La France périphérique

Dans cet ouvrage, Christophe Guilluy approfondit une étude lancée en 2004, avec Christophe Noyé, dans leur Atlas des nouvelles fractures sociales, et poursuivie dans son essai Fractures françaises, paru en 2010 et qui avait influencé les thèmes abordés lors de la campagne présidentielle de 2012...

La France périphérique dresse le constat de l'exode des classes populaires « françaises de
souche » (les « petits Blancs ») vers le périurbain, de plus en plus séparées des banlieues d'immigration récente (Maghreb, Sahel, Turquie) d'une part, et des grandes métropoles
« mondialisées et gentrifiées » d'autre part, lieux de résidence des classes dirigeantes et des
« bobos ». 

En réaction à cet exode forcé, cette « France périphérique » s'affranchit de plus en plus, selon Christophe Guilluy, du projet politique des classes dirigeantes, lesquelles « n'ont toujours pas pris la mesure du gouffre idéologique et culturel qui les sépare désormais des classes les plus
modestes ». La remise en cause de la politique sociale d'aide aux plus démunis y est notamment devenue majoritaire, ce que Christophe Guilluy explique de la manière suivante : « Il faut comprendre cette évolution à la lumière d’une société multiculturelle naissante. […] L'immense majorité des Français est convaincue de la nécessité de construire du logement social mais comme ce type de logement tend à se spécialiser dans l'accueil des populations immigrées, on fera tout pour limiter son développement ». 

En parallèle de cette défiance à l'égard de l'immigration et des élites mondialisées, Christophe Guilluy rapporte que cette « France des plans sociaux, de l’abstention et/ou du vote FN » s'organise en une sorte de « contre-société », pratiquant la « relocalisation », le « réenracinement social et culturel », « l'attachement à un capital d'autochtonie, à des valeurs traditionnelles ». Toutes choses à l'opposé du projet libéral des partis de gouvernement et de ce qu'il valorise, notamment la mobilité et la diversité. Christophe Guilluy signale par ailleurs que ce phénomène ne concerne pas seulement les « petits Blancs », mais « tous les milieux populaires quelles que soient leurs
origines », donnant ainsi lieu à un « vivre-ensemble séparé », afin de se maintenir à l'abri de
l'« instabilité démographique et des tensions territoriales liées à l'angoisse de l'autochtone de devenir minoritaire ».

Edition : Flammarion/Champs essais. Parution 09/10/2013.


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