Le rire de ma mère

Adrien, timide, n’a pas la vie facile. Bousculé depuis que ses parents sont séparés, il partage son temps entre son père et sa mère. Un jour, il prend conscience d’une douloureuse vérité qui va tout changer, non seulement pour lui, mais également pour toute sa famille. Le jeune garçon se met à jouer dans une pièce de théâtre pour se rapprocher d’une jeune fille dont il est tombé amoureux. Dans cette période difficile, il veut comprendre ce que signifie le fait d’être courageux...

Entretien avec Colombe Savignac et Pascal Ralite, les réalisateurs 

Vous avez, chacun, à des postes divers, une longue expérience dans le cinéma. Qu’est-ce qui vous a décidé à travailler à quatre mains ?
C’est venu petit à petit. Nous partageons depuis toujours ce même amour du cinéma et de l’écriture. Nous écrivions depuis longtemps, chacun de notre côté des histoires différentes, mais souvent autour des mêmes problématiques : la filiation, le couple, la place de chacun au sein d’un groupe ou d’une famille, le temps qui passe… Notre collaboration est née d’un événement douloureux que nous avons vécu. On a eu envie de réfléchir ensemble à cet épisode de notre vie commune : comment faire le deuil des gens qu’on aime ? Et plus précisément comment un enfant se construit à travers cette épreuve ?  

Pourquoi avoir choisi le regard d’un enfant pour raconter cette histoire ?
Tout d’abord, l’enfance, la difficulté de grandir font partie des thèmes qui nous ont toujours fascinés au cinéma et dans la littérature. Ensuite, choisir le point de vue d’un enfant nous a permis de prendre du recul, de nous détacher de ce que nous avions vécu pour entrer dans la fiction.  C’était enfin une manière de rendre indirectement hommage à notre fils, Roman, qui a réussi à traverser et surmonter cette épreuve avec un cran assez exceptionnel.  Roman nous a beaucoup étonnés. Quand il a su sa mère malade, il a fait preuve d’un courage fou et d’une maturité insoupçonnable jusque là. Malgré son chagrin, il s’est tourné tout de suite vers la vie. On a fini par comprendre que, pour lui, la mort n’avait pas la même signification que pour nous. Quand on a vu comment il avait affronté ce drame, comment, malgré cela, il avait réussi à grandir, on s’est dit qu’il y avait, là, quelque chose à raconter sur l’enfance et son étonnante vitalité. On a conçu notre film comme un hymne à la vie. 

Pourquoi l’avez-vous appelé LE RIRE DE MA MÈRE ?
Les enfants ont parfois honte de leurs parents. Ils trouvent gênant, par exemple, que leur père parle trop fort ou que leur mère ait un rire trop aigu. Mais curieusement, plus tard, lorsqu’ ils sont devenus grands, ce sont ces souvenirs là qui leur reviennent en mémoire, comme des petites madeleines, et ils les trimballent, comme des porte-bonheurs, pour le restant de leur vie. LE RIRE DE MA MÈRE est l’expression de tout cela.  

Vous avez réussi à faire courir comme un vent de liberté sur votre film…
C’est le personnage de Marie qui donne cette impulsion que nous voulions pour le film. Elle est très ouverte sur le monde. Elle n’est jamais dans l’apitoiement d’elle-même. Elle est dans le mouvement, elle rit, elle fait du vélo, enfourche des scooters, continue de fumer, picole un peu, drague un peu aussi, brave tous les interdits. Elle reste jusqu’au bout, dans le tourbillon de la vie. Cette liberté qu’elle incarne est contagieuse. Elle l’insuffle à Adrien qui va peu à peu se révéler et s’ouvrir au monde. De même, l’attention permanente de Romain envers son ex, la bienveillance inattendue de Gabrielle, la belle-mère, envers cette femme qui s’impose dans leur vie, donne l’image d’une famille libre de toute convention. Le vent, le soleil, l’océan, le bruit de la ville… sont aussi des acteurs de notre histoire. Ils agissent sur les sentiments de nos personnages et nous permettent d’entrer dans leur intimité.  

Qu’est-ce qui vous a apporté le plus de plaisir dans cette aventure ?
Ça a été de voir s’incarner cette histoire qu’on avait écrite pendant trois ans, de regarder les comédiens se l’approprier comme nous l’avions imaginé et d‘être allés jusqu’au bout de cette aventure malgré les nombreuses difficultés d’un premier film. 

Comédie dramatique française de Colombe Savignac et Pascal Ralite. 3,9 étoiles AlloCiné.


Voir toutes les newsletters :
www.haoui.com
Pour les professionnels : HaOui.fr