Le sens de la fête

Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd'hui c'est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l'orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu'à l'aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête...


Entretien avec Eric Tolédano et Olivier Nakache les réalisateurs

A quel moment vous est apparue l’idée du Sens de la fête ?

Éric Tolédano

Ce film est né dans le contexte assez lourd de l’année 2015. Olivier et moi, nous étions peut-être un peu tristes et le besoin d’aller vers quelque chose de plus festif s’est fait ressentir. L’enjeu était de rire, de prendre du plaisir, tout en décrivant les travers de la société dans laquelle nous vivons. Et cette envie est née conjointement avec celle d’offrir le rôle principal à Jean-Pierre Bacri…

Olivier Nakache

De façon plus anecdotique, je dois dire aussi que l’idée d’un film nait souvent sur le tournage du précédent car l’émulation fait émerger des idées. Or, la première scène de Samba se passait dans un mariage : un long plan-séquence nous emmenait de la salle aux coulisses. C’était un bon résumé de ce qu’on avait envie de faire. 

Pour quelles raisons rêviez-vous de diriger Jean-Pierre Bacri ?

Éric Tolédano

Tout simplement parce qu’il est à nos yeux un des plus grands acteurs français ! Il nous a toujours impressionné pour la justesse de son jeu, son rythme et sa façon d’envoyer une réplique. Avec lui, c’est toujours précis. Je me souviens d’une scène où il était au téléphone ; c’était fascinant comme on y croyait. Les autres acteurs l’observaient comme s’ils voulaient apprendre de lui. D’ailleurs, on n’a jamais eu autant de comédiens derrière le retour vidéo que lorsque Jean-Pierre jouait.

Olivier Nakache

Et puis, si on réfléchit, Bacri est à la croisée de tout ce qu’on aime au cinéma : il est aussi à l’aise et crédible dans des films d’auteur que dans des comédies plus populaires comme Didier. Il cultive sa rareté et lorsqu’il accepte un projet, il assume pleinement. C’est un personnage entier dont on aime le mode de fonctionnement. Entre Gérard Depardieu (Je préfère qu’on reste amis), François Cluzet (Intouchables) et lui, on a eu la chance de diriger de grands acteurs.   

C‘est la troisième fois que vous faites appel à JeanPaul Rouve pour tenir un rôle dans votre film. Qu’aimez-vous tant chez lui ?

Olivier Nakache

Avec Jean-Paul, c’est une histoire à part. Il a une place spéciale dans notre cinéma. Nous avons démarré avec lui, il nous a présenté Gérard Depardieu sur notre premier film, il nous a permis d’exister et d’avancer. Et puis, il a tenu le premier rôle de Nos Jours heureux, un film déterminant pour nous, qui nous renvoie à beaucoup d’émotions fortes et qui reste un souvenir incroyable. 

Comment Gilles Lellouche est-il arrivé sur le projet ?

Éric Tolédano

Dès le début, nous l’avons imaginé dans la peau de l’animateur de la soirée. Gilles fait partie de ces acteurs que nous apprécions particulièrement car il passe facilement d’un registre à l’autre. Or pour nous, il incarnait parfaitement ce type un peu fragile dont le rêve aurait sûrement été de vivre sous les projecteurs mais qui, au final, enchaine les mariages. On a beaucoup de tendresse et d’affection pour ces personnages qui se laissent parfois un peu emporter par leur rôle et qui ont  une vérité et un recul assez approximatifs sur eux même

Olivier Nakache

Ce personnage part d’un cliché. L’avantage, c’est qu’on l’identifie immédiatement et au fur et à mesure que le film avance, on peut l’affiner, lui apporter des nuances. Gilles a lu le scénario, il a tout de suite accepté le projet et a fait preuve d’une grande disponibilité. Quand on lui a demandé de travailler avec un chanteur spécialisé dans les mariages Se bastasse una canzone, le tube d’Eros Ramazzotti, ou Lovely Day de Bill Whiters, il l’a fait très sérieusement. Il a vraiment joué le jeu. Comme Benjamin Lavernhe, d’ailleurs, qui, après avoir passé trois heures sur la scène de la Comédie-Française chaque soir arrivait au milieu de la nuit pour jouer à 30 mètres de hauteur harnaché sous cette énorme bulle, une scène compliquée…   

Trouvez-vous que « Le sens de la fête » manque parfois un peu au cinéma français ?

Éric Tolédano

Beaucoup de films, en effet, nous racontent à quel point le monde est dur, violent et angoissant. Ce film ayant été écrit pendant le chaos que nous vivions en 2015, il pose justement cette question : comment garder, malgré tout, le sens de la fête ? 

Comédie d'Eric Tolénado et Olivier Nakache. Nominations 2017 auxFestival International du Film de Toronto et au Festival du Film Francophone d'Angoulême. 4,1 étoiles AlloCiné.


Voir toutes les newsletters :
www.haoui.com
Pour les professionnels : HaOui.fr