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Mercenaire Soane, jeune Wallisien, brave l’autorité de son père pour partir jouer au rugby en métropole. Livré à lui-même à l’autre bout du monde, son odyssée le conduit à devenir un homme dans un univers qui n’offre pas de réussite sans compromission...
Entretien avec Sacha Wolff, le réalisateur Un jeune Wallisien qui part jouer au rugby en métropole… Le sujet de Mercenaire est très original Et pourquoi choisir un joueur venant de Nouvelle-Calédonie ? Comment avez-vous abordé la mise en scène du monde wallisien, de ses pratiques rituelles ? Que ce soit les joueurs de rugby en France ou les Wallisiens à Nouméa, tous les rôles sont joués par des non comédiens. De même, je ne voulais pas au départ m’enfoncer trop fort dans le stéréotype du rugby et de la culture du sud-ouest de la France, et puis peu à peu, j’ai accepté les accents, les régionalismes : je me suis dit qu’en affirmant ce choix en France, je rendrais la métropole plus exotique que la Calédonie, comme elle l’est aux yeux de Soane. Comment avez-vous abordé la mise en scène de la violence ? Si elle atteint parfois ces points culminants, la violence est tout le temps latente dans le film. Soane arrive à surnager assez longtemps mais à un moment, lui aussi plonge dedans. Je ne voulais pas le réduire à un bon sauvage. Il s’est pris suffisamment de coups dans la figure, j’avais besoin de le faire réagir. Autre violence racontée dans le film : celle du dopage, de la transformation des corps pour en faire des machines à gagner… Le moralisme autour du dopage est absurde et j’avais envie d’en faire quelque chose de presque comique. Le dopage n’est pas pour autant mon sujet, je n’ai pas voulu enquêter ou révéler quoi que ce soit sur cette question, mon rôle n’est pas de faire du journalisme d’investigation. Le dopage fait juste partie de l’univers dans lequel Soane vit. Vous mettez en scène un univers très viril et violent mais il se dégage pourtant une grande douceur de votre film Mais ce qui est sûr, c’est que je voulais aller à l’encontre de cette image de « gros bourrins » qu’on associe aux rugbymen ! Je suis moi-même assez «baraqué», j’avais envie d’explorer une part plus profonde et méconnue de ces gens qui ont des corps atypiques, trop grands, trop gros, porteurs d’une grande virilité que l’on convoite. Abraham, le personnage à priori le plus négatif se révèle être celui qui permet à Soane de prendre conscience de l’ampleur du parcours accompli Comme Soane, Abraham est lui aussi un samouraï, un rônin qui maîtrise l’art de la guerre. Ce désir s’est aussi beaucoup construit sur le rapport que j’ai avec Paki, qui incarne Abraham. Paki est vraiment la clé de voûte de ce projet. Sans lui, je n’aurais pas pu faire ce film et le mot de la fin est presque pour lui : « Tu connais maintenant le prix de ta liberté », dit-il à Soane. Cette seule phrase renverse tout ce que Soane croyait jusque là. C’est ce qu’il voulait fuir qui va le plus lui manquer, à présent. Drame de Sacha Wolff. Label Europe Cinéma à la Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2016. 3,8 étoiles AlloCiné. Pour investir dans des films de cinéma : 75008 - CINÉFEEL PROD http://www.cinefeelprod.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |