Retraite par répartition : faut-il changer de modèle ?

La retraite par répartition est le système de financement des pensions de retraite qui consiste à les alimenter directement par les cotisations prélevées au même moment dans ce but sur la population active. Les changements démographiques et économiques tendent à rompre cet équilibre...

A paramètres constants (durée et montant de cotisation, ...), l'équilibre instantané du système de répartition est lié au rapport de dépendance démographique. D'après (Laffargue 2008, p. 312), le rapport de dépendance démographique est le nombre de personnes âgées de 55 ans et plus sur celui des personnes âgées de 20 à 54 ans (il est parfois défini avec des âges différents, selon la définition retenue de la population dépendante et de la population active). Dans les pays développés, ce rapport est actuellement compris entre 4/10 (États-Unis, Pays-Bas) et 6/10 (Suède). Le Conseil d'orientation des retraites prévoit que, vers 2050, il atteindra 12/10 dans les pays d'Europe les plus vieillissants (Italie, Espagne), 10/10 dans la plupart des autres pays européens et 7/10 à 8/10 aux États-Unis. Une augmentation de ce rapport rend plus difficile le financement du système, puisqu'elle correspond à une augmentation du nombre de pensionnés par rapport au nombre d'actifs payant les pensions. Ce rapport est en outre considérablement amplifié par le chômage qui diminue le nombre des cotisants, le ralentissement des gains de productivité (qui peuvent compenser l'évolution démographique) et la faible activité des personnes de plus de 60 ans.

Lorsqu'il s'agit de gérer un déficit de cotisations sur les pensions, la pérennité du système est menacée à moins de jouer sur des paramètres qui ne sont pas toujours bien acceptés par la population :

- augmentation du nombre de cotisants ;
- augmentation du taux de cotisation ;
- augmentation de la durée de cotisation ;
- augmentation de l'âge de départ à la retraite ;
- baisse du salaire de référence ;
- appel à d'autres ressources indépendantes (subventions de l'État pour l'essentiel) ;
- baisse du nombre de pensionnés (durcir les conditions pour bénéficier d'une pension, les conditions de réversibilité, etc.) ;
- baisse des pensions versées ;
- report des dépenses sur d'autres acteurs économiques (y compris un autre organisme de financement des retraites quand il y en a plusieurs) ou sur l’impôt.

Et si on changeait de système ? L’exemple chilien
Le Chili avait un système de retraite par répartition depuis les années 1920. Le système comportait 32 caisses en 1979 et posait des problèmes d'équité, de fraude aux cotisations en raison d'un taux pouvant atteindre 50 % du salaire et de financement (des subventions croissantes par l'État s'étant révélées nécessaires, passée la longue période où le rapport exceptionnellement élevé entre cotisants et retraités avait conduit à augmenter les prestations). José Piñera, ministre sous la le régime de Pinochet, décide de remplacer par un système fondé sur la capitalisation et géré par le privé. Fin 1980, après une longue préparation entamée dès 1974 (uniformisation des régimes, hausse des âges légaux de départ à la retraite, création d'excédents budgétaires pour financer la transition), l'entrée dans l'ancien système est fermé ; les anciens adhérents, qui peuvent malgré tout rester dans ce système, choisissent massivement de le quitter car le nouveau est plus avantageux en termes de salaire net, avec un taux de cotisation passant à 13 % du revenu, plus souple, et lie le montant des prestations versées aux cotisations payées : en 1996, les cotisants selon l'ancien système ne représentaient plus que 4 % de la population active.

La réforme apparait comme un succès à certains observateurs étrangers et cette transition d'une retraite par répartition vers une retraite par capitalisation devient un modèle, qui inspire de nombreux pays pour leurs propres réformes en la matière. Néanmoins cette réforme met aussi en évidence plusieurs problèmes : un rendement faible des capitaux accumulés, du fait de frais de gestion élevés (90 % des cotisations en 1984, ramené à 10 % en 1995) ; une surcharge budgétaire pour l'État qui, pendant la période de transition prévue pour 2045 règle les pensions des retraités de l'ancien régime, assure le règlement de cotisations initiales pour ceux qui basculent vers le nouveau système, et un risque puisqu'il garantit les risques de faillite des gestionnaires privés, l'équivalent d'un minimum retraite, et les carences en gestion des sociétés qui auraient de trop faibles performances.

D'après Le Monde diplomatique la crise de 2008 révèle certaines faiblesses des Administradoras de Fondos de Jubilaciones y Pensiones (AFP) comme sensibles aux cours des actions, tandis que Contrepoints ainsi que l'Institute of Economic Affairs affirment que le système a résisté à la crise.

En 2008 le gouvernement de Michelle Bachelet a réformé le système vers plus de flexibilité, moins de régulation et une plus grande responsabilisation des administrateurs de fonds de pension.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Fotolia.com.

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