Angelo Mariani, l’inventeur du vin de coca

Angelo Mariani, né le 17 décembre 1838 à Pero-Casevecchie (Corse) et mort le 1  avril 1914 à Saint-Raphaël (Var), est un préparateur en pharmacie et industriel français, inventeur du vin Mariani à la coca du Pérou popularisé par l'album du même nom...

 

Jeunesse 
Fils aîné d'une famille de médecins et pharmaciens corses, Ange-François Mariani naît le 17 décembre 1838 à Pero-Casevecchie. En 1859, il quitte la Corse pour Paris où il devient préparateur de pharmacie dans une officine du boulevard Saint-Germain, en face de la Faculté. Il est notamment responsable des toniques à base de quinquina.

Mise au point du « vin de coca »
Passionné par les études de Paolo Mantegazza sur les effets de la plante de coca et celles d’Albert Niemann qui isole à partir de cette plante la forme cristalline de la cocaïne, Angelo Mariani met au point avec le docteur Pierre Fauvel (un des premiers médecins à utiliser la cocaïne pour ses propriétés anesthésiques), un « vin de coca ». L'idée d'ajouter de la coca à du vin n'était pas nouvelle, bien que Mariani se soit attribué par la suite un rôle de pionnier. En 1863, une cantatrice de l'Opéra, enrouée, vient à la pharmacie de la part de son laryngologue, le docteur Fauvel qui désirait du « vin de coca », mais le jeune préparateur n'en a pas. Il va recueillir quelques gouttes de sa plus récente préparation, une infusion de trois variétés de feuilles de coca dans du vin de Bordeaux. La diva, après avoir goûté ce faible échantillon de « boisson tonique », prononce : « c'est excellent, vous m'enverrez douze bouteilles ».

Soucieux d'inventer sa propre spécialité afin d'assurer sa fortune , le jeune homme fait breveter la préparation qu’il baptise « Vin tonique Mariani à la coca du Pérou », bientôt plus connue sous le nom commercial de « vin Mariani ». La boisson est un énorme succès qui lui vaut la célébrité dans toute l'Europe : prescrit avec succès pour combattre la grippe, le vin se targue de soigner les affections nerveuses, l'anémie, l'impuissance. Les ventes sont telles que Mariani ouvre sa propre pharmacie au 41, boulevard Haussmann puis fait élever dans les années 1880 au 10-12, rue de Chartres, à Neuilly-sur-Seine, une usine vouée à la transformation de la coca , le vin étant commercialisé dans une bouteille de 50 cl : 60 g de feuilles de coca sont macérées dans de l'alcool (probablement du cognac), puis dans du vin de Bordeaux où est ajouté 6 % de sucre.

Publicité de son invention
 « Le vin Mariani à la coca du Pérou est le plus efficace et le plus agréable des toniques. Bouteille 5 Fr. — 41 boulevard Haussmann. » Comme ses nombreux confrères, Mariani commence modestement, au début des années 1870 , par vanter les bienfaits de son tonique au moyen d'entrefilets de deux ou trois lignes dans les colonnes des quotidiens , des revues mondaines et des magazines culturels. La « réclame » se fait plus détaillée, cautionnée par le succès rencontré par le docteur Fauvel, dans les pages des publications médicales. Tout bascule lorsque Mariani fait appel en 1877 à Albert Robida, dessinateur à La Vie parisienne. Pendant plus de dix ans les bienfaits du vin Mariani s'étalent en pages entières dans la presse. 

Le pape Léon XIII, qui a toujours une fiole avec lui en cas de nécessité, lui décerne une médaille « spéciale » en signe de son approbation officielle. C'est du moins ce que la publicité affirme. Mariani apparait en effet comme un précurseur de la vente sur catalogue, sur publicité identifiée ou rédactionnelle dont il systématise l'emploi, éditant entre 1894 et 1925 les témoignages enthousiastes de plus de 1 000 personnes illustres qui remplissent quatorze volumes de l'Album Mariani. Drogue légale vendue aussi bien dans les pharmacies comme médicament que dans les bars comme apéritif, son vin contient entre 6 à 7 mg de cocaïne dans chaque bouteille qui titre 14 à 17°. En France, la version cocaïnisée du vin Mariani est inscrite pour la première fois au Codex pharmaceutique en 1884 et sera autorisée jusqu'en 1910. 

Témoignages publicitaires 

Nombre de célébrités, plus d'un millier, politiques, médicales, littéraires, artistiques, vanteront le vin Mariani à la suite de leur biographie publiée dans les Figures contemporaines tirées de l'Album Mariani : 

 « Mon cher Mariani, Votre merveilleux vin n'a certainement pas besoin d'être recommandé, car tout le monde le connaît et personne ne s'en passerait. Je prétends que le « Vin Mariani » ne peut avoir aucun égal ; il vivra pour toujours.  Jean Berthelier ».

« J'ai à vous adresser mille remerciements, cher Monsieur Mariani, pour ce vin de jeunesse qui fait de la vie, conserve la force à ceux qui la dépensent et la rend à ceux qui ne l'ont plus. » Émile Zola, 1895.

« Cher Monsieur Mariani, Votre vin est un cordial merveilleux. »  Eugène Grasset.

« Cher Monsieur, J'ai reçu un tel secours de votre vin au moment de mes dernières couches que je vous conjure de m'en faire envoyer d'urgence une nouvelle caisse. » Léon Bloy, 1898.

« Le témoignage des hommes serait bien trompeur si le vin Mariani ne faisait pas des merveilles. Je crois qu'il en fera en ma faveur s'il m'arrive jamais d'en avoir besoin. » Louis Duchesne.

« Boire du vin Mariani / C'est chanter, croire, aimer sans trêve / C'est ouvrir, au pays du rêve / Une porte sur l'Infini ! » Jane de la Vaudère.

« Ars longa, vita brevis : pour nous permettre de travailler sans relâche et de faire progresser la physiologie, un verre de l’excellent vin de Coca Mariani est un précieux adjuvant » Nestor Gréhant, disciple et successeur de Claude Bernard. 

Fin de vie et héritage 
Mariani meurt en 1914 dans sa villa de la station de villégiature de Valescure à Saint-Raphaël. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Ses héritiers arrêteront la production du vin dans les années 1950. Ils créent une nouvelle boisson appelée « Tonique Mariani » qui restera en vente dans les pharmacies jusqu'en 1963.

Postérité 
Son succès inspire la concurrence : différents produits similaires voient le jour, comme « la Coca des Incas » et le « Vin des Incas », par exemple. Il gagne une grande notoriété aux États-Unis lorsqu'il est donné en 1884 au président américain Ulysses S. Grant atteint d'un cancer de la gorge en phase terminale. L'administration par voie topique (locale) d'une solution de cocaïne ou l'ingestion du vin Mariani soulage ses souffrances et lui permet d'achever la rédaction de ses Mémoires. En 1885, le pharmacien John Pemberton à Atlanta aux États-Unis, s'inspire du vin Mariani et y ajoute des noix de kola, créant le French Wine Coca , ancêtre du Coca-Cola qu'on connaît aujourd'hui sans alcool (à cause de la prohibition de 1886 dans l'État de Géorgie) et sans cocaïne (depuis 1906).

Critiques 
Le premier cas moderne de dopage avéré remonte à 1865 : des nageurs à Amsterdam. À la même époque, le vin Mariani était conseillé aux sportifs et « aromatisé » avec des feuilles de coca.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici.

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