Woman at war

Halla est une quinquagénaire indépendante. Derrière sa routine tranquille, elle mène une double vie de farouche militante pour l’environnement. Connue sous son seul pseudonyme, « Femme de la montagne », Halla commence une guerre secrète contre l’industrie locale de l’aluminium. Avec des actions de plus en plus audacieuses, passées du vandalisme insignifiant au sabotage industriel pur et simple, Halla réussit à faire cesser les négociations entre le gouvernement islandais et une multinationale pour la construction d’une nouvelle fonderie. Mais alors qu’elle met au point son opération la plus grosse et la plus courageuse, elle reçoit un courrier qui va tout changer. Sa demande d’adoption a enfin été acceptée, et une petite fille l’attend en Ukraine. Halla se prépare à abandonner son rôle de saboteuse et de protectrice des Hautes-Terres pour accomplir son rêve de maternité ; elle décide de préparer une ultime attaque pour porter un coup fatal à l’industrie de l’aluminium... 

Note du réalisateur, Benedikt Erlingsson 

Ce film vise à être un conte héroïque se déroulant dans notre monde où la menace est imminente. Un conte héroïque à la manière d’un récit d’aventure. Un conte de fée sérieux mais raconté avec le sourire. Notre héroïne est une Artémis moderne, protectrice des contrées vierges et du monde sauvage. Seule, confrontée à une planète qui change rapidement, elle endosse le rôle de sauveur de la terre mère et des générations futures. Notre point de vue est très proche de celui de notre héroïne, voilà pourquoi nous accédons à sa vie intérieure. Dans Les frères Cœur-de-lion de Astrid Lindgren il y a ce dialogue entre deux frères :

« Jonathan dit alors qu’il y avait certaines choses que l’on devait faire même si elles étaient difficiles et dangereuses.

 - Pourquoi ? lui ai-je demandé surpris.
- Sinon, tu n’es pas vraiment quelqu’un, juste une petite merde. »

C’est un film sur une femme qui s’efforce d’être quelqu’un.  

Entretien avec Benedikt Erlingsson 

Vos deux longs métrages DES CHEVAUX ET DES HOMMES et WOMAN AT WAR, montrent l’humanité échouant à dompter ou dominer la nature. Qu’est-ce qui fait de ce conflit, de notre échec total voire bêtise, une si bonne source d’histoire et de comédie pour vous ?
J’ai récemment commencé à penser au lien entre mes deux films – DES CHEVAUX ET DES HOMMES et WOMAN AT WAR. C’est quelque chose dont je n’étais pas vraiment conscient avant d’avoir terminé ce nouveau film. Il est clair pour moi que les droits de la nature doivent être considérés au même niveau que les droits de l’homme, et c’est effectivement une idée qui imprègne les deux films.

Il est évident pour moi que les droits de la nature doivent être défendus par des lois nationales, inscrites dans toutes les constitutions, et par des lois internationales. Nous devons comprendre collectivement que la nature possède un droit intrinsèque et une nécessité d’exister, en dehors de nos besoins humains ou du système économique. Je peux, par exemple, imaginer un système plus rationnel, où une sorte de tribunal, statuerait si nous humains, souhaitons exploiter des sites vierges. Ces questions concernent le bien commun et notre existence à long terme.

Tout comme la possibilité de priver quelqu’un de liberté en l’enfermant dans une prison pour le restant de ses jours. Je pense que le bon moment pour réfléchir à ces questions. Ajoutez à ça le paradoxe d’avoir dans certains pays un État, un instrument créé par le peuple et pour le peuple, facilement manipulable par des intérêts particuliers qui vont manifestement à l’encontre de l’intérêt général. Lorsque nous considérons le défi environnemental auxquels nous sommes confrontés et ce qui se passe, c’est parfaitement limpide.

Parfois, c’est un terreau fertile pour la comédie, comme dans mon petit pays ou dans le film, mais dans de nombreux pays, c’est une tragédie pure et simple. Je veux mentionner deux de mes héroïnes. Des femmes qui étaient vraiment en guerre. Berta Cáceres du Honduras et Yolanda Maturana de Colombie. Ces deux défenseurs de l’environnement luttaient pour la vie même et en raison de leurs actions, elles ont été assassinées par des forces obscures qui avaient des intérêts pour les terres qu‘elles défendaient.

Le pire dans tout ceci est que l’État ne semblait pas se soucier de les protéger. Il semble même que dans certains pays l’État se bat pour l’autre bord. On en arrive à des situations où les défenseurs de l’environnement sont les ennemis de l’État. 

Pourquoi le personnage de Halla devait-il être une femme ?
Je n’y ai pas réfléchi en termes de sexe ou de ce qui serait politiquement correct ou pas. Je suis d’ailleurs très agacé de voir à quel point tout est politiquement correct aujourd’hui…mais ça pourrait changer demain. Le personnage d’Halla m’est venu naturellement à travers l’histoire et la part dramatique qu’elle exige. 

Le film pourrait être décrit comme un drame, un thriller écologiste, une comédie ou les trois à la fois. Comment pensez-vous le genre en travaillant sur un film ?
Je ne pense pas du tout au genre du film lorsque je le prépare ou travaille au scénario. Vient ce qui vient, le genre est quelque chose sur lequel on peut spéculer, une fois que l’enfant est né, si on peut dire. Vous ne réfléchissez pas à quel genre de personne sera votre enfant quand vous êtes en train de le faire. En tout cas, moi pas. Mon coscénariste Ólafur Egill Egillsson et moi n’avons jamais sérieusement parlé du genre du film. Nos discussions qui s’en rapprochaient le plus portaient sur les mots… conte, par exemple. C’est un mot intéressant, qui, en outre, a été très utile à l’élaboration du récit.

Pour moi, il s’agit bien d’avantage de chercher l’histoire, la mission, la souffrance ou toute notion abstraite qui vont rendre le projet et l’histoire excitants. Nous sommes tous les deux férus de dramaturgie, l’essence même de toutes les bonnes histoires. Je ne considère pas ce film comme une comédie ; je ne fais pas de comédie ou au moins je ne cherche pas à en faire. S’il y a quelque chose de drôle dans le genre d’histoire que je raconte, ça vient en supplément, comme un effet additionnel. En termes de procédé, je vais toujours directement vers ce qui fait mal.

Je cherche la douleur de l’auteur ou du personnage et ce qu’elle signifie. En même temps, je n’aime pas les films qui jouent uniquement sur la transmission du ressenti cette douleur. Partir de là a pour moi purement à voir avec la compréhension de l’histoire et me permet d’explorer différentes directions. Quand avec mon directeur de la photographie Bergsteinn Björgulfsson, nous avons commencé à esquisser les grande lignes, l’histoire nous a également conduit à jouer avec le concept de film d’action. 

Comédie dramatique islansaise de Benedikt Erlingsson. Prix de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) à la Semaine internationale de la critique 2018. 4 étoiles AlloCiné.  


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