Mémoires de jeunesse

Printemps 1914. Jeune femme féministe à l’esprit frondeur, Vera Brittain est résolue à passer les examens d’admission à Oxford, malgré l’hostilité de ses parents particulièrement conservateurs. Décidée à devenir écrivain, elle est encouragée et soutenue par son frère et sa bande d’amis – et notamment par le brillant Roland Leighton dont elle s’éprend. Mais les rêves de Vera se brisent au moment où l’Angleterre entre en guerre et où tous les jeunes hommes s’engagent dans l’armée. Elle renonce alors à écrire pour devenir infirmière. Tandis que la jeune femme se rapproche de plus en plus du front, elle assiste avec désespoir à l’effondrement de son monde...

Entretien avec le réalisateur James Kent 

Comment êtes-vous arrivé sur MÉMOIRES DE JEUNESSE ?
Je n’avais encore jamais réalisé de long métrage puisque jusque-là j’ai tourné des documentaires et des téléfilms. Mais j’ai été contacté par la productrice Rosie Alison et je crois qu’elle a vu dans mon travail une forme de synthèse entre le documentaire et la fiction. En tant que réalisateur, j’ai toujours été attiré par les histoires vraies et leur authenticité. Je trouve qu’elles sont une formidable matière pour la fiction. J’ai réalisé pas mal de portraits de femmes fortes, souvent empruntées à l’Histoire, parce que, à mes yeux, les femmes ont été fréquemment marginalisées par la société.

Du coup, grâce à leurs combats, je suis insatiablement curieux de savoir comment elles ont survécu. J’ai réalisé un téléfilm sur Margaret Thatcher, qui a dû se battre contre la domination masculine du parti conservateur pour devenir Premier ministre pendant trois mandats (MARGARET, 2009). J’ai aussi réalisé un film, tiré d’une histoire vraie, sur une lesbienne ayant vécu au XVIIIème siècle, en pleine époque géorgienne (THE SECRET DIARIES OF MISS ANNE LISTER, 2010), qui était très libérée sexuellement. De toute évidence, Vera Brittain était aux avantpostes des combats pour les femmes et leurs droits. 

Quelle était votre conception du film ?
Pour moi, la dramaturgie devait être très forte. D’une certaine manière, le premier acte est l’été avant la tempête, et le spectateur sait que l’orage approche. C’est un très bel été de l’époque edwardienne et les protagonistes sont comme des enfants innocents. Les mouvements d’appareil sont alors très fluides et l’image est lumineuse. Puis, tandis qu’avance l’intrigue, nos personnages sont de plus en plus sous pression comme si l’Histoire s’immisçait dans leur esprit. Et dès lors que le climat s’assombrit, j’ai davantage tourné caméra à l’épaule.

Vers la fin, quand Vera est frappée par le deuil, la caméra la cerne en gros plans. On sent presque physiquement qu’elle supporte un poids sur ses épaules qui lui pèse de plus en plus. Le style du film évolue tout au long d’une véritable trajectoire esthétique. J’espère que la nature est présente à chaque instant : je crois sincèrement que lorsqu’on regarde le film et qu’on aperçoit les paysages, les plantes, les fleurs ou les oiseaux, on se rend compte que la seule chose qui se régénère – même si on cherche à l’anéantir –, c’est la nature. La nature est une sorte d’observateur impartial qui est toujours là, malgré nous. 

Pensez-vous qu’il y ait des similitudes entre la génération de Vera et celle d’aujourd’hui ?
Ce qui m’a plu dans ce projet, c’est qu’il s’adresse aussi à la jeune génération actuelle qui, tout comme celle de Vera, se sent abandonnée par ses aînés. On se souvient de la crise financière de 2008, du matérialisme de ma génération, et du fait que les jeunes gens d’aujourd’hui ne puissent toujours pas accéder à la propriété. Certes, cela n’est pas comparable à la Première Guerre mondiale, mais il existe toujours un vrai gouffre entre les générations.

C’est particulièrement vrai à l’époque edwardienne, où les plus âgés avaient connu l’ère victorienne très conservatrice, et où les mutations technologiques de ce début de XXème siècle – le téléphone, la voiture, l’avion, les armes, l’électricité – transformaient rapidement le monde. Vera, Victor, Edward et Roland étaient déjà dans un environnement en rapide mutation. Bien entendu, ils allaient découvrir que certaines inventions technologiques pouvaient être utilisées dans un but d’extermination de masse, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Ils ont pris conscience que le monde de l’après-guerre ne ressemblait plus à celui qu’ils avaient connu où l’optimisme dominait. 

À votre avis, qu’est-ce qui touchera le spectateur contemporain ?
Je crois que c’est le fait que MÉMOIRES DE JEUNESSE est un film universel. Il parle d’amour, il s’inspire de faits réels et documentés, il parle de survie, de l’importance de trouver sa place et de s’aventurer dans le monde en essayant de s’en sortir. On dit souvent : « Ne baisse pas les bras ! Lance-toi à la conquête du monde ! » Je pense que les parents peuvent emmener leurs enfants voir le film et en garderont un magnifique message sur la Première Guerre mondiale, qu’ils devraient connaître car nous y avons perdu beaucoup de gens courageux. C’est grâce à eux que nous sommes libres.

Le public plus âgé peut aussi aller voir le film et y retrouver les histoires que leur ont racontées leurs grands-parents ou leurs parents. Le film parle vraiment de ce qui constitue l’identité même de l’être humain. Quel que soit son âge, on peut être touché par l’histoire d’amour. On peut en retenir un message très fort sur le deuil et la manière de le surmonter, et on peut ressentir l’espoir lié à une forme de rédemption. 

Drame historique de James Kent.

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