Le client

Contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran en raison d'importants travaux menaçant l'immeuble, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement. Un incident en rapport avec l’ancienne locataire va bouleverser la vie du jeune couple...


Comment définiriez-vous Le client ?
Est-ce le récit d’une vengeance ou une histoire d’honneur perdu ? J’aurais beaucoup de mal à définir ou à résumer LE CLIENT, ou même à exprimer ce que cette histoire m’inspire personnellement. Tout dépend des préoccupations et du regard du spectateur. Celui qui le verra comme un film social retiendra les éléments relatifs à cet aspect. Un autre pourrait n’adopter qu’un point de vue moral, ou un angle encore différent. Ce que je peux dire, c’est qu’une nouvelle fois, ce film traite de la complexité des relations humaines, surtout au sein d’une famille ou d’un couple. 

Au début du film, Emad et Rana forment un couple sans histoire. Ces deux personnages sont-ils des figures-types de la classe moyenne iranienne ?
Emad et Rana sont un couple de la classe moyenne en Iran. Nous ne pouvons pas dire qu’ils soient représentatifs de la plupart des couples de cette classe, dans leurs relations ou en tant qu’individus. Simplement, les personnages ont été créés de telle façon que le spectateur n’ait pas le sentiment d’avoir affaire à un couple à part. Il s’agit d’un couple normal, mais qui a ses particularités. Ils sont tous les deux dans le domaine de la culture et jouent au théâtre. Mais ils se trouvent placés dans une situation qui révèle des dimensions inattendues de leurs personnalités. 

Vous évoquez le développement anarchique de Téhéran à travers la vue que les personnages en ont depuis la terrasse du nouvel appartement. Est-ce votre regard personnel sur la ville dans laquelle vous vivez et travaillez ?
Le Téhéran d’aujourd’hui est très proche de New York, tel qu’Arthur Miller le décrit au début de la pièce. Une ville qui change de visage à une allure délirante, qui détruit tout ce qui est ancien, les vergers et les jardins, pour le remplacer par des tours. C’est précisément dans cet environnement que vit le commis voyageur. Et c’est un nouveau parallèle entre le film et la pièce. Téhéran change de façon frénétique, anarchique, irrationnelle. Quand un film raconte l’histoire d’une famille, la maison y a forcément un rôle central. Cela avait déjà été remarqué dans mes films précédents. La maison et la ville occupent cette fois encore un rôle primordial.

Drame iranien d'Asghar Farhadi. Prix d'interprétation masculine, prix du scénario Cannes 2016. 3,9 étoiles AlloCiné.


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