Hold Up, d’Erik Skjoldbjaerg

Dans la matinée du 5 avril 2004, la ville de Stavanger est le théâtre du plus spectaculaire braquage de l’histoire de Norvège. 11 hommes avec un arsenal d’armes de guerre dérobent 51 millions. 37 millions n’ont jamais été retrouvés. Hold Up retrace ce braquage de manière ultra réaliste…

Film d’action norvégien d’Erik Skjoldbjaerg (réalisateur d’Insomnia)
Avec Marit Synnove Berg, Frode Winther Gunnes…

Entretien avec Erik Skjoldbjaerg, le réalisateur

Vous avez opté pour une reconstitution dans le style du documentaire. N’aviez vous pas peur de tomber dans une trop grande esthétisation de cette histoire ?
Pour moi, dès le début, il était clair qu’il fallait coller au plus près de la réalité. Il fallait que les faits soient les plus exacts possible. Je ne voulais pas que le film ait de références aux films de genre.

Pourquoi avoir voulu coller au plus près de la réalité ?
Je voulais tout simplement proposer quelque chose d’autre au public. Je ne voulais pas d’une réalisation type « une seconde - un plan » mais raconter exactement ce qui s’est passé, sans effusion ou effet de style pour créer un suspense inutile. Ce film suit une volonté de réalisme que l’on trouve dans le cinéma contemporain Européen. Là où la norme est plutôt le « mélodrame », Hold Up s’inscrit plutôt dans une réalité crue et réelle.
Je pense que pour atteindre l’authenticité dans une fiction, ce qui est le plus difficile, il faut une grande part de réalisme. La façon de filmer, caméra à l’épaule le permet. Par exemple, quand je filme les acteurs, la caméra ne les lâche pas. Elle les accompagne dans leurs mouvements. Malgré une réalisation ultra-réaliste, on trouve, dans le film, des effets de style, comme des ralentis. Ce braquage a marqué les norvégiens. Les médias se sont passionnés pour cette histoire. Il était important de montrer à quel point la fiction peut intervenir dans la réalité.
Je pense que les voleurs se sont inspirés de la fiction pour préparer ce casse. Dans notre vie de tous les jours, nous avons une sorte de contrat tacite entre nous, pour vivre en société et respecter les règles. Nous avons confiance en ce que font les gens et pourquoi ils le font. Les braqueurs ont clairement joué de cela pour surprendre tout le monde, de la police aux employés de la banque. Quand on regarde la mise en scène des voleurs. Ils s’habillent comme une équipe d’intervention d’urgence, ils bloquent l’entrée du commissariat avec un camion en feu, ...

Vous racontez l’histoire en temps réel, mais avec différents points de vue. Comment hiérarchiser les différentes expériences d’un même événement ?
Nous avons travaillé de manière intuitive avec Christopher. Le seul point commun entre tous les protagonistes est qu’ils se retrouvent à un moment donné sur la Place de la Cathédrale. Les personnages commencent à travailler à des moments différents. Comment vont-ils travailler ? Que font-ils ? Le braquage a duré 20 minutes mais représente une heure de film en fonction des différents points de vue. Il était intéressant de voir comment les différents acteurs s’influencent entre eux. Comment la réaction des uns change le comportement des autres. Nous avions comme idée de toujours montrer un aperçu de la situation, de ce que le personnage pouvait ressentir, mais de ne jamais donner une vue d’ensemble de la situation. Le plus dur étant de trouver le bon timing pour passer d’un point de vue à un autre.

Le film est-il conforme au scénario de départ ou a t-il trouvé sa propre forme au moment du tournage ?
Le film est conforme dans le sens où dès le départ nous voulions suivre les personnages jusqu’à l’éclatement de la situation. Finalement la rencontre entre tous les protagonistes s’est faite plus tôt que prévu initialement.
Si l’on compare avec Insomnia où le personnage principal est saisi par des questions morales face à un criminel, dans Hold Up ces questions ne se posent pas, notamment parce qu’il n’y a pas de personnage principal.
Pour moi c’était nouveau de travailler sans « héros » et c’était surtout un challenge. Mais dès le début j’avais en tête que le braquage était le personnage principal de l’histoire.


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