La faillite d’Enron

Enron fut l'une des plus grandes entreprises américaines par sa capitalisation boursière. Outre ses activités initiales dans le gaz naturel, cette société texane avait monté un système de courtage par lequel elle achetait et revendait de l'électricité, notamment au réseau des distributeurs de courant de l'État deCalifornie. En décembre 2001, elle fit faillite en raison des pertes occasionnées par ses opérations spéculatives sur le marché de l'électricité, qui avaient été maquillées en bénéfices via des manipulations comptables. Cette faillite entraîna dans son sillage celle d'Arthur Andersen, qui auditait ses comptes…

Les débuts et le développement
En 1984, Kenneth Lay, 42 ans, prend la tête de la Houston Natural Gas,un petit distributeur texan de gaz. Il est l'ancien sous-secrétaire d'État à l'Énergie dans le gouvernement Reagan et très lié aux Bush (pétroliers) et à Dick Cheney, lui aussi patron du milieu pétrolier.

En 1985, Enron nait de la fusion de Houston Natural Gas et de la Internorth of Omaha.

Son nom fut d'abord Enteron, composé de "En" pour Energy, de "on" de Houston et de "ter" pour la phonétique. Malheureusement ce mot veut dire intestin en anglais scientifique et les lettres "t" et "e" seront ôtées pour conserver: Enron. Quand l'entreprise démarra ses activités, elle était à la tête d'un réseau degazoducs tout à fait respectable. Son business model restait traditionnel : production et transport de gaz, ainsi que la vente essentiellement sur les marchés de gros.

Au début des années 1990 et avec l'arrivée de Jeffrey Skilling, ancien consultant de McKinsey, Enron adopte un nouveau model avec la création de la "Gas Bank", une chambre de compensation pour le gaz. Enron est la contrepartie de toutes les transactions et, grâce à cette plate-forme, offre des produits financiers dérivés comme des swaps, options, ... à ses clients.

Par la suite, Enron entreprend une diversification en élargissant son marché à l'ensemble des matières premières et offre des dérivés sur un grand nombre de sous-jacents. Cette politique sera suivie en 2000 par le lancement du site EnronOnline, une plate-forme de trading où seront négociés jusqu'à 2 100 produits.

Parmi les nouveaux produits lancés par Enron, on trouve :

- Enron Broadband : une plate-forme de négoce pour la bande passante ;
- Azurix : une société gérant des infrastructures de distribution d'eau dont le but était de reproduire le model de la "Gas Bank" pour l'eau ;
- des dérivés climatiques développés et commercialisés par Enron dans le milieu des années 1990.

Ce développement se fit sous la bienveillance du sénateur Texan Phil Gramm, dont l'épouse était présidente de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC; organe de contrôle des produits financiers dérivés, en particulier pour les matières premières). Dans le même temps, une vaste campagne de communication fut lancée auprès des consommateurs, notamment pour les persuader qu'une dérégulation du marché (cf. déréglementation) ferait tomber leur facture de 43 %.

En 1999, Fortune place Enron à la septième place des entreprises américaines et lui décerne deux années consécutives le titre d'entreprise la plus innovante des États-Unis.

Fraudes et manipulations
En interne, Enron créa plus de 3 000 sociétés offshores. Le but premier de ces sociétés était de permettre à des investisseurs de cofinancer des infrastructures longues à rentabiliser grâce à la titrisation. Ces sociétés permettaient aussi d'externaliser certains risques importants de la société mère pour éviter de la mettre en péril.

Enron utilisait largement ce type de sociétés non consolidées dans ces buts et par la suite pour sortir des actifs ou des passifs du bilan. Ces sociétés, dont les sièges sociaux étaient installés dans les îles Caïmans, les Bermudes ou les Bahamas, rendaient ainsi le bilan plus "présentable". Toutefois, de succinctes informations sur ces filiales étaient indiquées dans des notes en bas de page des documents d'information financière.

L'entreprise poursuivait simultanément une politique de communication agressive. « Je crois en Dieu et je crois dans le marché », déclare Kenneth Lay le charismatique président de Enron. Le président Kenneth Layenvoya aux salariés un courrier leur annonçant qu'il pensait que le cours de l'action gagnerait 800 % avant l'année 2010.

Exemple de montage financier d'Enron
L'objectif est de permettre à Enron d'emprunter de l'argent sans que cela apparaisse dans ses comptes. L'opération implique trois acteurs : Enron, une filiale offshore d'Enron (comme Jedi, LJM ou Mahonia) et une banque (appelons-la banque A). Tous sont complices du montage. L'opération est ici largement simplifiée.

