Manchester by the sea

L’histoire de la famille Chandler, famille de classe ouvrière du Massachusetts. Après la mort subite de Joe son frère ainé, Lee devient le tuteur légal de son neveu. Lee doit faire face à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi ainsi que de la communauté où il est né et a été élevé...


Note de Kenneth Lonergan, le réalisateur
On a tourné le film à Cap Ann (Massachusetts), entre fin février et début mai. Au début, il faisait très froid, mais c’était magnifique. À Cap Ann, on n’est jamais très loin de la mer. J’ai adoré passer du temps sur l’océan et dans les criques, tourner sur le bateau, dans les docks, les marinas et les maisons de Manchester, Gloucester et Beverly. J’ai adoré ça, même quand on accumulait les heures supplémentaires et que je rêvais de me coucher et de ne plus jamais avoir à me lever. La nourriture était excellente.

Mon restaurant préféré : Clam Box à Ipswich. On y sert les meilleurs lobster rolls (sandwich au homard) qu’il m’ait été donnés de goûter, bien que le restaurant m’ait été recommandé pour ses palourdes frites, qui sont également excellentes, mais pas aussi bonnes que celles servies à Nicky’s Cruisin’ Diner à Bangor (Maine), près de l’aéroport...

Durant le tournage, j’ai eu la chance de loger dans une maison dans le quartier d’Annisquam, à Gloucester. Elle dominait une petite crique, en retrait de la rivière. Il y avait une grande baie vitrée et une véranda donnant sur un bois et des maisons de l’autre côté de la rivière. Au cours de la journée, je pouvais voir toutes sortes d’oiseaux, et presque toutes les nuits, une voûte étoilée spectaculaire. En dehors des week-ends, j’étais généralement à la maison très tôt le matin, avant que je ne parte sur le tournage ou après que j’en revienne.

Au début du printemps, un cygne a fait son apparition. Je le voyais régulièrement se laisser porter par les flots, dans la crique. Je n’y connais rien aux cygnes, en dehors de ce que j’ai pu lire dans La Trompette du cygne d’E.B. White. Dans le livre, le mâle nage autour et aux abords du nid le printemps durant, à l’affût des prédateurs, pendant que sa femelle couve leurs œufs. J’ai pensé que c’était peut-être ce que faisait ce cygne. Je n’en ai pas la moindre idée, bien sûr, parce que le tournage s’est achevé et je suis rentré chez moi avant que les bébés cygnes ne naissent... et que je n’y connais rien aux cygnes.

On ne sait jamais ce qui nous motive à parler des choses dont on parle dans un film. Je suppose que l’impulsion de créer est trop spécifiquement ancrée dans la psyché de chaque artiste pour qu’elle soit d’un quelconque intérêt pour qui que ce soit d’autre, mais j’espère que le résultat le sera. Ce que je préfère dans la fabrication d’un film, c’est le processus par lequel une histoire initialement née dans votre imagination personnelle pénètre et s’installe dans l’affectif d’autres personnes.

L’histoire est nourrie par les émotions et les idées de vos collaborateurs, et elle s’épanouit sous leurs soins. Elle devient une sorte de fantasme partagé, appartenant à tous, jusqu’à ce qu’elle soit enfin transmise à des spectateurs dans leur vie intérieure desquels, on l’espère, elle trouvera une place, de la même façon que les films que j’aime font partie de moi.

Drame anglais de Kenneth Lonergan. 5 nominations au golden globes 2017. 4,2 étoiles AlloCiné.


Voir toutes les newsletters :
www.haoui.com
Pour les professionnels : HaOui.fr