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Retraites : des inégalités flagrantes prévues pour durer

Les retraités du privé vont être contents : ils viennent d’apprendre que leur retraite complémentaire (ARCCO et AGIRC) qui représente 60% à 70% de leur pension, sera gelée à partir du 1^er avril. Pendant ce temps, les retraites du secteur public, financées en majeure partie par l’Etat donc par l’impôt et la dette publique, continuent de progresser. Et pour l’instant aucun gouvernement n’a eu le courage d’agir pour réduire ces écarts de traitement public/privé. Les projections du COR (Conseil d’orientation des retraites) prévoient par exemple qu’un agent retraité le la SNCF touchera à terme huit fois plus de retraite qu’un travailleur indépendant ou un exploitant agricole. Focus sur la martingale du régime très spécial de la SNCF…

Comparaison des montants des pensions en droits directs (en € entre 2011 et 2060)

Télécharger l'étude complète du COR sur le régime de retraites de la SNCF

Quand on observe les projections sur le niveau des pensions selon les régimes, on s’aperçoit que toutes les réformes engagées jusqu’à présent tendent à creuser de façon très significative les écarts de traitement. Quand on analyse le cas du régime spécial de la SNCF, on comprend un peu mieux. Les salaires sont prévus d’augmenter, la subvention de l’Etat également (70% des ressources du régime) alors que les bénéficiaires vont diminuer. Bref un véritable jackpot pour les uns qui coûtera en subvention d’Etat près de 250 milliards € entre aujourd’hui et 2060…

Les ressources du régime de la SNCF
L’évolution des ressources du régime reflète les évolutions combinées des effectifs de cotisants (baisse en début de période puis stabilité), de la somme des taux de cotisation des salariés, de la SNCF et de la subvention de l’Etat (légère hausse jusqu’en 2016 puis stabilité) et du salaire moyen (progression modérée à court terme puis plus rapide, en fonction des hypothèses de productivité). Ainsi les ressources du régime baisseraient légèrement en début de période avant de progresser comme l’hypothèse de productivité à partir de 2020. Les ressources représentent 5,2 milliards d’euros en 2011, dont 1,9 milliard d’euros de cotisations hors subvention de l’Etat. Elles ne représenteraient plus que 5,1 milliards d’euros en 2020. A l’horizon 2060 elles se situeraient entre 8,5 et 10,3 milliards d’euros selon les scénarios, dont 3,2 à 3,8 milliards de cotisations hors subvention de l’Etat. Leur part dans le PIB diminuerait en début de période, passant de 0,26 % du PIB à 0,2 % du PIB, pour se stabiliser à ce niveau.

Les effectifs de retraités et la masse des pensions
Les effectifs de retraités de droit direct continueraient de décroître tout au long de la période de projection, passant de 182 000 en 2011 à 102 000 en 2060. Cette diminution reflète avec retard celle des effectifs d’actifs de la SNCF depuis plus de 60 ans, et s’explique aussi en projection par le recul de l’âge de départ à la retraite. L’évolution des effectifs de retraités serait toutefois irrégulière, car les effectifs de personnes partant à la retraite devraient connaître des variations importantes, avec notamment un minimum vers 2025 et un maximum vers 2035. En effet l’effectif des cohortes successives d’agents de la SNCF présente une forte variabilité, de même que, dans une moindre mesure, l’âge moyen d’embauche à la SNCF qui influe sur l’âge de départ à la retraite.

L’âge effectif moyen de départ à la retraite à la CPRPSNCF est de 55,1 ans en 2011. Il augmenterait d’environ 6 ans en projection, pour se stabiliser à long terme à 61,2 ans (âge moyen projeté sur la période 2025-2060).

Le rapport démographique corrigé de la CPRPSNCF, identique pour tous les scénarios, augmenterait légèrement dans un premier temps compte tenu de la baisse des effectifs cotisants, avant de diminuer comme les effectifs de retraités. Il passerait ainsi de 1,47 retraité par cotisant en 2011 à 0,86 retraité par cotisant en 2060.

La pension moyenne de droit direct servie aux anciens salariés de la SNCF progresserait modérément jusque 2030 (+0,9 % par an), compte tenu notamment des évolutions du salaire moyen sur le passé récent et de celles projetées au cours des prochaines années. Elle augmenterait ensuite plus rapidement, en ligne avec les évolutions de la productivité (entre +1,5 % et +1,9 % par an selon les scénarios). La pension moyenne, proche de 23 000 € par an en 2011, se situerait entre 41 000 et 47 000 € par an selon les scénarios en 2060.

A comparer aux 6 000 € prévus pour les travailleurs indépendants ou les exploitants agricoles...

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