D'abord la filiale vend pour un million de dollars de gaz à la banque A. La filiale, contrôlée par Enron, reçoit alors un million de dollars de la part de la banque A (un contrat de livraison de gaz est signé mais cette livraison n'a pas lieu ; seul son paiement est effectué). Enron vend ensuite pour un million de dollars de gaz à sa filiale. Enron reçoit donc un million de dollars de cette dernière. Enfin Enron achète à la banque A pour un million cinquante mille dollars de gaz, et paie en plusieurs fois. La banque A recevra, au terme du processus, un million cinquante mille dollars (les cinquante mille dollars sont, en réalité, des intérêts).

Quel est le résultat ? L'opération équivaut pour Enron à contracter un prêt d'un million de dollars auprès de la banque A et le rembourser progressivement avec des intérêts. Mais cela apparaît dans les comptes comme une opération commerciale, et permet à Enron de se surendetter sans éveiller les soupçons.

D'autre part sur les résultats comptables, Jeff Skilling demanda comme condition à sa prise de la direction, de tenir une comptabilité sur la base des prix du marché et non pas sur des valeurs historiques, ce que le cabinet Arthur Andersen accepta. Il faut savoir qu'aucune pratique ne réglemente encore le nouveau business model d'Enron. Cette méthode de comptabilité à la valeur du marché qui est la règle dans le domaine de la finance est appliquée pour la première fois hors de ce milieu.

Cela permet d'inscrire en comptabilité non pas les bénéfices réels, mais les bénéfices à la valeur du cours du gaz au jour de la signature du contrat.

La révélation des fraudes et l'effondrement de l'entreprise
En 2000-2001, les actions Enron baissent fortement dans le sillage de l'explosion de la bulle Internet. Comme ces actions servent de garantie à de nombreux montages financiers réalisés entre Enron et les banques, celles-ci demandent le remboursement de ces emprunts camouflés qui, dès lors, réapparaissent dans le bilan d'Enron.

Le 20 août 2001, son PDG, Kenneth Lay, déclare à Business Week: « La compagnie est probablement dans sa meilleure forme, la meilleure qu'elle n'ait jamais eue. » Il a pourtant vendu toutes ses actions Enron depuis six mois, empochant au passage une dizaine de millions de dollars de profit net.

Le 9 octobre 2001, Goldman Sachs qualifie Enron de « best of the best ».

Le 29 octobre 2001, le PDG d'Enron joint le secrétaire au Commerce Don Evans pour lui demander s'il peut influencer l'agence de cotation Moody's qui a dégradé la note de la dette à long terme de sa société. Don Evans estime qu'il ne peut intervenir.

Le 31 octobre 2001, la SEC (le gendarme de la bourse américaine) ouvre une enquête.

Le 2 décembre 2001, la multinationale se déclare en faillite ; le cours de l'action chute à 1 dollar en quelques mois. En un an, sa valeur boursière a été divisée par 350. Environ 20 000 salariés sont immédiatement licenciés, tandis que des centaines de milliers de petits épargnants qui avaient confié leurs fonds de pension à Enron (environ les deux tiers des actifs boursiers de la firme étaient détenus par des fonds de pension ou des fonds de mutuelles) perdent l'essentiel de leur capital-retraite, car celui-ci était constitué principalement de parts dans l'entreprise.

Des procédures pénales sont ouvertes contre les anciens dirigeants de l'entreprise : le trésorier, Ben Glisan fut condamné à cinq ans de prison. Le directeur financier, Andrew Fastow, à dix ans (son épouse, Lea, fut elle aussi condamnée pour avoir aidé à masquer les comptes).

Le 25 mai 2006, Kenneth Lay, 64 ans, est reconnu coupable de six chefs d'accusation, dont la fraude et le complot ; mais il décéda d'un infarctus le 6 juillet avant de commencer à purger sa peine. L'ancien numéro deux d'Enron, Jeffrey Skilling est également reconnu coupable de 19 des 28 accusations, dont fraude, complot, fausses déclarations et délit d'initié et condamné à vingt-quatre ans et quatre mois de prison le23 octobre 2006. La Cour suprême des États-Unis décide le 24 juin 2010 d'annuler la condamnation de Jeffrey Skilling, ancien PDG d'Enron, pour manquement à ses « obligations morales » lors de la faillite de la société en 2001. Le 21 juin 2013, sa peine initiale de 24 ans de détention est ramenée à 14 années.

Les anciens partenaires de l'entreprise sont également inquiétés par les poursuites judiciaires, notamment : le cabinet d'Arthur Andersen, Citigroup, JP Morgan, Merrill Lynch, Deutsche Bank, la CIBC, et la Banque Barclays.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Onypix - Fotolia.com.

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