Lucky

Lucky est un vieux cow-boy solitaire. Il fume, fait des mots croisés et déambule dans une petite ville perdue au milieu du désert. Il passe ses journées à refaire le monde avec les habitants du coin. Il se rebelle contre tout et surtout contre le temps qui passe. Ses 90 ans passés l'entraînent dans une véritable quête spirituelle et poétique...

Entretien avec John Carroll Lynch, le réalisateur  

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le scénario de Logan Sparks et Drago Sumonja ?
Tout d’abord, je trouvais le scénario très drôle. J’aimais les dialogues, les personnages et le sentiment communautaire qui s’en dégageait. Les habitants de cette petite ville acceptent tout le monde – même ceux qui, comme Lucky, pensent qu’ils n’en font pas partie.

En lisant le scénario, j’ai eu vraiment le sentiment d’être en train de faire connaissance avec quelqu’un. Quelqu’un de dur en affaires. C’est un personnage qui arrive à un moment de sa vie où il doit faire face à sa mort prochaine et se retrouve confronté à la solitude.

Comment Harry Dean Stanton est-il arrivé dans le projet ? Est-ce que l’histoire a été écrite en pensant à lui pour le rôle de Lucky ?
L’histoire a été totalement pensée pour Harry Dean dans le personnage de Lucky. Le scénario a été écrit comme une sorte de lettre d’amour pour l’acteur et pour l’homme. Le film s’inspire beaucoup de la vie de Harry, de sa personnalité, de ses anecdotes, en ce sens il est quasi biographique.

Logan Sparks, le co-scénariste du film, est un vieil ami de Harry, donc l’inspiration est venue de là aussi. C’était une immense responsabilité d’imaginer le film à partir de la vie de Harry. Car c’est celle d’un homme qui se rend compte que le reste de sa vie ne se compte plus qu’en mois ou en semaines, et non plus en années ou en décennies.

On voulait que ce voyage reflète cela, mais sans avoir recours à des trames scénaristiques usées du type “bucket list”. Lucky ne va pas braquer une banque et ne saute pas d’un avion en plein vol car, même si ça aurait été fort dramatiquement parlant, le changement vient de l’intérieur.

Pouvez-vous nous parler des autres acteurs ? Comment avez-vous fait pour réunir tout ce monde ?
David Lynch et Ed Begley connaissent très bien Harry, donc ils sont arrivés sur le projet tout naturellement. Leurs rôles ont été écrits en pensant à eux d’ailleurs. On doit tout à Logan sur ce point. Pour le reste, je le décrirais comme un casting “Rolodex”.

La plupart des acteurs ont été choisis par relation et les autres ont passé un petit casting. J’imagine que ce qui les a attirés dans le projet, c’était le désir de célébrer Harry Dean à travers le film. Toujours est-il que c’était le cas pour moi.

Comment décririez-vous le personnage de Lucky ?
Lucky est un solitaire, un amoureux des puzzles et des jeux. Il aime croire qu’il est maître de son destin. Il a confiance en lui, en son autonomie, et se croit bien plus intelligent que les autres. Mais dès qu’il doit faire face à sa propre vulnérabilité, sa première réaction est de pester et de se renfermer dans cette sorte d’autosuffisance, en rejetant toute connexion humaine.

Où s’est déroulé le tournage ?
On voulait que Harry puisse dormir dans son lit tous les soirs. On a donc tourné presque entièrement au nord de Los Angeles, dans le désert. On a ensuite passé la dernière journée de tournage en Arizona, à Crave Creek, pour filmer ces paysages désertiques avec le Saguaro. Et la tortue !

Est-ce que le budget restreint du film a été une contrainte pour vous ? Est-ce que vous avez ressenti une certaine urgence, ou le besoin d’avoir à filmer le plus de choses possibles en un temps limité ?
Peu importe le budget, que ce soit 200 millions ou 20 dollars, je crois qu’il y a toujours ce sentiment d’urgence. Ceci dit, tourner en 18 jours a été un vrai challenge. Mais notre principale préoccupation était de préserver l’énergie de Harry.

Je me souviens avoir déjà joué le rôle principal dans un tournage de 18 jours comme celui-ci où j’étais dans chaque scène et c’était épuisant. Et pourtant, j’ai à peine plus de la moitié de l’âge de Harry ! On a donc essayé de créer un planning avec le moins de longues semaines possible.

On voulait vraiment conserver au mieux sa forme, mais il nous arrivait parfois d’échouer. Pour les scènes où on le voit marcher, par exemple, Harry parcourait au moins 5 km par jour en comptant les répétitions, alors qu’il faisait 37 degrés dehors. Et ça c’est juste pour ce qu’on voit à l’écran.

Drame de américain de John Caroll Lynch avec Harry Dean Stanton (décédé le 15 septembre dernier). 4,1 étoiles AlloCiné.


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