Au nom de ma fille

Un jour de juillet 1982, André Bamberski apprend la mort de sa fille Kalinka. Elle avait 14 ans et passait ses vacances en Allemagne auprès de sa mère et de son beau-père le docteur Krombach. Rapidement, les circonstances de sa mort paraissent suspectes. L’attitude de Dieter Krombach ainsi qu’une autopsie troublante laissent beaucoup de questions sans réponse. Très vite convaincu de la culpabilité de Krombach, André Bamberski se lance dans un combat pour le confondre. Un combat de 27 ans qui deviendra l'unique obsession de sa vie...

Entretien avec Vincent Garenq, le réalisateur

Pourquoi avez-vous eu envie de faire un film sur André Bamberski ?
J’avais suivi son histoire et repéré son livre « Pour que justice te soit rendue », mais je me suis retenu de le lire tout de suite, car je me disais qu’après PRESUMÉ COUPABLE, il n’était pas raisonnable de refaire un film dans un contexte judiciaire. Mais j’ai fini par craquer. J’ai acheté le livre et j’ai été submergé par l’émotion, je l’ai lu en une nuit !

Qu’est-ce qui vous a bouleversé à ce point dans ce livre ?
J’ai été sidéré par sa persévérance, son obstination. Pendant trente ans, il n’a jamais démordu, il s’est battu comme un forcené pour que la vérité soit faite et que justice soit rendue à sa fille. Au fil du temps, il est devenu un spécialiste du droit, il en savait souvent plus que ses avocats. Aucun obstacle ne l’a arrêté. Et il a finalement réussi à vaincre l’immobilisme des justices française et allemande  ! C’est du pain béni pour un scénariste. Il y a une dimension héroïque, très cinématographique, mais c’est aussi une histoire de paternité, ce qui me touche infiniment, car j’ai deux enfants qui sont la plus belle chose qui me soit jamais arrivée dans ma vie. La paternité est un sujet qui me hante et qui est au cœur de tous mes films. 

À cause de son sujet, votre film aurait pu se laisser aller à un racolage sentimental.
Or, s’il dégage beaucoup d’émotion, à aucun moment il ne génère de voyeurisme. J’ai une théorie sur l’émotion  : plus on la retient, plus elle finit par jaillir avec force. Je ne cherche jamais à pousser l’émotion dans une scène en me disant «  le spectateur va pleurer exactement ici ». Je préfère la retenir, rester pudique et digne, ne jamais franchir la ligne du «  mélo  ». Laisser le spectateur libre de pleurer là où il veut, s’il veut. André Bamberski, qui est un homme très pudique, a, je crois beaucoup apprécié cette tenue du film. Daniel Auteuil également qui n’aime pas aller dans l’étalage des sentiments. Depuis que je fais du cinéma, je me suis toujours efforcé de ne pas aller à l’émotion facile, de ne pas susciter le voyeurisme. C’est pour ça que je n’aime pas qu’on m’associe aux « faits divers », comme si j’étais un cinéaste racoleur. Je trouve ce raccourci impropre me concernant. Je fais des portraits d’hommes. Ce sont des hommes comme Alain Marécaux, Denis Robert et André Bamberski qui m’ont attiré dans leurs histoires. Il se trouve qu’elles se sont déroulées parfois dans des «  affaires  » connues, mais ce n’est jamais cela qui m’a attiré en premier. Ce sont leurs parcours d’hommes.   

Pourquoi avez-vous fait appel à Daniel Auteuil pour incarner André Bamberski ?
C’était une évidence. Quand j’ai commencé à écrire le scénario avec Julien Rappeneau, j’ai pensé tout de suite à lui, sans pouvoir envisager quelqu’un d’autre. Daniel est un immense acteur, il possède une intériorité exceptionnelle, il peut exprimer une dévastation intérieure par un simple regard, comme dans L’ADVERSAIRE ou UN CŒUR EN HIVER… Il nous manquait dans ce registre-là et je crois qu’on l’y retrouve avec bonheur dans ce film. Ce rôle était pour lui. Et comme par hasard, il m’a donné son accord immédiatement.  

Comment avez-vous choisi les scènes qui figurent dans le film ?
Les scènes marquantes du film étaient déjà évoquées dans le livre. L’autopsie, l‘exhumation du corps de Kalinka, le témoignage de la jeune fille violée par Krombach au procès en Allemagne, toutes ces scènes très fortes sont inspirées de la réalité. Pour l’aspect juridique, nous avons dû beaucoup simplifier. Trente ans de procédures, vous imaginez… Nous sommes allés à l’essentiel, à l’épure même. Sous peine de perdre la tension du film.

Drame de Vincent Garenq. 4,1 étoiles AlloCiné.

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