Hasta la vista

Trois jeunes dans la vingtaine aiment le vin et les femmes, mais ils sont encore vierges. Sous le prétexte d'une route du vin, ils embarquent pour un voyage vers l'Espagne dans l'espoir d'y avoir leur première expérience sexuelle. Rien ne les arrêtera. Pas même leurs handicaps : l'un est aveugle, l'autre est confiné sur une chaise roulante et le troisième est complètement paralysé…

Le réalisateur du film, Geoffrey Enthoven, nous raconte son expérience
« Faire un film, c’est comme mâcher un chewing-gum pendant très longtemps : on a peur qu’il n’ait plus de goût à la longue. Partir d’un sujet de société permet de rebondir tout le temps, fait avancer les choses, maintient en permanence l’intérêt. Et surtout permet de toucher tout le monde. Il y a plein de sujets qui m’intéressent mais sur lesquels je ne me vois pas travailler trois ans d’affilée. Un sujet de société est en fait un prétexte pour me concentrer sur le travail…(rires). La comédie, c’est la confiture qui fait avaler la pilule. Si on y regarde de plus près, mes deux derniers films traitent des mêmes sujets que les précédents, mais faire rire permet de relativiser les choses, de mieux les faire accepter. Je pense même que ça améliore la réception de l’histoire, parce que le poids de l’appréhension n’est plus là.

Il ne faut certes pas chercher bien loin des liens entre Hasta La Vista et, par exemple, Les enfants de l’amour. Dans les deux cas, il y a une histoire vraie. Celle d’Asta Philpot, un Anglais tétraplégique militant pour le droit à la sexualité des handicapés, a fait, avant Hasta La Vista, l’objet d’un documentaire anglais, For One Night Only. Ça été un atout. Car, quand j’ai raconté l’idée à des financiers et des coproducteurs, ça les a fait rire, mais la gêne était palpable. J’avais rencontré le même souci avec The Over the Hill Band. Certains étaient réticents à l’idée d’un film où trois mamies, avec l’ombre de la maladie d’Alzheimer qui rôde autour d’elles, veulent faire du R&B. Ce fut beaucoup plus simple sur Hasta La Vista, parce que le documentaire anglais avait démontré qu’on pouvait lier humour et émotion. Qui plus est, on savait qu’en partant d’une histoire vraie, donc très documentée, on allait éviter les clichés. Notre but était de faire oublier au bout de cinq minutes que les personnages étaient des handicapés. On a fait une projection-test de Hasta La Vista. L’une des questions posées ensuite aux spectateurs était: quel est pour vous le sujet de ce film? Avec comme réponses possibles : le handicap, l’amour, le voyage, l’amitié. La grande majorité a encerclé : l’amitié.

Ça m’a réjoui, parce que ça veut dire que le film montre que tout le monde est atteint d’un handicap en matière de communication avec les autres. Et c’est ce que je voulais raconter.

Hasta La Vista ne raconte pas l’histoire d’un seul handicapé mais de trois. Ce n’est pas qu’une question de point de vue : on peut faire  un film avec un seul personnage mais qui révèlera des traits de caractère très différents. Et là ces trois personnages n’en forment qu’un : une identité. Tous les trois sont handicapés, veulent être indépendants et n’ont qu’un but, aller aux putes. J’aurai pu faire le même film avec un seul.  

Asta Philpo a été consultant sur le film, qui démarre sur Philippe, qui comme est totalement paralysé, alors qu’il ressemble plus à Joseph, plein de joie de vivre. Pendant quelque temps, j’ai cru qu’il était important qu’Asta soit présent en permanence, pour qu’il serve de référent, que notre travail ne sonne pas faux. J’ai appréhendé le fait qu’il ne soit pas là pendant le tournage en France, mais son regard, une fois présent, était tellement enthousiaste… Restait le challenge de trouver des interprètes qui soient crédibles. Dans un premier temps, on a essayé de trouver des handicapés, pour plus de réalisme. On a monté un casting à la manière de La nouvelle star, en se disant qu’on allait forcément trouver des gens avec un vrai talent d’acteur. Au bout d’un an et demi, on a trouvé une personne qui semblait faire l’affaire, mais, par souci d’objectivité, j’ai voulu comparer avec de vrais acteurs. Ils se sont révélés bien meilleurs. On a donc décidé de prendre des acteurs qui simulent le handicap. Avec satisfaction puisque tous ceux qui ont vu le film me demandent s’ils sont ou non vraiment handicapés. »


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