Vendeur avec Gilbert Melki

Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis trente ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière. Ses amis, ses femmes et son fils, Gérald, qu’il ne voit jamais. Et sa santé. Quand Gérald vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur. Contre toute attente, Gérald se découvre un don...

Entretien avec Sylvain Desclous, le réalisateur 

Vous avez ancré votre premier long métrage dans un univers rarement exploité au cinéma, celui de la vente. Pourquoi ce choix ?
L’idée m’est venue devant un reportage télévisé ayant pour sujet un vendeur « extra », qui désigne, dans le jargon des cuisinistes, un vendeur qui n’est pas salarié mais qui passe de magasin en magasin. Alors que l’angle du reportage était plutôt celui des réussites matérielles et sociales que ce métier peut engendrer, j’y ai surtout vu le prix à payer. Le vendeur dont on faisait le portrait menait en effet, dans l’exercice de son travail, une existence très solitaire, et à mes yeux, assez triste.

Le contraste que montrait le reportage entre la « richesse » de la vie professionnelle de cet homme, faite de rencontres, d’échanges et de challenges, et le néant de sa vie personnelle, m’a frappé. Je me suis alors dit qu’il y avait là matière à faire un film... Pour y avoir fait de nombreuses incursions dans ma vie professionnelle antérieure, je connais un peu le monde de l’entreprise et je sais à quel point les gens peuvent aussi y être malheureux. Une sorte d’insatisfaction personnelle et/ou existentielle, planquée sous le masque de la réussite... En tous cas, il y avait là un bon terreau pour faire un film avec des personnages à la fois ordinaires et singuliers, complexes et attachants. 

Serge, le personnage central de votre film, lui, « invente » beaucoup pour oublier la sienne. Il écume les bars, fréquente les prostituées et se drogue à tout va. N’avez-vous pas un peu forcé le trait ?
Je n’ai pas inventé grand-chose... Le milieu de la vente étant un univers plutôt masculin, il est, de fait, assez viril, voire machiste, et s’appuie sur le paraître et la performance. Quant à la drogue, comme dans un grand nombre de professions où il faut tenir physiquement et psychiquement, elle circule.

Cela dit, Serge est un personnage de fiction et je n’ai pas voulu en faire l’archétype du vendeur et encore moins une caricature. Son métier sert de cadre. Je voulais montrer que chez certains êtres humains, le côté hâbleur dissimule souvent un grand vide affectif. 

Votre film n’est pas réaliste. Mais il témoigne d’une certaine réalité du monde du travail...
Quand on me demande ce que raconte mon film, je commence toujours en disant que c’est l’histoire d’un homme qui s’appelle Serge. C‘est dire que ce film est avant tout pour moi le portrait d’un homme qui a sacrifié beaucoup de sa vie à son travail. Après, c’est vrai qu’au-delà de ce portrait, j’ai eu envie de brosser celui d’un monde du travail où l’obsession de la performance et du chiffre a pris le pas sur d’autres valeurs plus essentielles à mes yeux.

Comédie dramatique de symvain Desclouys avec Gilber Melki. 3,4 étoiles AlloCiné.

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