Mademoiselle

Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…

Park Chan-Wook, le réalisateur de OLD BOY, LADY VENGEANCE, THIRST, et STOKER, revient avec un thriller inspiré du roman Fingersmith (Du bout des doigts - éditions 10-18) de l’auteure britannique Sarah Waters. En transposant l’histoire originellement située en 1862 dans la Corée des années 1930, durant la colonisation japonaise, Park Chan-Wook réalise un conte sensuel mettant en scène une jeune femme japonaise vivant dans une propriété isolée et une femme coréenne engagée pour être sa servante.

Park Chan-Wook réalise ici son premier film en costumes et les années 1930 offrent de nouvelles sources d’inspiration à sa sensibilité plastique. Grâce à son travail avec ses collaborateurs de longue date, le directeur de la photographie Chung Chung-Hoon et la décoratrice Ryu Seong-Hee, Park Chan-Wook installe son histoire dans une propriété imaginaire combinant des éléments d’architecture européenne et japonaise avant de se déplacer au Japon pour le dénouement du film. 

Entretien avec Park Chan-Wook

Comment le livre est-il devenu votre nouveau film ?
Il s’est passé la même chose qu’avec OLD BOY. Le producteur Syd Lim est tombé sur le livre, me l’a fait lire et m’a demandé ce que j’en pensais. Je suis sûr que tous les autres lecteurs ont ressenti la même chose, la première partie du roman m’a complètement pris par surprise. Non seulement ça, mais je suis aussi tombé amoureux du style précis et vif de l’auteure. J’ai surtout choisi cette histoire parce que les deux femmes au centre du récit semblaient très réelles. L’une a un passé sombre et l’autre a un présent désespéré, cependant il se dégage des deux une grande individualité et beaucoup de charme.

Dans le roman, l’histoire se déroule à l’époque victorienne. Pourquoi l’avoir transposée pendant la colonisation japonaise dans les années 1930 plutôt qu’à un autre moment de l’histoire coréenne ?
Pour des raisons pratiques. En réfléchissant à une société où la noblesse existe encore, ainsi que le métier de servante, où un personnage collectionne des objets rares, etc., cela semblait le bon choix. C’était une époque où certains aspects traditionnels demeuraient mais où la modernité commençait à prendre le dessus. 

Les mouvements de la caméra dans l’espace sont étonnants, pouvez-vous nous en parler ?
La maison est grande et il y a peu de personnages dans cet immense espace vide. Par ailleurs, dans la première partie, nous voyons de nombreuses scènes du point de vue de Sookee et de celui de Hideko dans la seconde. Tout le long, il y a une sorte de « jeu de regards » dans lequel quelqu’un regarde quelqu’un d’autre, ou ignore quelqu’un, ou se doute que quelqu’un le regarde. Cette dynamique s’exprimait parfois mieux dans des gros plans et à d’autres moments par des mouvements de caméra.

Au début je voulais tourner le film en 3D. Habituellement, on l’utilise pour les films de science-fiction ou d’action, mais j’ai pensé que ce serait intéressant de l’utiliser pour ce genre de drame. La 3D aurait fait ressortir le point de vue de chaque personnage. Finalement, nous n’avons pas pu le faire pour des raisons financières, mais je crois que les mouvements de caméra se substituent aux effets que j’aurais souhaité.

Drame, thriller de Park Chan-Wook. Sélection officielle Cannes 2016. 4,3 étoiles alloCiné.


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