a fallu des doublures pour les scènes des Jeux Olympiques. Sarah nous a immédiatement expliqué qu’on ne trouverait personne capable d’accomplir le triple axel : il n’y avait que six femmes qui avaient réussi cet exploit dans toute l’histoire du patinage. À l’heure actuelle, il y a deux patineuses qui participeront l’an prochain aux JO et qui ne peuvent pas prendre le risque de se blesser. J’ai été stupéfait en apprenant à quel point c’était difficile, que Tonya y était parvenue il y a 25 ans et que si peu de patineuses avaient renouvelé l’exploit depuis. On a fini par recourir aux effets visuels ! 

Biopic de Craig Gillespie. Oscar et Golden Globe 2018 de la meilleure actrice dans un second rôle (Allison Janney). 4 étoiles AlloCiné.


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