Notre petite sœur

Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale… 

Note d’intention L’adaptation du roman graphique

En découvrant le premier tome de Umimachi Diary en 2007, Hirokazu Kore-eda, immédiatement fasciné par l’ouvrage, décide de l’adapter pour le cinéma. À première vue, ce manga s’apparente à un drame familial émouvant, mais en s’y attardant davantage, on constate qu’il est plus nuancé qu’il y paraît. La présence de la demi-sœur cadette Suzu permettra-t-elle à l’aînée Sachi et à ses sœurs de se réconcilier avec leurs parents à qui elles en veulent toujours? Comment Suzu, qui a appris que sa naissance était source de souffrances, pourra-t-elle s’affirmer dans sa nouvelle vie ? C’est à partir de ces deux questionnements que Kore-eda Hirokazu a échafaudé cette trajectoire d’une année au cours de laquelle les quatre protagonistes deviennent sœurs et finissent par former une vraie famille. Le travail d’adaptation a commencé à l’automne 2012. Tandis que TEL PÈRE, TEL FILS était censé sortir au Japon à l’été 2013, Kore-eda Hirokazu s’est attelé à l’écriture du scénario. Tout en s’inspirant des personnages et des différents épisodes du livre, il a développé le parcours des quatre sœurs en fonction de sa propre sensibilité et de ses recherches. Chemin faisant, il a été encouragé par l’auteur Yoshida Akimi : « Je lui ai dit : “ Oublie le roman et adapte-le comme tu le souhaites ” », se souvient-il. Se sentant soutenu, Kore-eda Hirokazu a imaginé son propredénouement. Le tournage, qui a démarré au printemps 2014, s’est déroulé sur quatre saisons. 

ENTRETIEN AVEC KORE-EDA HIROKAZU

Dès que vous avez lu Umimachi Diary, vous avez souhaité l’adapter pour le cinéma. Dans quelle mesure avez-vous cherché à rester fidèle au livre ?
Au départ, je m’étais dit que j’allais seulement modifier la chronologie de l’histoire. Mais j’ai peu à peu changé d’avis et j’ai décidé d’écrire un scénario en y incorporant des scènes qui ne figurent pas dans le roman. Après m’être demandé comment imaginer une intrigue qui ne dépasse pas deux heures et qui tienne compte des problématiques de l’œuvre originale, j’ai compris qu’il était préférable de limiter les décors et les personnages, et d’ajouter des épisodes inédits. Par exemple, on a décidé de placer Ninomiya du Sea Cat Diner au centre de l’histoire pour qu’elle puisse incarner des personnages qu’on ne voit pasdans le film. On a fait plusieurs tentatives et sans doute commis quelques erreurs, mais tout s’est éclairci après avoir engagé Suzu. 

Vous avez imaginé une histoire nouvelle autour des quatre sœurs.
En lisant le roman, je m’étais dit qu’il s’agissait de l’histoire des personnages qui gravitent autour de Suzu et qui l’observent. Mais dans le film, je tenais à faire de Sachi et de Suzu les protagonistes de l’intrigue. En dehors de ces deux jeunes femmes, on a Yoshino et Chika, ainsi que la mère, la grand-tante et Ninomiya. Je me suis dit que ces personnages-là devaient s’articuler autour de Sachi et de Suzu. D’une certaine façon, c’est une histoire de femmes. 

Il y a de nombreuses scènes d’enterrements et d’obsèques selon des rites bouddhistes. On voit fréquemment les sœurs en train de prier face à un temple consacré à la mémoire des défunts, ce qui nous fait prendre conscience de personnes qui ne sont plus là.
Le film est aussi l’histoire du père, de la mère de Suzu, de la grand-mère, et de tous ceux qui ne sont plus là. C’était difficile d’évoquer le souvenir de ces êtres à travers le comportement et les dialogues des personnages – ou à travers des choses comme la petite friture – au lieu de flashbacks, et de montrer comment les sentiments à l’égard de ces gens peuvent toucher les sœurs. J’ai intégré la scène du maquereau frit parce que je voulais montrer qu’une tradition est transmise même lorsqu’elle n’est plus d’actualité. Je pense qu’un des aspects les plus importants du film, c’est de ne jamais perdre de vue l’avenir. 

Quand vous parlez de transmission, on croirait entendre Sachi et sa mère Miyako.
Si l’on considère qu’il s’agit de l’histoire de Sachi qui apprend à devenir mère, elle s’émancipe de ses sœurs et se retrouve dans la position de la mère qui n’était jamais présente lorsque Suzu est venue habiter chez elles. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle est enfin capable d’accepter cette mère à qui elle était incapable de pardonner. 

Drame japonais de Kore-Eda Hirokazu. Sélection officielle Cannes 2015. 3,8 étoiles AlloCiné.

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