Tout le monde debout

Jocelyn, homme d'affaire en pleine réussite, est un dragueur et un menteur invétéré. Lassé d'être lui-même, il se retrouve malgré lui à séduire une jeune et jolie femme en se faisant passer pour un handicapé. Jusqu'au jour où elle lui présente sa sœur elle-même handicapée... 

Entretien avec Franck Dubosc, scénariste, réalisateur et acteur 

Comment cette idée de film a-t-elle germée dans votre esprit ? Du quiproquo de départ -quelqu’un assis dans un fauteuil roulant est forcément un handicapé- ou de quelque chose de plus intime ?
La motivation a été double et doublement personnelle. Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant.

Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela.

D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? C’est une vision du futur un peu compliquée, certes. Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film. 

C’est donc, pour une bonne part, la différence physique qui est au cœur de votre film ?
Elle m’intéresse, elle m’attire depuis toujours. Enfant, j’ai été amoureux d’une fille qui avait un strabisme important. Tout le monde se moquait d’elle. Moi je la regardais avec d’autres yeux, si je peux dire. Il m’a semblé très vite que la différence était un atout, un charme. Mais je sais qu’il faut être très courageux pour l’accepter, pour faire sa vie avec quelqu’un de différent, pour l’aimer. Je ne suis pas sûr de l’avoir été assez.   

D’où vient ce personnage que vous incarnez, menteur, tricheur, qui a réussi mais qui cherche sans cesse à être quelqu’un d’autre ?
Son frère lui dit : « tu ne t’aimes pas, c’est pour ça que tu te caches. » Il ne voit pas les autres parce qu’il ne veut pas se regarder. Il est bourré de failles et on devine que ce qu’il dissimule est plus intéressant que ce qu’il nous montre. C’est sûrement la part autobiographique la plus importante du film. Je ne m’aime pas beaucoup même si avec le temps j’ai appris à m’apprécier. Je me suis souvent menti à moi-même. Je ne supportais pas de me regarder dans une glace. Pour séduire, je n’étais jamais moi. Être un autre était plus satisfaisant. Enfin, ce que je voulais, c’est que Jocelyn soit plus beau dans son mensonge que dans la réalité où il est, humainement, plutôt moche. Oui, il est définitivement plus beau dans un fauteuil roulant que dans sa Porsche rouge tape-à-l’œil.   

À travers cette comédie tendre, loufoque et sentimentale, quel message aviez-vous envie de délivrer ?
Ceux qui sont condamnés à rester assis ne sont pas différents. Ils ne le sont qu’en apparence, au fond pas du tout. Je suis sensible à ce sujet mais je ne proclame rien, je ne donne aucune leçon. Je voulais simplement dire qu’il faut s’intéresser aux gens pour ce qu’ils sont à l’intérieur. On est tous debout. Si on le veut. 

Comédie de Franck Dubosc. 4,2 étoiles AlloCiné.


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